Publié le 6 Jan 2015 - 19:12
DECOUVERTE – DIOGANE, ILES DU SALOUM

Le village sérère où la lutte n’a pas sa place 

 

Entouré par les villages de Thialal, Bassar et Siwo,  Diogane se trouve dans la mythique commune de Bassoul. Doté d’une riche tradition, ce village porte avec dignité l’empreinte du dignitaire religieux Cheikh Fodé Lamine Ndong qui l’a converti à l’Islam.

 

Au cœur des îles du Saloum se trouve ‘’Diogane’’, un village sérère ancré dans les valeurs  islamiques. Ici, l’organisation des séances de lutte est prohibée. D’ailleurs, les populations se portent très bien sans cette activité qui fait le bonheur des communautés environnantes. La population de la localité est estimée à près de 2 030 habitants. Le village est niché dans la commune de ‘’Bassoul’’ cher à l’ex-roi des arènes Yakhya Diop Yékini. La localité est peuplée en grande partie de ‘’Niominkas’’, des pêcheurs sérères. A côté de la pêche, les femmes du village récoltent les huîtres qui sont séchées et vendues dans les autres régions, en Gambie et en Casamance.

Le nom ‘’Diogane’’ provient du mot sérère ‘’Diohane’’, (qui signifie là-bas). A l’époque, des habitants de Niodior allaient cultiver et récolter dans la zone, car la terre y est fertile. D’autres habitants de Niodior voulaient découvrir le lieu et demandaient  sa localisation. On leur répondait ‘’Diohane’’ qui a donné ‘’Diogane’’. La végétation est surtout dominée par la mangrove, les palmiers et les cocotiers. Le village dispose en son sein d’un poste de santé, des écoles françaises et arabes.

Charia

La religion musulmane est la seule pratiquée au sein d’une population composée de Sérères et de Mandingues. Le village exclut tout ce qui a trait à l’animation folklorique, particulièrement la lutte et la danse. En effet, la population est restée fidèle aux enseignements de Cheikhna Cheikh Saad Bou ibn Muhammad Fadl et mettent en pratique la ‘’charia’’. Ce que le chef de village Ousmane Ndiaye explique : ‘’L’islam occupe une place importante dans ce village. C’est pourquoi on y interdit la lutte, de même que les festivités qui accompagnent les cérémonies familiales, comme les mariages et les baptêmes.’’ Selon le chef, il s’agit d’une décision ferme, irréversible et acceptée au sein de la population. ‘’Cette décision est formelle. Tout le monde a compris cela’’. Ainsi, lors des mariages, les femmes utilisent des calebasses appelées ‘’ngamb’’ pour leurs cérémonies festives.

Les jeunes et la religion

Le chef de village explique cet ancrage dans la religion musulmane : ‘’Les gens du village suivent les pas de nos ancêtres qui ont beaucoup fait pour l’islam. Parmi eux, on peut citer Cheikh Fodé Lamine Ndong qui a converti le village à l’islam’’. Il poursuit : ‘’ Nous nous en réjouissons. Car, cela démontre que les jeunes nous écoutent et prêtent attention à ce qu’on leur dit.’’ Il estime que, de plus en plus, les jeunes s’adaptent et commencent à démystifier les soirées dansantes et autres festivités.

Toutefois, au sein de la population, les avis divergent sur la question des festivités. En effet, des jeunes, interrogés, sont en phase avec les propos du chef. Selon l’un d’eux, c’est une bonne chose de se référer à la tradition et de mettre de côté les festivités. ‘’Quand tout le monde prend un bon chemin, chacun s’y met. J’apprécie cela et je crois que ça aura un impact sur les générations futures’’, dit-il.

Par contre, d’autres trouvent que le temps de la jeunesse doit être vécu. Mariama Sakho est l’une d’eux. Elle estime que l’adolescent doit s’épanouir et vivre sa jeunesse. Ce retour à la spiritualité, selon elle, est dû à la grande sensibilisation des  chefs religieux de cette localité. Agée de 20 ans, elle suit des études à Niodior, dans le département de Foundiougne.

L’équation de l’eau

Toutefois, Diogane souffre d’un déficit d’accès à l’eau. Pour pallier ce problème vital, les populations s’alimentent, depuis huit ans, en eaux de pluies. Des bassins sont implantés dans chaque maison. Un membre du projet du nom de Souleymane Ndong explique leur utilisation : ‘’Cette initiative est venue de Caritas, en collaboration avec d’autres ONG, pour aider la population à trouver une eau saine. Il s’agit de conserver et traiter l’eau de pluie pour alimenter la population’’. ‘’Nous avons réussi à faire en sorte que chaque famille dispose d’un bassin, afin de réduire les déficits en eau potable’’. Selon lui, il existe deux catégories de bassins. Les uns peuvent contenir 5 000 litres et les autres 15 000 litres.

Ceux qui veulent en disposer doivent verser la somme de 15 000 F CFA. ‘’Ce sont les tuyaux qui absorbent l’eau afin de la transmettre dans le cube. Des réserves sont là lorsque c’est plein. On utilise l’eau à la fin des pluies, une fois qu’elle a été purifiée’’. Avant ce projet, ils se contentaient des forages et des puits. Souleymane Ndong sollicite l’appui des autorités pour une amélioration des conditions d’approvisionnement en eau. Le nettoyage des bassins est confié à un GIE. Si on en croit Saly Sarr, présidente de l’union locale des femmes, ce travail est du ressort d’un comité de salubrité. ‘’Lors de la première pluie, les femmes s’organisent pour laver les bassins. Ce qui permet d’avoir un bon entretien’’, explique la dame.

Besoin de financements

Toutefois, le GIE ne s’occupe pas seulement des bassins. Il s’active dans la transformation des produits halieutiques et forestiers. Ces dames demandent des appuis financiers. ‘’Nous sommes de braves femmes. Nous arrivons à gérer deux saisons. Ce qui nous bloque, c’est que nous manquons d’appui pour faciliter le financement de nos projets, la formation et la commercialisation de nos produits’’. Avec leurs activités génératrices de revenus, elles parviennent à payer la scolarité de leurs enfants et à assurer les dépenses quotidiennes. 

AIDA DIENE

 

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