Nasri, le doigt dans la prise
Le geste d’humeur de Samir Nasri adressé aux journalistes de l’Equipe, suite à son égalisation contre l’Angleterre, a fait chauffer les réseaux sociaux, mais aussi le centre de presse de Donetsk. A l’arrivée, beaucoup de bruit pour pas grand chose.
Il y a ceux qui font dans le moralisme post-Knysna et jouent l’air du « décidément, rien n’a changé». Ils fustigent généralement l’ego démesuré d’un joueur qui choisit de réagir à de toutes petites critiques, que n’importe qui d’autre aurait lu en rigolant, alors qu’il vient de marquer le premier but de son équipe dans l’Euro 2012. Il y a ceux, plus mesurés, qui constatent simplement que le « coupable » n’a que bien peu d’égards pour les communicants qui bossent depuis deux ans pour redorer le blason des Bleus. On leur file une banderole à la fin de France-Estonie, on leur demande d’applaudir leur public à la fin des entraînements et des matchs, on joue la sobriété jusque dans les chambres qu’on leur choisit, tout ça pour ça ! Il y a aussi ceux qui s’en foutent, qui n’y accordent que peu d’importance, et qui préfèrent noter que le bonhomme a choisi le bon match pour élever son niveau de jeu après une préparation décevante. Ceux-là constituent certainement la majorité des Français non-journalistes, soit un bon paquet de monde quand même.
« Je ne vous ai pas demandé de m’attendre »
Et puis il y a ceux, comme Marvin Martin, qui débarquent. « Personnellement, je l’ai appris tout à l’heure par un journaliste, avouait le Sochalien ce mardi matin. J’étais content du but qu’il a marqué et je n’ai vraiment pas calculé ». Marvin devrait peut-être consulter un ophtalmo parce que depuis le banc de touche, il avait pourtant une belle vue sur les deux écrans géants de la Donbass Arena, qui ont diffusé le geste aux 47400 âmes assistant à France-Angleterre. A la 39e minute, Samir Nasri vient de célébrer son but avec ses potes lorsqu’il se tourne vers la tribune de presse, pose un doigt sur sa bouche et prononce, en articulant bien pour que tout le monde puisse lire sur ses lèvres, un très beau « ferme ta gueule ». Mais qui a bien pu mériter tant d’honneur, dans un moment si crucial ?