Publié le 28 Feb 2025 - 11:57
DIALOGUE SOCIAL

Le PM bouscule les codes

 

Au-delà des syndicalistes et du patronat, le gouvernement a tenu à associer les élèves, les étudiants et d'autres composantes de la société. Un format diversement apprécié. 

 

Le format est rare pour ne pas dire inédit. Alors que beaucoup s’attendaient à une rencontre tripartite, entre gouvernement, organisations syndicales et patronat, il a été plutôt question d’une rencontre multipartite, impliquant plusieurs composantes de la société. Aux acteurs susvisés, le Premier ministre Ousmane Sonko a tenu à ajouter les étudiants, les élèves et d’autres couches de la population. Tous dans la grande salle du Grand Théâtre national Doudou Ndiaye Coumba Rose, pour échanger sur les conditions économiques et sociales du pays. Le gouvernement a ainsi donné 5 minutes au représentant des enseignants, 5 minutes à la représentante des élèves ; 5 minutes au représentant des syndicats de l’enseignement supérieur et  5minutes aux étudiants. 

Maître d’œuvre de la cérémonie, le ministre du Travail, Abass Sall, se réjouit : ‘’D’habitude, c’était entre les trois parties. Aujourd’hui, on a tenu à ouvrir les discussions à d’autres composantes de la société, parce que c’est une rencontre très importante. Comme le Sénégal est un pays de dialogue, on a jugé utile d’ouvrir le dialogue à tous, au lieu de le faire dans une salle, à huis clos. C’est un format de transparence et de vérité devant tout le monde.’’

Pour leur part, les syndicalistes ne se sont pas beaucoup attardés sur le format. Ils ont tenu cependant à souligner qu’ils auraient bien voulu être impliqués par rapport aux modalités d’organisation. Secrétaire général du CSA, Elimane Diouf précise : “À l'avenir, nous souhaiterions être impliqués dans les commissions techniques qui préparent une rencontre pareille. Parce que nous sommes venus jusqu'ici sans savoir quel était le programme de cette rencontre. Nous pensons que c'est important, pour une rencontre d'aussi grande importance, pour laquelle nous avons dû écourter notre séjour à Abidjan.”

Monsieur Diouf n'a pas manqué cependant de saluer la tenue de la rencontre. 

Chez les étudiants également, on ne semble pas très satisfait des modalités d'organisation de la rencontre. Dans un communiqué, les amicales des universités publiques (Ucad, UGB, UASZ, Ussein) dénoncent ce qu'elles considèrent comme un manque de respect. “Alors que la date de cette rencontre est connue depuis une semaine par toutes les parties prenantes, les amicales n'ont reçu aucune invitation officielle. Pire, lorsque nous nous sommes rapprochés de la primature, il nous a été clairement notifié que nous n'en faisions pas partie. Ce n'est qu'hier (26 février) à 23 h, veille de l'activité, que les services du ministère de l'Enseignement supérieur nous ont informés par téléphone de notre invitation, attestant qu'il s'agissait d'une omission”, informent-ils dans le communiqué.

Pour ce motif, ils ont décidé de ne pas répondre à l'invitation. 

L'université Iba Der Thiam a, en revanche, répondu à l'appel. Mais c'était pour porter le même message de vive voix au PM et à son gouvernement. Tout en saluant l'invitation des étudiants, Adama Kébé Sow a regretté la méthode. “Il me tient à cœur de souligner un fait regrettable. Convoquer les étudiants à moins de 24 heures et décider qu’une seule voix parlera au nom de toutes les universités, c’est nier la diversité et la complexité de nos réalités. Une concertation sérieuse exige du temps et une prise en compte réelle des préoccupations de ceux qui font vivre nos institutions académiques. Les étudiants ne sont pas de simples spectateurs des dynamiques sociales et économiques de notre pays. Ils en sont un maillon essentiel. À ce titre, il aurait été plus approprié qu’ils soient informés en amont des discussions qui les concernent au premier plan. La jeunesse estudiantine mérite une place digne dans ce dialogue. Avec le temps et le moyen pour exprimer ses préoccupations”, a souligné celui qui a parlé au nom de tous les étudiants.

