Le constructeur dénonce une intolérance religieuse
La démolition prévue ce matin d’une petite mosquée jouxtant le mur d’une chapelle qui gît dans l’enceinte du Cours secondaire des Parcelles Assainies (CSPA) U 22 est source de vives tensions dans ce quartier populeux de Dakar.
La cohabitation entre cette petite mosquée et la chapelle construite au CSPA ne fait pas plaisir à tous. A travers une lettre adressée au Maire des Parcelles, les responsables du Cours privé ont demandé d’être débarrassées du lieu de culte jouxtant le mur du complexe. A cette petite mosquée, érigée sur les lieux depuis 20 ans, selon Cheikh Oumar Tall le constructeur du lieu de culte, il est reproché de faire obstruction à la voie publique. Il souligne que depuis deux décennies, ‘’la cohabitation n’a jamais posé de problème. Il a fallu que les responsables catholiques du CSPA aient construit dans l’enceinte de l’école une chapelle, puis récemment un monastère pour y former des abbés, pour que les choses prennent une autre tournure’’.
Le Maire des Parcelles Assainies, le Commissaire de la police de l'Unité 22 et le Sous-préfet se sont rendus samedi sur les lieux. À la suite de la visite, ces autorités ont informé de la destruction prochaine de la petite mosquée. Elle est prévue ce matin, informe M. Tall. ‘’C’est le Sous-préfet lui-même qui m’a dit qu’il viendra le lundi avec un Caterpillar détruire la mosquée’’, dit-il avec dépit. Selon lui, ‘’ce qui gêne au fond l’école, c’est que ses propres élèves musulmans prient dans la mosquée et y récitent les khassaïdes de Serigne Bamba’’. Il estime également que ‘’le prétexte avancé par les responsables catholiques du CSPA, au sujet de l’occupation de la voie publique, est fallacieux car la mosquée n’a jamais obstrué le passage, aussi bien pour les passants que pour les véhicules, surtout les camions’’. ''Même si cet argument d’occupation de la voie publique utilisé pour tromper les autorités administratives était vrai, ce n’était pas aux responsables du CSPA de demander à la mairie, par écrit, de détruire la mosquée. Cette dernière n’est pas construite dans leur domaine. Au contraire, elle fait face à ma maison ; et le nettoyage de l’espace environnant la mosquée incombe à ma famille’’, dit-il.
''Sauver cette mosquée''
Dans la même veine, Ibrahima Diouf, le délégué du quartier de l’Unité 22, estime que si l’occupation de l’espace public était un argument qui tient, la responsabilité de porter le combat allait incomber aux populations du quartier et non aux responsables du complexe. Selon le délégué, les populations se sont appropriées la mosquée et la défendent. Ensuite, M. Tall a énuméré des mosquées construites sur des places publiques. Il a cité la mosquée construite à l’angle Serigne Fallou des Parcelles, celle construite au tournant de l’Unité 22 et celle érigée en face du terrain CDPS sur la route menant à la mairie des Parcelles Assainies, pour dire que la petite mosquée de l’Unité 22 dérange parce qu’elle se trouve près de la chapelle. M. Tall appelle à plus de tolérance religieuse. ‘’Cette mosquée ne dérange personne. La preuve, pour construire leur monastère, les camions remplis de bétons et de sables passaient devant elle, sans aucun problème’’, déclare-t-il. Ce qui fait dire à l’imam Ratib des Parcelles, Oumar Ndiaye, qu’une solution doit être trouvée très vite, pour ‘’sauver cette petite mosquée qui arrange surtout les passants et qui ne dérange personne’’.
MOUSSA SY, MAIRE DES P. A. ‘’Nous sommes tous des musulmans, on ne construit pas sur la voie publique’’ Moussa Sy, maire des Parcelles Assainies, s’est voulu formel : ‘’On ne construit pas sur la voie publique’’. Il n’aime pas ramener le débat à un conflit interreligieux. ‘’Nous sommes tous des musulmans, on ne construit pas sur la voie publique’’, dit le maire qui informe que personne ne peut lui enlever son statut de musulman. Il dénonce certaines attitudes consistant à amener des problèmes là où il n’y en a pas. ‘’M. Tall ne détient aucune autorisation de construire et ce n’est pas normal ça’’, dit-il ferme. Nos tentatives d’entrer en contact avec les autorités du complexe religieux abritant le CSPA se sont révélées infructueuses.
IBRAHIMA NDAO, SOUS-PRÉFET DES PARCELLES ‘’La question n'est pas religieuse’’ ‘’J'ai dit au maire que je suis contre cette construction. J’attends une réponse du préfet de mon département et dès que l’ai, je vais détruire la mosquée. Je suis prêt à le faire.’’ Ibrahima Ndao, Sous-préfet des Parcelles Assainies, s’en tient à ça. Selon lui, cette démolition n’est qu’une question de temps. Ferme, il lance : ‘’Un citoyen a-t-il le droit de construire sur la voie publique’’ ? Poursuivant son propos, il déclare qu’il n’est mû par aucun intérêt, sinon la préservation des droits des citoyens sénégalais. Personne n'a le droit de construire sur une route, c'est illégal. ‘’S'il veut construire un lieu de culte, il n'a qu'à trouver un endroit et faire ce qu'il veut. Mais il veut déplacer le problème en me parlant de monastère de CSPA et de communauté catholique. La question n'est pas religieuse’’, a dit Ibrahima Ndao. |
Amadou NDIAYE