Publié le 30 Jan 2014 - 15:19
DÉTOURNEMENT A LA CNCAS DE TOUBA

L’ex-chef d’agence aurait détourné près de 2 milliards Cfa pour gagner 50 milliards d’euros

 

Retour sur le détournement de près de 2 milliards à l’agence Touba de la Caisse nationale de crédit agricole du Sénégal (CNCAS). Cette affaire sera jugée en audience spéciale, le 24 février prochain à Diourbel. D’ici là, ‘’EnQuête’’ revient sur le modus operandi utilisé par l’ex-chef d’agence, Yaya Ameth Diagne, qui n’a passé que deux mois à la tête de la CNCAS de Touba.

 

Yaya Ameth Diagne n’a passé que deux mois à la tête de l’agence Touba de la Caisse nationale de crédit agricole du Sénégal (CNCAS) qui marqueront à jamais l'histoire de l'établissement financier public. Car, sous sa gestion, 1 milliard, 721 millions 363 mille  francs Cfa ont disparu des caisses de l'agence, courant 2010,  alors qu'il remplaçait le chef parti en congé. Le détournement a été découvert lors d’un contrôle inopiné.

Dans un premier temps, c’est un gap portant sur la somme de 317 millions qui a été découvert par le contrôleur général Babacar Diouf. Interpellé, M. Diagne avait versé une correspondance qui établissait un gap entre le solde réel 5 millions 950 mille et le solde théorique estimé à 323 millions 250 mille francs Cfa. Pour se justifier, l’ex-chef d’agence avait allégué avoir consenti des avances à des opérateurs. Cet argument n’avait pu prospérer, car non seulement la campagne agricole n’avait pas démarré, mais également Diagne n’avait fourni aucune preuve des décaissements dont il faisait état.

Soumis aux feux roulants des enquêteurs, il finit par reconnaître avoir décaissé l’argent au profit d’un certain Ababacar Sow, en voyage en Arabie Saoudite. En poussant leur interrogatoire, les enquêteurs réussirent à faire lâcher le morceau au banquier. Yaya Ameth Diagne leur confia avoir détourné en réalité près d’un milliard remis à Abou Sow et Oumar Aïdara, dans le cadre d’une opération de multiplication de billets.

Le prévenu voulait gagner 50 milliards d’euros

L’ex-chef d’agence voulait en réalité devenir riche. Alors, les deux charlatans lui firent miroiter la somme de 50 milliards d’euros. Selon les explications de Yaya, tout est parti de sa rencontre avec un certain Aliou Sow qui le mit en contact avec son cousin marabout Abou Sow et un commerçant nommé Oumar Aïdara.

Ces derniers, soutient-il, l’ont entraîné dans une spirale de pratiques mystiques destinées à le rendre riche. Pour le convaincre, ils lui ont réclamé la somme de 10 millions de francs Cfa, transformée, au cours d’une démonstration, en devises étrangères.

Il fut invité à faire des offrandes, prières rituelles et à participer à des séances de prestidigitation avec des  diablesses très onéreuses. L’ex-chef d’agence dut  alors puiser dans les caisses de la CNCAS. Les deux charlatans invoquaient des voyages dans des pays comme l’Arabie Saoudite, l’Iran, le Kenya et la Tunisie, pour aller y chercher des produits qui devaient le rendre riche.

Envoûtement

D’après les résultats de l’audit interne, l’ex-chef d’agence a réussi son coup, à travers des crédits et des retraits fictifs. L’inculpé procédait également à la création de comptes fictifs, suivis de retraits et imitait aussi des signatures de compte. Devant tous ces éléments à charge, Diagne a cherché à se réfugier derrière le fait mystique. Le banquier a accusé Abou Sow et Chérif de l’avoir envoûté.

Ce que ces derniers ont réfuté, en évaluant le préjudice au montant de 10 millions de francs Cfa. Seulement, le patrimoine de Abou Sow a été évalué à 1 milliard et demi de francs. L’inculpé a allégué qu’il s’agissait du montant global de ses prestations effectuées sur une période de 10 ans.  Oumar Aïdara a prétendu que son patrimoine est le fruit du transfert de ses biens du Mali au Sénégal, depuis deux ans. 

Aucun membre du trio n’a pu convaincre le juge d’instruction du tribunal régional de Diourbel. L’ex-chef d’agence a été inculpé pour détournement de deniers publics (DDP). Tandis que Sow et Aïdara vont devoir répondre des chefs d’escroquerie portant sur des deniers publics et recel de DDP, charlatanisme, acte de sorcellerie, pratique de magie. En prison depuis le 17 décembre 2010, les inculpés, poursuivis également pour association de malfaiteurs, vont être jugés le 24 février prochain devant le tribunal Correctionnel de Diourbel.

FATOU SY

 

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