Le Sénégal partage ses bonnes pratiques
Une quinzaine de pays africains ont participé, hier, à un atelier régional autour du thème ‘’Intégration de la supplémentation en vitamine A (SVA) dans les systèmes de soins de santé primaires’’.
Les maladies liées à la carence en vitamine A constituent un problème de santé publique qui tue plus de 190 millions d’enfants de moins de 5 ans dans les régions d’Afrique et d’Asie. Pour lutter contre ce fléau, les parties prenantes issues d’une quinzaine de pays africains subissent une formation, dans le cadre d’un atelier régional qui se tient à Dakar. Sous le thème ‘’Intégration de la supplémentation en vitamine A (SVA) dans les systèmes de soins de santé primaires’’, la rencontre représente un cadre de partage des bonnes pratiques que le Sénégal est en train de mettre en œuvre pour atteindre une supplémentation en vitamine A. Les organisateurs espèrent aussi identifier, avec les autres parties prenantes, les véritables défis pour pérenniser cette stratégie.
Pour le docteur Amadou Doucouré, la vitamine A est un micronutriment qui impacte positivement sur la santé de l’enfant. Mais sa carence peut causer beaucoup de problèmes, ajoute le directeur de la Santé de la mère et de l’enfant au ministère de la Santé et de l’Action sociale du Sénégal.
En effet, la carence sévère en vitamine A est susceptible de provoquer une déficience visuelle (cécité nocturne) ou d’accroître le risque de morbidité ou de mortalité, en cas d’infection par une maladie infantile courante comme la rougeole ou les maladies diarrhéiques. Elle contribue également à une réduction de la capacité immunitaire de l’organisme de l’enfant.
‘’Dans les cas très graves, l’enfant, durant la nuit, va commencer à avoir des problèmes de vision. Il sera plus vulnérable aux maladies et sera plus susceptible de faire plus de diarrhée. S’il n’est pas correctement vacciné, il va faire la rougeole’’, détaille le Dr Doucouré.
Dans le monde, 250 millions d’enfants de moins de 5 ans sont exposés au risque de carence en vitamine A, augmentant ainsi pour eux le risque de maladie et de décès. Le fait de corriger cette carence permet de diminuer de 23 % la mortalité des jeunes enfants et contribue également à réduire la mortalité maternelle.
Au début des années 2000, en Afrique occidentale francophone, cette carence était en partie responsable de 57 000 décès d’enfants de moins de 59 mois.
Les performances du Sénégal dans la lutte contre cette carence ne passent pas inaperçues. Le pays semble être celui de l’intégration de la supplémentation en vitamine A, souligne le directeur régional adjoint pour l’Afrique de la Nutrition internationale, Dr Banna Ndiaye. Le secret du Sénégal a été exposé par le Dr Amadou Doucouré selon qui, ‘’ce qui nous a donné nos excellents résultats, c’est que tous les services de santé sont préventifs. La supplémentation en vitamine A va au-delà de la période de vaccination. Il faut supplémenter les enfants jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge de 59 mois’’.
‘’Rappeler aux femmes la nécessité d’aller vacciner l’enfant’’
Malgré tout, les goulots d’étranglement sont multiples. Les parents n’ont pas le réflexe d’aller à la recherche de ce service. ‘’Nous devons rappeler aux femmes la nécessité d’aller vacciner l’enfant pour qu’il puisse prendre ces services préventifs y compris la supplémentation en vitamine A’’, exhorte le directeur de la Santé de la mère et de l’enfant.
Venu représenter le ministre de la Santé, Alphonse Ousmane Thiaw a soulevé les efforts fournis par le gouvernement pour lutter contre cette carence.
Selon le directeur de cabinet du ministre de la Santé et de l’Action sociale, ‘’le financement des activités de masse de supplémentation en vitamine A mobilise d’importantes ressources financières et pose la récurrente problématique de sa pérennisation. La supplémentation en vitamine A permet de réduire drastiquement la cécité crépusculaire et de baisser l’incidence de la diarrhée et de la rougeole de 15 et 50 % respectivement. Après l'arrêt progressif des journées nationales de vaccination, les journées locales de supplémentation ou journées de survie de l’enfant ont été organisées chaque semestre. Ces stratégies ont permis d’atteindre des performances acceptables’’.
La réduction de cette mortalité juvénile dans beaucoup de districts sanitaires au Sénégal est conséquente. Ceci, grâce notamment à différentes interventions et à la vitamine A. La prochaine étape sera l’atteinte des couvertures de 95 %. Par rapport à la cible de 6 à 11 mois, nous n’avons pas de problème ; ces enfants sont en même temps supplémentés lors des séances de vaccination. Le financement et le suivi quotidien sont des défis permanents’’, retient le Dr Doucouré.
DIANA DIA (Stagiaire)