‘’Nous pouvons créer plus de 3 000 emplois, si l’État nous accompagne’’

L’Association des ouvriers de la région de Thiès (Aort), sous la houlette d’Abdoulaye Dieng, multiplie les initiatives citoyennes et économiques en faveur du développement local. Dans cet entretien accordé à ‘’EnQuête’’, Abdoulaye Dieng se prononce, entre autres, sur les réalisations de l’Aort et appelle l’État à renforcer son soutien au secteur informel à travers la formation professionnelle, la structuration des artisans et l’accès à des sites de production.
Pouvez-vous nous parler des réalisations les plus marquantes de votre association ces dernières années ?
Depuis notre création, nous avons œuvré sans relâche pour contribuer au développement de notre région. Parmi nos actions les plus emblématiques, nous pouvons citer la réparation de véhicules pour les populations démunies, des campagnes de don de sang en partenariat avec les structures hospitalières, afin de pallier les pénuries régulières ainsi que la réfection de plus de 5 000 tables-bancs. Ces équipements ont été distribués dans plusieurs établissements scolaires de Thiès, permettant à des milliers d’élèves d’étudier dans des conditions décentes. Tout cela a été réalisé grâce à l'engagement de nos plus de 800 membres issus de tous les corps de métier.
Vous parlez d’un potentiel énorme pour la création d’emplois. À quelles conditions cela pourrait-il se concrétiser ?
Le potentiel est bien réel, notamment dans une région comme Thiès, qui dispose d’un tissu industriel important et d’un fort potentiel minier. Si l’État nous accompagne, à travers des formations qualifiantes, des financements et l'octroi de sites de recasement dans les zones d’activités économiques, nous pouvons créer plus de 3 000 emplois, d’ici deux ans. Cela permettrait non seulement de lutter contre le chômage des jeunes, mais aussi de freiner l’émigration irrégulière qui décime notre jeunesse.
Justement, quelles sont vos attentes concrètes vis-à-vis de l’État ?
Nous demandons à l’État de nous fournir des sites de recasement pour établir des pôles artisanaux modernes. Ces sites permettraient de structurer les activités du secteur informel, de professionnaliser les artisans et de favoriser l’installation de petites entreprises. Nous souhaitons également l’instauration d’une mutuelle de santé pour nos membres, dont les conditions de vie sont précaires.
Enfin, il est crucial que l’Aort soit mieux intégrée dans les dispositifs des chambres des métiers qui, aujourd’hui, ne représentent pas suffisamment nos réalités de terrain.
La vision du président Bassirou Diomaye Faye et du Premier ministre Ousmane Sonko semble s’aligner sur vos ambitions. Qu’en pensez-vous ?
Absolument. Leur volonté de ‘’redresser et reconstruire un pays en lambeaux’’ est en parfaite adéquation avec notre engagement. Nous sommes une force vive sur le terrain. L’Aort peut être un véritable bras opérationnel pour la mise en œuvre des politiques publiques de développement local. Nous souhaitons que notre expertise soit reconnue à sa juste valeur et que l’État sache capitaliser sur notre réseau et notre savoir-faire.
Un mot sur le Dialogue national prévu le 28 mai prochain. Quelle est la place de l’artisanat et des jeunes dans ce processus ?
Nous appelons à une implication active des jeunes et des artisans au Dialogue national. Ce n’est qu’en écoutant toutes les couches sociales que nous pourrons bâtir une nation solide. L’artisanat n’est pas un secteur secondaire. C’est un levier stratégique pour la souveraineté économique. Nous espérons que les préoccupations de l’Aort seront entendues et prises en compte.
En effet, le combat contre le chômage, l’émigration irrégulière et la pauvreté ne se gagnera que par l’action collective. Nous tendons la main à l’État, aux partenaires techniques et financiers, et aux collectivités locales. L’avenir de Thiès et du Sénégal passe par le travail, la formation et la valorisation des compétences locales. L’Aort est prête à relever ce défi.
Ndeye Diallo (Thiès)