Publié le 30 Dec 2016 - 00:49
EN TOURNEE DANS LE SENEGAL DES PROFONDEURS

Khalifa Sall sur les traces de Macky Sall

 

La candidature de Khalifa Sall pour l’élection présidentielle de 2019 semble se dessiner. Ainsi, pour élargir sa base, le maire de Dakar a initié depuis quelque temps une tournée politique nationale. Histoire de rallier le maximum de socialistes à sa cause. Et de dissiper par la même occasion les doutes sur son ambition présidentielle.

 

A presqu’un an des élections législatives de juillet 2017 et deux ans de la présidentielle de 2019, le camp de l’édile de la ville de Dakar est entré de plain-pied dans le vif du sujet. Même s’il n’a pas encore avoué publiquement sa candidature, Khalifa Sall est en train de mettre en place sa propre stratégie, en perspective de ces joutes électorales. Il a entamé une tournée dans les coins les plus reculés du pays pour aller à la rencontre des Sénégalais. Joint par EnQuête, un de ses collaborateurs a confirmé que Khalifa Sall est hors de la capitale il y a quatre jours. Ce proche du maire de Dakar ajoute que le secrétaire à la Vie politique du Parti socialiste (PS) est dans le département de Dagana, dans le Nord du pays, pour répondre à une invitation d’un responsable politique. En revanche, il n’a pas souhaité donner plus de détails sur cette tournée.

Une tournée bien programmée

La visite de Khalifa Sall à ce responsable politique n’est pas un hasard. Le 26 septembre 2016, l’édile de la capitale avait reçu plus de 500 délégués venus des 45 départements du Sénégal et de la diaspora. Ils prenaient part au premier conseil national du mouvement And Dooleel Khalifa Sall (Adk). Au cours de ce Conseil, Khalifa Sall a exprimé son intention de rendre visite à tous les participants dans leurs localités respectives. ‘’Vous rencontrer à Dakar n’est pas la meilleure manière de montrer mon engagement à vos côtés. Je viendrai chez vous, vous voir et échanger’’, avait-il lancé lors de cette rencontre.

Le maire de Dakar serait rattrapé par sa promesse qu’il est en train d’honorer. Trois mois après cette déclaration,  il est entré dans la danse pour leur montrer son ‘’engagement’’. Avec cette tournée, Khalifa Sall, longtemps pressenti pour suppléer à Ousmane Tanor Dieng à la tête du PS, entend désormais miser sur les mouvements de soutien afin de mieux se préparer pour la conquête du pouvoir, s’il venait à être barré par sa formation politique, membre de la majorité présidentielle. ‘’Aujourd’hui, nous devons structurer tous les mouvements de soutien en vue d’avoir des entités fortes’’, avait-il ajouté.

Yoro Dia, Politologue : ‘’Khalifa développe une stratégie de la peur’’

Si certains de ses collaborateurs, à l’image du coordonnateur de (Adk) Babacar Diop, lui demandent tout simplement de ne plus se poser des questions et de se présenter à la présidentielle de 2019, le journaliste et politologue Yoro Dia trouve qu’il est temps que Khalifa  Sall s’assume afin de trancher le débat. ‘’Il faut qu’il ait le courage de dire à tout le monde qu’il sera candidat ou qu’il ne le sera pas. A mon avis, il est en train de développer une stratégie de la peur face à Ousmane Tanor Dieng qui maîtrise mieux leur parti que lui. Il a peur d’affronter le secrétaire général du PS qui est dans le camp présidentiel. Voilà la réalité’’, analyse Yoro Dia, qui ajoute d’emblée que le ‘’maître de Dakar’’ est en train de ‘’tomber dans le piège de Tanor’’ à qui le président Macky Sall vient d’attribuer la gestion du Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT). Toutefois, le journaliste soutient que c’est ‘’une perte de temps’’ pour Khalifa Sall d’organiser cette tournée dans la mesure où il n’est pas candidat d’un tel ou tel parti politique. ‘’S’il part dans une localité pour dire aux gens qu’il est le maire de Dakar, ils lui demanderont de s’occuper de sa ville. Cette tournée est inutile. Macky Sall avait tenté le coup quand il a été chassé du Parti démocratique sénégalais (PDS) et viré de l’Assemblée nationale. Il a réussi parce qu’il s’est décidé très vite. Ce n’est pas la même chose avec Khalifa Sall qui tarde à s’affirmer’’, rappelle à nouveau le politologue.

‘’Khalifa, libre comme l’air’’

Le cas Khalifa Sall ‘’n’inquiète pas’’ le président de la République, Macky Sall. Dans une interview accordée à Jeune Afrique, le leader de l’Alliance pour la République (APR) n’a pas hésité à dire à Khalifa Sall qu’il est ‘’libre de partir’’. Par contre, il lui demande d’assumer sa rupture. ‘’Je suis un démocrate et un libéral, je n’exigerai jamais que quelqu’un me suive aveuglément. Donc s’il y a des gens au sein de notre coalition qui ne sont pas d’accord, ils sont libres de partir. Cela vaut aussi pour Khalifa Sall. Je n’ai aucun problème avec ça, seulement il faut assumer sa rupture’’, précise-t-il dans l’entretien. Le président Sall a indiqué qu’ils iront aux législatives et à la présidentielle avec tous les partis membres de la coalition Benno Bokk Yaakaar, en vue de travailler pour les ‘’besoins fondamentaux des concitoyens’’.

Au lendemain des élections locales de juin 2014, un vent de victoire a soufflé dans la quasi-totalité des bureaux de la région de Dakar. La coalition And Taxawu Dakar, dirigée par le maire de Dakar, a remporté le scrutin. Le  coup a été réédité lors de l’élection des HCCT dans la région de Dakar. A partir de ce moment, ils étaient donc nombreux à lui demander de s’affirmer en présentant sa liste aux prochaines législatives de 2017 et pourquoi pas à la présidentielle de 2019.

Apprécié et soutenu à Dakar par les maires de Mermoz-Sacré-Cœur (Barthélémy Dias), des Parcelles Assainies (Moussa Sy), de la Médina (Bamba Fall), de Dalifort (Idrissa Diallo), Khalifa Sall semble avoir compris qu’il était temps de tisser une relation avec l’électorat des profondeurs. Reste à savoir s’il aura les résultats escomptés. Première  réponse le 02 juillet 2017 au soir des élections législatives. 

GAUSTIN DIATTA

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