Monsieur Sow a rappelé le dénuement dans lequel se trouve l'université publique et l'urgence de les prendre en charge. Il souhaite une rencontre qui leur est dédiée “dans les meilleurs délais” pour pouvoir les exposer.

Dans son intervention, le Premier ministre a magnifié le format qu'il a voulu inclusif, avant de présenter les excuses du gouvernement sur les impairs. “Nous nous excusons des impairs, s'il en existe. J’avais même souhaité qu’on donne la parole à qui veut la prendre, mais vous comprendrez que nous sommes tenus par le temps. Mais ce n'est que l'ouverture, nous allons continuer les discussions, qui, nous espérons, pourront durer deux mois. Nous souhaitons signer le pacte le 1er mai”, a-t-il ajouté. 

Les syndicalistes posent leurs conditions 

Harmonisation du système de rémunération des agents de la Fonction publique, cherté du cout de la vie, licenciements abusifs dans le secteur public, situation des travailleurs des collectivités territoriales, retraite des enseignants du supérieur... Voilà, entre autres, quelques revendications phares qui sont plusieurs fois revenues hier. Des conditions minimales auxquelles les syndicalistes semblent tenir particulièrement.

Secrétaire général de la CNTS/FS, Cheikh Diop a utilisé un langage imagé pour montrer au PM que les syndicalistes ne demandent que le minimum parce que conscients de la situation financière difficile. “Nous ne demandons pas à notre père (l'État) une maison aux Almadies, nous lui demandons juste d'éteindre notre maison de banlieue qui prend feu. Nous sommes conscients de la situation du pays, mais nous voulons que la situation des travailleurs soit une priorité”, a-t-il souligné, non sans préciser, pour répondre à leurs détracteurs, qu'ils ne comptent que sur la revendication.

“À l'entame de nos futures négociations, nous voudrions vous dire que les responsables syndicaux du Sénégal ont choisi un combat : le combat du progrès social. Le mouvement syndical n'utilisera comme arme que la revendication parce que nous sommes convaincus que c'est un facteur de progrès social. Nous sommes dans la revendication ; nous ne sommes dans rien d'autre. Considérez que même s'il peut arriver que l'on ne se comprenne pas, nous ne sommes que dans la revendication”, a déclaré le syndicaliste.

Tour à tour, les syndicalistes ont réclamé un respect des accords, surtout en ce qui concerne la liberté syndicale, la réintégration des travailleurs abusivement licenciés dans les services étatiques comme dans secteur parapublic sans respect de la réglementation en vigueur, la finalisation des échanges avec les travailleurs des collectivités territoriales. 

À propos des travailleurs licenciés, Cheikh Diop regrette : “D'habitude, les Sénégalais qui finissaient leurs études étaient pressés de rejoindre l'Administration, pour deux raisons. D'abord, pour travailler pour leur pays. Ensuite, parce qu'il y avait plus de sécurité, on peut y travailler jusqu'à la retraite sans être licencié. À présent, nous avons l'impression que la tendance s'est renversée. Il y a énormément de licenciements dans le secteur public, énormément d'entreprises en difficulté.”

Embouchant la même trompette, le SG de la CNTS, après avoir égrené un chapelet de doléances, a dénoncé ces licenciements. “Partout, les travailleurs étalent leurs préoccupations. Il s'y ajoute les remises en cause des acquis sociaux par certains directeurs généraux qui, au lieu d'aller dans le sens de la promotion de l'emploi, foulent aux pieds la législation sociale en décidant de mettre au chômage des centaines de travailleurs”, a fustigé M. Guiro qui regrette une absence de dialogue qui a été à l'origine de cette situation. 

MOR AMAR

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