Le FMI prévoit une contraction de 0,7 % du PIB réel en 2020
Le produit intérieur brut (PIB) réel du Sénégal se contractera de 0,7 % cette année, du fait de la pandémie de Covid-19 et des mesures strictes d’endiguement qui ont entraîné des perturbations de l'activité économique plus importantes que prévu. C’est la prévision faite hier par la cheffe de la délégation du Fonds monétaire internationale (FMI), Corinne Deléchat, à la fin de leur mission.
L’économie sénégalaise devrait se contracter cette année, en raison des perturbations de l’activité économique causées par la pandémie de Covid-19. C’est le constat qu’a fait le Fonds monétaire international (FMI) à la fin d’une mission de sa délégation au Sénégal. ‘’Une reprise est en cours, mais son rythme et son ampleur restent très incertains. L’exécution de la loi de finances rectificative pour l’année 2020 se déroule globalement, conformément aux prévisions, avec une mise en œuvre robuste du Programme de résilience économique et sociale (Pres) pour faire face à la pandémie de Covid-19’’, souligne le communiqué de l’institution rendu public hier.
La même source indique que les autorités et l’équipe du FMI ont accompli des ‘’progrès considérables’’, en ce qui concerne l'établissement des principaux paramètres du projet de loi de finances 2021, en préparation de la deuxième mission de revue du programme ICPE prévue pour la fin octobre 2020. ‘’L’économie sénégalaise a été durement touchée par la pandémie de Covid-19. Il est maintenant prévu que le PIB réel se contractera de 0,7 % cette année, du fait de la pandémie et des mesures strictes d’endiguement qui ont entraîné des perturbations de l'activité économique plus importantes que prévu. Une reprise graduelle de l’activité économique s’opère depuis le mois de mai, avec la levée de la plupart des restrictions liées à la Covid-19, suivie de la réouverture des frontières en juillet’’, renseigne la cheffe de la mission virtuelle de l’équipe des services du FMI, Corinne Deléchat.
Cependant, la représentante de l’institution de Bretton Woods souligne que la riposte sanitaire énergique du Sénégal donne des ‘’signes encourageants’’. En fait, le nombre de nouveaux cas de Covid-19 et d’hospitalisation a diminué progressivement, ces quatre dernières semaines. ‘’En 2021, la production devrait rebondir, avec une croissance supérieure à 5 % portée en partie par des perspectives favorables dans le secteur agricole. Cependant, cette projection est sujette à des risques considérables, du fait des incertitudes entourant le rythme de la reprise mondiale et l’évolution de la pandémie qui pourraient continuer de nuire à des secteurs importants de l’économie tels que le tourisme, le transport et l’hôtellerie’’, signale-t-elle.
L’exécution du budget ‘’globalement satisfaisante’’ jusqu’à fin août 2020
Il convient de noter que cette mission a été menée du 9 au 18 septembre derniers, afin de mettre à jour les projections macroéconomiques et d’examiner l’exécution de la loi de finances rectificative 2020 et le projet de loi de finances pour l’année 2021. A ce propos, Mme Deléchat a fait savoir que l’exécution du budget jusqu’à fin août 2020 a été ‘’globalement satisfaisante’’ et les objectifs qui ont été fixés pour le reste de l’exercice 2020 restent ‘’atteignables’’. ‘’Cependant, des incertitudes demeurent quant à la mobilisation des ressources programmées. La mission encourage donc les autorités à continuer d’agir avec prudence afin de maintenir le déficit aux alentours de 6 % du PIB, comme prévu dans la loi de finances rectificative 2020’’, relève-t-elle.
La mission félicite, ainsi, les autorités de la mise en œuvre ‘’solide et transparente’’ de leur Programme de résilience économique et sociale (Pres). La représentante du FMI souligne que la majeure partie des mesures prévues pour faire face à la Covid-19 ont déjà été exécutées, comme l’a relevé le rapport trimestriel d’exécution budgétaire de juin 2020. La mission se réjouit également de l’abrogation du décret portant dérogation au Code des marchés publics pour les dépenses relatives à la lutte contre la Covid-19, qui sont désormais soumises aux procédures normales de passations de marchés. ‘’Les autorités ont également parachevé un nouveau plan de relance qui vise à favoriser un retour à une croissance vigoureuse et inclusive tirée par le secteur privé, en mettant l’accent sur l’accélération de la transformation structurelle et le renforcement de la résilience de l’économie grâce à une diversification de son appareil productif’’, témoigne-t-il.
Madame Deléchat note que la mission et les autorités ont accompli des ‘’progrès considérables’’ dans l’examen des principaux paramètres du projet de loi de finances pour l’année 2021. Étant donné ‘’l’incertitude élevée’’ et les effets ‘’persistants’’ de la pandémie sur certains secteurs de l’économie, le projet de loi de finances 2021 devrait avoir pour objectif de ‘’trouver un équilibre’’. Ceci notamment grâce à un ‘’solide’’ plan d’investissement et le maintien de la viabilité des finances publiques et de la dette, tout en tenant compte de la stabilité extérieure de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).
À cet effet, le FMI pense que la politique budgétaire, en 2021, devrait continuer de signaler ‘’une forte volonté’’ d’en revenir progressivement à un déficit budgétaire de 3 % du PIB d’ici 2022, conformément au critère de convergence de l’UEMOA, à mesure que la situation se normalise. ‘’Les discussions concernant le projet de loi de finances se poursuivront dans les semaines à venir. La deuxième mission de revue du programme ICPE se déroulera à la fin octobre 2020 et une réunion du Conseil d’administration est prévue provisoirement en décembre 2020’’, conclut Corinne Deléchat.
MARIAMA DIEME