Publié le 20 Nov 2013 - 17:59
EMPOISONNEMENT ET CHARLATANISME

Un marabout accusé d’avoir tué une dame

 

Accusé d’avoir empoisonné la dame Mbouba Syll, le marabout Serigne Malick Fall encourt trois ans de prison ferme, pour homicide involontaire et charlatanisme.

 

Atteinte d’insuffisance rénale et d’hypertension, la dame Mbouba Syll avait fait le tour des hôpitaux, sans succès. Son mal persistant, un de ses parents l’a mis en rapport avec le marabout Serigne Malick Fall. Au sortir de sa première consultation, le 13 novembre 2012, elle a vu comme un signe du salut, car elle a pu marcher sans assistance. D'ailleurs, elle croyait être guérie, mais le lendemain, elle a rechuté. Elle est retournée auprès du marabout.

À son arrivée, le marabout a demandé qu’on lui serve de l’eau à boire. Seulement pendant qu’il lui préparait un breuvage, la dame Mbouba Syll a rendu l’âme. C’est pourquoi le marabout a été arrêté et placé sous mandat de dépôt, le 21 novembre 2012. Après près d’un an passé en prison, Serigne Fall a été traduit hier à la barre du tribunal correctionnel de Dakar pour empoisonnement et charlatanisme. Devant les juges, le marabout a juré la main sur le cœur n’avoir donné aucune substance à la défunte. D’après ses dires, Mbouba Syll était envoûtée. Pour étayer ses propos, il a étalé ses connaissances mystiques qu’il dit avoir acquis depuis 2008, après une vision.

À la suite de cette démonstration, le représentant du parquet a estimé que le prévenu ne mesurait pas la gravité de son acte. ‘’Il s’entête à dire que la dame était envoûtée, or elle souffrait d’insuffisance et d’hypertension’’, a pesté le substitut Saliou Dicko qui a demandé que le délit de charlatanisme soit maintenu. En revanche, il a invité le tribunal à disqualifier l’empoisonnement en homicide involontaire. Pour la répression, il a requis trois ans ferme. Selon, la défense, le marabout doit être relaxé purement et simplement. Me Babacar Mbaye estime qu'il n’y a aucune preuve attestant que le produit consommé par la victime contenait des substances nocives. Tout en évoquant le destin, Me Mbaye a écarté le charlatanisme, non sans souligner que ‘’la famille de la victime a pardonné’’. Délibéré le 17 décembre prochain.

FATOU SY

 

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