Les coulisses d’une réunion secrète entre le bâtonnier et les avocats
L’image est peut-être anecdotique. Mais elle est significative. Rapporté au match de football, il va de soi que l’arbitre ne saurait exclure un joueur sous le prétexte qu’il a fait une passe, fût-elle décisive, à son adversaire. Pour cet avocat de la défense, c’est la même chose qui s’est passé hier au Tribunal de grande instance de Dakar ‘’et c’est inacceptable’’, peste-t-il.
Ne comprenant toujours pas le fondement de la décision du président du tribunal, Malick Lamotte, notre interlocuteur d’ajouter, courroucé : ‘’Le juge a outrepassé ses pouvoirs. Peut-être, c’est un excès de colère ou une mauvaise interprétation des textes. Mais il ne lui appartient pas, dans ces conditions, d’exclure qui que ce soit. La sanction d’un avocat qui ne joue pas convenablement son rôle, c’est le client qui en décide, ce n’est pas au juge de dire : je vais vous exclure parce que vous ne défendez pas votre client ou parce que vous avez fait une passe à votre adversaire.’’
Très prompts à se taper dans la poitrine pour exprimer leur fierté d’avocat, ceux-ci se sont réunis dare-dare pour arrondir les angles. Et c’est dans le bureau du bâtonnier lui-même. En présence d’un représentant de chaque partie et de maitre El Hadj Diouf qui a été à l’origine de cet incident, les robes noires ont apprécié la situation. Ce qui dénote que c’est tout le barreau de Dakar qui a été secoué. Les conclusions de cette réunion sont toujours tenues secrètes. Notre source se borne à dire que les avocats ont témoigné de leur ‘’solidarité agissante’’ à leur confrère.
En tout cas, pour le moment, c’est le flou autour du retour de Me Diouf. Même si ce dernier a été aperçu à la reprise du procès dans l’après-midi, l’on ne sait toujours pas si c’est ès qualités d’avocat de la mairie de Dakar ou comme simple spectateur. ‘’En l’espèce, estime cette robe noire, il ne s’agit pas des pouvoirs de police du président, mais des principes qui gouvernent notre profession. Et le barreau s’est réuni. Nous nous attendions, à la reprise, que le président respecte le parallélisme des formes en expliquant ce qui s’est passé et en revenant sur sa décision. Peut-être, il a été un peu gêné de dire que ‘la décision que j’ai prise est nulle et non avenue’’’, souligne notre interlocuteur.
Il faut préciser que dès l’éclatement du conflit, le bâtonnier dont le bureau se trouve dans l’enceinte même du tribunal, est descendu pour s’enquérir de la situation. C’est par la suite qu’il a réuni les différentes parties dans son bureau. Reste à savoir qu’est-ce qui a été décidé. Et si le juge Lamotte s’y pliera, au cas où le barreau requerrait l’admission de l’ancien député. Joint par téléphone, El Hadj Diouf s’est limité à dire ‘’qu’il ne faut pas envenimer la situation. C’était un incident, mais tout est rentré dans l’ordre’’.