Publié le 25 Feb 2012 - 10:20
EDITO

Oh insensé... !

Jadis, si lointain horizon pour la presse et la classe politique, le 26 février 2012 est bien là. Comme un bon tireur qui atteint après plusieurs tentatives le cœur de sa cible, nous y voilà. En plein dans le mille. Qui seulement en 2012, aurait pu penser que le Président Wade participerait à une élection, douze ans après, pour un troisième mandat ? Qui, raisonnablement peut dire : ''Je savais''!

 

Qui déjà en 2000 aurait pu prédire une victoire du candidat du Sopi ? Me Abdoulaye Wade, à l'époque très marqué par le poids de plusieurs décennies de lutte, avait accueilli sa victoire avec beaucoup de surprise. Les photos que la presse a réussi à immortaliser à l'époque avaient bien montré un Wade ridé, au visage marqué par la fatigue. Et même en 2007, lors de la première épreuve électorale, après la bamboula de 2000, la victoire du candidat Wade avait été accueillie avec beaucoup de surprise. Tout le monde avait pensé que le pays allait basculer, mais Wade est resté sur la terre ferme, malgré toutes les accusations de fraudes. Et quoi encore ? Deux ans après, nous voilà donc en 2009. Karim Wade est au firmament de sa gloire. Tout puissant ministre d'Etat avec un portefeuille aussi musclé que les biceps de Yékini, Karim Wade veut s'installer à la Mairie de Dakar, rampe de lancement pour la conquête de la Magistrature suprême. Surprise et boule de gomme, c'est Benno Siggil Senegaal qui s'installe dans la place. Khalifa Sall occupe l'hôtel de ville de Dakar, Gackou le Conseil régional, Cheikh Bamba Dièye Saint-Louis, Aïssata Tall Sall Podor et Ziguinchor qui échappe de justesse à la razzia du fait de la cécité de Robert Sagna qui se croyait en territoire conquis. Bref, surprise sur toute la ligne.

 

Les hommes proposent, Dieu dispose, a-t-on l'habitude de dire. Il faudra bien se faire à l'idée qu'une nouvelle surprise n'est pas à écarter demain dimanche. Pas forcément en faveur de Wade, qui a réussi à passer, au forceps, le barrage de la validité de sa candidature à la présidentielle de 2012. En vérité, toutes les hypothèses peuvent aujourd'hui être envisagées. Y compris, l'hypothèse que le Président Wade perde aussi. Que la hiérarchie proposée par les analystes échoue ! Ou encore l'hypothèse que Niasse gagne. Qu'il ne gagne pas. Que Macky Sall arrive en deuxième position, troisième ou quatrième position. Qu'Idrissa Seck récolte de bons fruits ou qu'il ramasse un petit score. Bref, la modestie voudrait qu'on prenne en compte tous les scenarii et qu'on laisse le peuple, souverain, dire son mot.

 

Et pour cela, il faudra bien qu'on casse le cocon de tout fatalisme primaire. Que les Sénégalais sortent de chez eux, qu'ils se rendent en passe aux urnes, qu'ils choisissent leur Président. L'on raconte qu'un homme qui se croyait comme Robinson Crusoé dans son île, avait jugé peu utile de développer un bon commerce avec son voisinage jusqu'au jour où la foudre s'abattit sur sa demeure en paille pour y créer un incendie et emporter la vie du solitaire. Le petit solitaire n'avait personne pour le secourir. Quelles que soient nos postures, on est toujours responsable. Oh insensé qui pense que je ne suis pas toi ! Qu'on vote ou pas, on choisit toujours un camp. Même sans le savoir. Alors, chers compatriotes, quel que soit votre camp, refusez d'être aphone. Dites votre mot ! Dites-le avec la carte, pour ne pas être du camp de ceux qui parlent beaucoup pour ne rien faire.

 

Section: