Publié le 11 May 2019 - 23:48
DIOURBEL - BLOCAGES FINANCEMENTS DES COLLECTIVITES TERRIORIALES

Le maire de Ngogom s’en prend au gouverneur

 

C’était la passe d’armes, ce jeudi, entre le gouverneur sortant de la région de Diourbel, Mouhamadou Moustapha Ndao, et le maire de Ngogom, Baboucar Ndiaye, sur les blocages qui ‘‘ont fait perdre 5 milliards de F Cfa à la commune’’, selon ce dernier.

 

Baboucar Ndiaye est en colère. 1337 parcelles devant être loties dans la commune de Ngogom dont il est le maire, ont été bloquées par le désormais ancien gouverneur de la région de Diourbel, Mouhamadou Moustapha Ndao. Un non-lotissement qui a fait ‘‘perdre à la collectivité territoriale 5 milliards de francs’’, avance le maire. Pour cause, depuis 2016, le dossier n’a pas été déposé au ministère de l’Urbanisme. L’occasion était trop belle pour lui de soulever la question devant le ministre Abdou Karim Fofana, hier, à la conférence territoriale sur la lutte contre les encombrements et l’insalubrité.

‘‘Depuis 2016, nous avons instruit un dossier, délibéré par le conseil municipal, approuvé par le sous-préfet. Tous les chefs de services départementaux et régionaux ont émis des avis favorables. Ce plan est entre les mains du gouverneur, ce dont il ne veut pas entendre parler, parce qu’il m’a reçu plusieurs fois dans son bureau. Quand le directeur régional voulait se dédouaner, il sait très bien que ce plan émane de lui et est entre les mains du gouverneur. Quand on parle de ‘Fast-track’, je pense qu’on se trompe. Des documents qui dorment dans des tiroirs pendant des années. Comment voulez-vous que les gens parlent d’encombrement, alors que depuis qu’on est érigé en commune, on ne parvient pas à faire des lotissements ? C’est interdit par la réglementation. Les communes vont prendre leurs responsabilités, elles vont prendre leurs plans approuvés et ne peuvent même pas avoir l’agrément au niveau régional pour être acheminé au niveau national’’, se plaint le maire de la commune de Ngogom, dans le département de Bambey (Diourbel).

L’élu sortira aussitôt de la salle, après sa diatribe enflammée contre le gouverneur. S’expliquant sur sa colère, il dira : ‘‘Depuis 2016, on nous parle de mode ‘Fast-track’. On se trompe. C’est pour cela que j’ai évoqué ce problème parce que j’ai fait le pied de grue pendant longtemps dans ces services et on n’a jamais eu la réponse. On connait là où se situent les responsabilités. Le document est dans son bureau (gouverneur) et il m’a remis un reçu pour cela. Et le régional de l’urbanisme, quand il va là-bas, il verra que c’est lui qui a amené le dossier au niveau régional et depuis lors, aucune suite. Moi, je pense que c’est ça notre problème au niveau de la région de Diourbel.

Il y a pas mal de dossiers qui dorment dans cette région, par la seule volonté de certains individus. Il faut qu’on dépasse ce stade. Je sais de quoi je parle. J’aurais pu évoquer l’exemple de l’autoroute Ila Touba, quand on parle d’aménagement. Regardez combien de carrières qui ont été construites dans nos communes et on nous parle d’aménagement de territoires. C’est ça les véritables encombrements. Ils nous laissent avec des trous où des malfaiteurs érigent domicile.  Ce projet que j’ai soumis, si c’est approuvé, on met 5 milliards de F Cfa au niveau de la commune. Aujourd’hui, on nous prive de cet investissement.  On ne peut pas respirer par la volonté d’un seul individu. Pourquoi on n’a pas eu cette approbation ? Il a dit qu’il ne me convoquera jamais. Moi non plus, je n’ai pas besoin d’assister à sa réunion, parce qu’il n’a rien fait.  Nous invitons le nouveau gouverneur à appliquer le ‘Fast-track’ du gouvernement. C’est pourquoi le gouverneur a voulu m’arrêter, et moi je ne suis pas né de la dernière pluie.  Il a passé tout son temps, ici, à organiser des cérémonies religieuses’’, a-t-il expliqué à ‘’EnQuête’’.

Le gouverneur minimise

La réaction du gouverneur, qui a été réaffecté ailleurs, lors du dernier Conseil des ministres, a été pour le moins laconique. Répondant à Baboucar Ndiaye, M. Ndao dira : ‘‘Je n’ai pas eu connaissance de ce dossier.’’

A la suite de cet échange, le ministre a repris la parole. En clôturant les travaux, il a insisté sur la mise en  place de plans d’aménagement et d’occupation, et des comités départementaux de lutte contre les encombrements et l’insalubrité. Auparavant, Mor Talla Tine, le préfet du département de Bambey, est revenu sur la situation dans ce département. Et c’est pour souligner qu’à Bambey, ‘‘nous avons trois communes confrontées au problème d’encombrement.

Il s’agit de Ngoye, Bambey et Ndangalma. La situation est préoccupante, parce qu’il y a une absence de décharge contrôlée. Nous notons aussi une prolifération de dépotoirs d’ordures. L’université Alioune Diop de Bambey est dépourvue de système d’assainissement. Dans tout le département, il n’y a pas de station de boue de vidange. Les champs sont utilisés pour servir de sites de déversoir d’eaux usées. Il y a aussi une absence totale de système de collecte des déchets. Prenez l’exemple de l’initiative du ministère des Infrastructures qui a réalisé dans chaque commune chef-lieu de département une fourrière pour accueillir les épaves des véhicules. Il faut aussi délimiter les marchés hebdomadaires’’, a-t-il avancé.

A sa suite, le maire de Baba Garage a déploré la non-disponibilité des fonds alloués au secteur de l’environnement que l’Etat doit mettre à la disposition des communes. Il souhaite l’appui du ministère pour l’élaboration des plans d’occupation et d’aménagement des sols (Paos) car, s’interroge-t-il, ‘‘une commune qui ne peut pas avoir 1 million de francs de recettes propres, comment peut-elle élaborer un Paos ?’’.

Au ministre, le préfet de Mbacké demande de s’appuyer sur les Asc, les clubs qui sont dans les établissements et les ‘’dahiras’’. 

BOUCAR ALIOU DIALLO

 

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