Publié le 14 Jun 2023 - 23:34
ESCROQUERIE AU JUGEMENT ET COUPS ET BLESSURES VOLONTAIRES

Arona Sall condamné à trois mois de prison avec sursis 

 

Jugé pour escroquerie au jugement et coups et blessures volontaires sur la dame  Khadidiatou Sy, Arona Sall a écopé d’une peine de trois mois assortis du sursis. La dame lui reproche d’avoir exercé des violences sur elle, en voulant l’expulser de chez elle. Toutes les deux parties ont prétendu que la maison leur appartient, alors qu’elles ne détiennent aucun titre de propriété.

 

Enceinte de sept mois, la dame Khadidiatou Sy a été la cible d’Arona Sall et de ses hommes de main. Celui-ci, qui lui réclamait un an d’arriérés de location, a usé de la force, selon la dame, pour l’exclure du domicile où elle a toujours vécu.

En effet, chacune des parties prétend être propriétaire de la maison. Mais il ressort de la procédure que ce logement était destiné aux agents de l’Asecna. De ce fait, Khadidiatou et Arona n’ont jamais été en mesure de brandir un titre de propriété. Mais, plus averti, Arona Sall, enseignant de son état, avait commis un avocat pour une procédure d’expulsion.

Poursuivi pour escroquerie au jugement et coups et blessures volontaires, l’homme, qui a fait face hier aux juges du tribunal des flagrants délits de Dakar, soutient que c’est l’Asecna qui avait octroyé ce domicile à son défunt père qui était jardinier. Il précise que le père de Khadidiatou était un locataire et c’était un certain Omar Ndiaye qui gérait la location. S’agissant du délit de coups et blessures volontaires retenu contre lui, il conteste et raconte : ‘’Je n'ai pas levé la main sur elle. Lorsque l'huissier est venu, il n'y a eu aucun problème. Elle avait dit qu'elle était en état de grossesse. J'étais sur les lieux, de 9 h à 18 h. Pendant ce temps, elle est allée se réfugier dans une maison.’’

Des allégations battues en brèche par la plaignante Khadidiatou Sy. À l’en croire, le prévenu est venu chez elle avec des gens costauds qui l’ont brutalisée. Pis, ajoute-t-elle, son enfant de 2 ans n’a pas été épargné. Sur la maison, comme le comparant, elle soutient qu’elle appartient à son père.

‘’Mon père n’a jamais dit qu’on était des locataires. Je n’ai reçu aucun avis d’expulsion’’, a-t-elle ajouté.

Après les avoir écoutés religieusement, la représentante du ministère public a fait remarquer au prévenu qu’il a trompé la vigilance du juge. Elle a fait savoir aux parties que cette maison objet de leur litige est un bien de l’État du Sénégal. ‘’L'escroquerie au jugement est caractérisée dans cette affaire. Il a obtenu une décision de justice sur la base d'une affabulation. C'est d'autant plus grave qu'il a dit lui-même que son père ne dispose pas d'un titre de propriété. Pour les coups et blessures volontaires, les débats d'audience ont montré qu'il n'a pas levé la main sur la partie civile’’, a relevé la substitut du procureur de la République. Elle a requis quatre mois d’emprisonnement ferme contre Arona Sall.

Au préalable, l’avocat de la partie civile avait sollicité 10 millions de francs CFA pour dédommager sa cliente. Selon la robe noire, le préjudice est énorme. ‘’La religion du tribunal a été trompée. Madame le procureur l'a relevé tout à l'heure. Aucune de ces deux familles ne dispose de titre de propriété. C'est une propriété de l'État. Au cours de l'expulsion, le prévenu a exercé des violences sur la dame. Même si ce n'est pas lui, c'est de son fait, c'est de sa faute. C'est lui qui a recruté les nervis’’, a plaidé l’avocat.

Son confrère de la défense reconnaît que son client a fauté en voulant expulser la partie civile. ‘’Toutes les parties ne disposent d'aucun titre de propriété. Ce sont des ouvriers de l'Asecna qui étaient logés sur les lieux (derrière le hangar de l'aéroport Léopold Sédar Senghor). Ça fait plus de 80 ans que des familles sont logées là-bas sans titre de propriété. Son père n'avait qu'un titre de jouissance. Il a tort en se présentant comme étant le bailleur de la dame. Vouloir expulser quelqu'un sans détenir un titre de  propriété est très grave. Mais il n'avait nullement l'intention de faire du mal. Je vous demande de considérer sa bonne foi’’, a expliqué le conseil de la défense. Il a sollicité la relaxe de son client pour le délit de coups et blessures volontaires, car son client est un enseignant modèle.

Relaxé pour coups et blessures volontaires, Arona Sall a été reconnu coupable du chef d’escroquerie au jugement. Il est condamné d’allouer 500 mille francs CFA à la partie civile en guise de dédommagement.

MAGUETTE NDAO

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