Magum Kër tire sa révérence
Le monde de la presse, la collectivité léboue, la famille religieuse Layène ont perdu un grand homme qui a beaucoup œuvré dans le domaine de la presse, de la politique et de la recherche. Moussa Paye, ancien fondateur du groupe Sud, du SYNPICS, agent au ministère de la Communication jusqu’à sa retraite, et chroniqueur au quotidien ‘’ENQUETE’’, nous a quittés ce lundi 24 mars. Une pluie de témoignages ont accompagné hier la levée du corps, à la mosquée de Yoff Layène.
Mame Less Camara
‘’Il était l’un des meilleurs journalistes de sa génération ‘’
Moussa Paye était certainement l’un des meilleurs journalistes de l’histoire de la presse de ce pays. Il a travaillé avec constance, avec talent et avec une capacité de recherche. Ce qui était étonnant dans les articles de Moussa Paye, c’est la précision des éléments qu’il utilisait et qui lui valait toujours beaucoup de travail de recherche.
C’est aussi quelqu’un qui a donné beaucoup de son énergie et de son temps pour la défense de la profession et de la corporation. Moussa était membre de plusieurs bureaux exécutifs nationaux du Synpics. Moussa continuait de produire, et de s’impliquer dans la défense de la corporation. Il a été un homme intelligent, déterminé et peu bavard. Quand je dirigeais le SYNPICS, Moussa constituait l’aile gauche du bureau exécutif national. Les décisions les plus radicales, si ça ne venait pas de lui, il les soutenait avec courage et foi.
Pape Sa niébé Ndiaye journaliste secrétaire général à l’APS
‘’Il était d’une courtoisie exemplaire’’
Moussa, je le connais bien parce que pendant presque trente-deux ans, on a partagé le même immeuble, lui au ministère de la Communication, moi à la direction générale de l’Agence de presse sénégalaise (APS). Je peux témoigner que c’est un homme bon, pieux, très intelligent aussi. Je pense que c’est un professionnel jusqu’au bout des ongles. Un journaliste compétent, expérimenté, aguerri. Sur le plan des relations humaines, c’est un homme d’une courtoisie exemplaire, d’un abord très facile. Et puis vraiment, il était très humain.
El hadji Momar Samb secrétaire général du RTAS
‘’Un combattant pour la libération nationale’’
Moussa, on a grandi ensemble à Theurigne. L’engagement politique que nous avons eu dans la vie, c’est avec Moussa. C’est avec lui qu’on a découvert toute la littérature des black panthers. Nous avons mené ensemble les combats sur le terrain avec Cheikh Tidiane Diop. Nous étions ensemble dans les années 70, un peu même avant 1970. C’était vraiment les moments les plus chauds. Nous avons partagé également la passion de la littérature engagée.
Il était un homme de principe qui n’a jamais varié dans sa vie dans l’attitude de combattre l’injustice, de s’engager pour la libération des peuples. Même ses reportages faisaient la part belle aux mouvements de libération en Afrique et dans le monde. Je veux qu’on retienne de Moussa, cet homme engagé pour un idéal et qui ne s’est jamais renié. Il est resté constant et ferme toute sa vie durant. Paix à son âme et que Dieu l’accueille dans Ses Paradis les plus verts, les plus verdoyants et les plus paisibles.
El hadji Amadou Barro Diène
‘’Moussa m’a laissé un testament’’
Moussa Paye ? je l’ai connu très jeune vers les années 1966- 1968. Il habitait à Theurigne. Il était souvent avec le professeur Momar Samb. A ce moment, ils étaient élèves et avaient créé un mouvement dénommé : ‘’Jeunesse NDIADIAN NDIAYE’’. Moi, je militais au parti socialiste avec Moustapha Niasse et d’autres amis qui venaient chez moi aux allées du Centenaire, point de rencontre de la jeunesse du parti.
Il avait l’habitude de nous taquiner tous les soirs en nous envoyant des tracs de ‘’NDIADIAN NDIAYE’’, dans lesquels il nous traitait d’anti-révolutionnaires. Alors je peux dire que je l’ai connu. Je l’ai vu grandir. Il fait partie de la sixième promotion du CESTI.
Il n’était pas fan de Senghor, mais ‘’l’enracinement et l’ouverture’’, Moussa les préconisait. Il était un Lébou authentique. Pas plus tard qu’avant-hier samedi, je l’ai convié à un panel qui était organisé par la TFM sur le centenaire de la Médina, il est venu, il est resté avec moi jusqu’à 21h et le soir, il m’a téléphoné pour me demander de continuer l’engagement.
Il m’a laissé presque un testament. Il m’a dit d’œuvrer pour l’unité de notre ethnie, la collectivité léboue, pour l’unité du Cap-Vert et pour l’unité du Sénégal et même pour l’unité de l’Afrique. Il écrivait pour la dépêche diplomatique et signait une chronique sous le pseudonyme de Magum Kër au journal ‘’ENQUETE’’. Nous prions pour lui, que Dieu l’accepte dans Son Paradis.
Saliou Traoré correspondant de l’agence espagnole à Dakar
‘’Il était un collègue de grande valeur’’
On est de la même promotion du CESTI. Nous sommes de la sixième promotion du Cesti année 1975-1978. Nous avons fait trois ans au CESTI . Je ne lui connais que des qualités professionnelles et humaines. C’était un excellent professionnel au-dessus de tout soupçon. Il était un homme de rigueur professionnelle, respectueux de l’éthique et de la déontologie. Nous venons de perdre un collègue de grande valeur.
Amadou Gaye ancien du Soleil
‘’C’était un intellectuel rigoureux, un musulman et surtout un Lébou’’
On a travaillé dans un journal qui s’appelle Afrique démocratie. Je retiens que c’était un intellectuel rigoureux, un musulman et surtout un Lébou. On ne pouvait pas rester cinq minutes sans qu’il n’évoque les propriétés lébou. Il en parlait avec passion et il connaissait les coins et recoins de cette communauté à laquelle il appartient. Moussa Paye, c’était la rigueur dans l’analyse et la pertinence dans les idées.
Je suis de deux ans son aîné mais il m’a ébloui par sa connaissance du monde politique sénégalais. Et si vous voyez tous ces anciens du Pai, Pit ici présents, cela signifie que c’est une reconnaissance ultime des combats politiques qu’il a eu à mener dans sa courte vie. Moussa Paye était de tous les combats. Et quand on voyage avec lui dans la sous région, on reste fasciné devant le respect que lui vouent ses interlocuteurs. Le coup d’Etat qui a renversé, Thomas Sankara, il peut le raconter dans les détails. Il connaissait presque toute la classe politique burkinabè.
Alassane Diedhiou, conseiller en communication au ministère du Commerce
‘’Il nous demandait d’aimer notre métier’’
Nous étions ses cadets, c’était notre aîné. A chaque fois que vous le rencontriez, il affichait le sourire. Vous aviez l’impression qu’il n’avait pas de problème. Il nous conseillait d’aimer notre métier.
AIDA DIENE