Les commissaires Abdoulaye Niang et Codé Mbengue entendus par la DISS
Après s'être rendu compte de la gravité de l'affaire de trafic de drogue qui secoue la police nationale, les autorités sont déterminées à jouer les sapeurs pompiers. La Direction de l’Inspection des Services de Sécurité (DISS) a la lourde tâche de tirer au clair une affaire qui tient l'opinion publique sénégalaise en émoi. Les conclusions de ces investigations sont attendues dans les tout prochains jours, alors que plusieurs auditions ont déjà eu lieu.
L'injonction du président de la République n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd. La Direction de l’Inspection des Services de Sécurité (DISS) mise en branle pour faire toute la lumière sur l'affaire des allégations portées contre le Directeur général de la Police nationale et publiées dans la presse, impliquant de hautes autorités policières dans le narcotrafic, est déjà à pied d’œuvre. Avant-hier, elle a entendu le commissaire Abdoulaye Niang, actuel Directeur général de la Police nationale (Dgpn), son prédécesseur Codé Mbengue, et le Nigérian Raymond Iké Akpa alias Austin, présenté dans cette affaire comme le dealer qui a balancé le commissaire Niang. Le Nigérian a été déféré depuis plus d'un mois par Cheikhna Keïta, après un garde-à-vue d'une dizaine de jours. C'est dire qu'il a été extrait de sa cellule, le temps de se faire
entendre par la Direction de l’Inspection des Services de Sécurité de la Police nationale.
Austin, ''coeur du dossier'', entendu...
Si le commissaire divisionnaire Codé Mbengue n'a rien à se reprocher dans cette affaire, n'étant même pas cité dans le rapport envoyé par Cheikhna Keïta à la hiérarchie, ce n'est pas le cas du Nigérian, Raymond Iké Akpa alias Austin, qui est au cœur de l'affaire. Toute l'accusation repose sur ses ''aveux''. Ce dernier a déclaré, selon les procès-verbaux annexés audocument qui accuse le Dg de la Police, que le commissaire Niang lui a remis de la drogue. Mais il a ajouté avoir écoulé 50 grammes de cocaïne sur la demande du commissaire Keïta, pour permettre à ce dernier de
financer le tournage d'un clip destiné à ses enfants. Qu'est qui est vrai ou faux dans les déclarations de ce ''dealer'', inconnu, comme nous l'écrivions hier, des fichiers de la Police ?
Autre zone de mystère qu'il faut éclairer, ce sont les conditions dans lesquelles Austin a fait la connaissance du commissaire Keïta. L'énigme va même jusqu'au lieu de la première rencontre. Car, si dans le document, le parking de la Cices est présenté comme le lieu où, pour la première fois, Austin a rencontré le commissaire Keïta pour lui faire des propositions d'acheter le stock sous scellés de l'Ocrtis, Austin soutient que c'est dans un restaurant-bar à Mermoz où les enfants du commissaire Keïta (le groupe Tafeïka) se produisent souvent, qu'il a fait la connaissance du patron de l'Ocrtis. Il faut sans doute rappeler que le trafiquant nigérian a été interpellé. La transaction qui a abouti à l'arrestation a eu lieu le 10 juin 2013, à 23 heures 32, à bord d'un véhicule de police immatriculé DK 5776 AN. Des éléments de la Section opérationnelle de l'Ocrtis étaient déjà sur place avec trois paquets contenant au total 111 boulettes de cocaïne. C'est au moment où le trafiquant s'apprêtait à partir, avec le paquet, après avoir promis au commissaire Keïta de lui revenir dans 48 heures avec 20 millions de francs Cfa, qu'il a été interpellé par les policiers prépositionnés.
Des agents de l'Ocrtis cuisinés
Autres auditions importantes, celles d'officiers de Police travaillant à l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis). Certains des agents de ce service ont été cités par Austin dans sa déposition qui a dressé le profil de ceux qui peuvent être conviés au banquet. Il s'agira aussi de mieux connaître les conditions dans lesquelles les policiers de l'Ocrtis ont mené l'enquête sur leur propre service.
A noter aussi que si le désormais ex-patron de l'Ocrtis, Cheikhna Keïta, n'a pas encore été auditionné, cela devrait l'être dans les prochaines heures.
Pour l'instant, très peu d'informations filtrent de ces auditions à huis clos, menées par le commissaire Boye, patron de la Direction de l'Inspection des Services de Sécurité (DISS). Mais les investigations se poursuivent de plus belle. L'enquête interne devrait être bouclée rapidement, comme l'a du reste confirmé Abdou Latif Coulibaly.
Lors du conseil des ministres de ce jeudi, ''le chef de l’État a exigé que les résultats le l’enquête diligentée par l’Inspection des Services de Sécurité lui soient communiqués dans les meilleurs délais, afin que les mesures appropriées soient prises''. Selon toute vraisemblance, il en sera ainsi, puisque plusieurs rapports sont attendus sur la table de Macky Sall. En effet, selon nos informations, outre l'Inspection des Services de Sécurité, le chef de l'Exécutif dispose de nombreux autres canaux de renseignements qui ont été mis en branle pour circonscrire ce feu qui risque de faire de nombreux dégâts et produire les rapports les plus exhaustifs possibles sur cette nébuleuse.