La Cap élabore son plan de ‘’guerre’’
La Coordination des associations de presse (CAP) a mis en place un plan d'action afin que les autorités sénégalaises restituent à la télévision Walfadjri sa licence.
Les journalistes et acteurs des médias se solidarisent de leurs confrères de Walf TV. Hier, lors d’une réunion de la Coordination des associations de presse (Cap), les participants ont unanimement dénoncé "les atteintes graves à la liberté de presse et d'expression" matérialisées par le retrait de la licence de cette télévision du groupe Walfadjri.
À cet effet, les acteurs des médias ont décidé de mettre en œuvre les actions nécessaires à la restitution de la licence de Walf TV "abusivement" retirée. Ils demandent instamment au gouvernement de rapporter cette ordonnance "inique" de retrait de licence, mais aussi de prendre l'engagement de ne plus couper l'Internet mobile au Sénégal.
Ainsi, un plan d'action est mis en place ce mardi. Il comprend, entre autres, une journée sans presse, un conseil des médias (vendredi), une saisine du président de la République, un éditorial commun (jeudi) et une communication visuelle et sonore (capsules), une rencontre avec les patrons de presse et les organisations de la société civile, mais aussi une veillée nocturne devant les locaux de Walfadjri.
Les organisations de la Cap ainsi que les acteurs des médias s'engagent à poursuivre le combat jusqu'au retour à la normale, mais aussi l'obtention d'un engagement du gouvernement à ne plus couper l'Internet mobile qui entrave l'économie des médias et le droit du public à l'information garanti par la Constitution.
En effet, d’après ces organisations, le ministre de la Communication, Moussa Bocar Thiam, auteur de l'ordonnance, a ‘’outrepassé" ses prérogatives. ‘’Il a ignoré toute la procédure prévue par les lois et règlements en vigueur en matière de suspension de signal et de retrait définitif de licence d'une radio ou d'une télévision. Plus grave, aucun journaliste ou entité des médias ne peut jusqu'ici dire quelle faute Walf TV a commise pour mériter cette sanction d'une telle gravité. Si l'autorité qui est chargée de veiller à l'application des textes les viole allègrement, il y a de quoi s'inquiéter", s’est indigné Ibrahima Lissa Faye.
"C'est inimaginable. On ne peut pas laisser passer un tel acte ! Ce combat n’est pas seulement un combat de la liberté de la presse et des journalistes, mais pour la survie des médias", a renchéri Daouda Sow, précisant qu’il ne faut pas reculer jusqu’à avoir gain de cause. Dans la même veine, Bamba Kassé estime que cette décision de Moussa Bocar Thiam est "extrême". "Je n’aurais jamais cru que nous aurions pu en arriver là. Retirer une licence est une décision extrême qui, à mon avis, ne devrait être prise que par un organe de régulation reconnu et actualisé. En tant que secrétaire général de Synpics, ma principale crainte est toujours qu'un journaliste perde la vie ou qu'une licence de média soit retirée", a-t-il soutenu.
BABACAR SY SEYE