Le Sénégal prépare la riposte
Le 14 août 2024, le Directeur général de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a déclaré la flambée de la variole du singe (Mpox) comme une urgence de santé publique de portée internationale. Cette décision, marquant la deuxième déclaration de ce type en deux ans, met en lumière l'urgence de renforcer les mesures de prévention et de surveillance à travers le monde. Face à cette situation alarmante, le gouvernement sénégalais, par le biais du ministère de la Santé et de l'Action sociale, a pris des mesures importantes pour protéger la population et répondre aux exigences du Règlement Sanitaire International (RSI).
En réponse à cette crise sanitaire, le ministère de la Santé, sous la direction du Dr Ibrahima Sy, a intensifié ses efforts en matière de surveillance épidémiologique à l'échelle nationale. Un accent particulier a été mis sur la détection précoce des symptômes associés à la variole du singe. Les structures sanitaires à travers tout le pays ont été mises en alerte maximale, et des informations détaillées, incluant des fiches techniques et des formulaires de notification de la maladie, ont été diffusées aux professionnels de santé. Cette communication proactive a été étendue aux 79 districts sanitaires, aux 14 directions régionales de santé, ainsi qu'aux hôpitaux et structures privées.
Le Comité National de Gestion des Épidémies (CNGE) a été mobilisé pour coordonner les efforts de suivi de l'épidémie à la fois au niveau national et décentralisé. Les comités régionaux et locaux de gestion des épidémies, sous la supervision des autorités administratives, jouent un rôle crucial dans cette coordination. Cette approche décentralisée vise à assurer une réponse rapide et efficace à l'épidémie, en minimisant les délais de réaction en cas de détection de cas suspects.
Sensibilisation et information du public
Parallèlement à ces mesures de surveillance, des campagnes d'information et de sensibilisation ont été lancées pour informer la population des risques liés à la variole du singe et des précautions à prendre. Le Ministère de la Santé collabore étroitement avec d'autres départements ministériels, notamment ceux de l'environnement et de l'élevage, pour renforcer la surveillance et mettre en œuvre les mesures préventives nécessaires. Ces efforts incluent des actions visant à contrôler les populations de rongeurs et autres animaux susceptibles de véhiculer le virus.
Bien qu'aucun cas de variole du singe n'ait été détecté au Sénégal à ce jour, le Ministère de la Santé et de l'Action sociale appelle à la vigilance, surtout parmi les voyageurs en provenance ou à destination des pays ayant déclaré des cas de Mpox. Les citoyens sont encouragés à consulter rapidement les structures de santé en cas d'apparition de symptômes tels que la fièvre, les maux de tête, les douleurs musculaires, les gonflements des ganglions, ou des éruptions cutanées sous forme de taches ou de pustules.
L'OMS et la réponse internationale
L'Organisation Mondiale de la Santé a exprimé ses inquiétudes concernant l'épidémie croissante de variole du singe en Afrique. La déclaration du 14 août a été motivée par la détection rapide et la propagation d'un nouveau clade du virus, notamment dans l'est de la République Démocratique du Congo (RDC) et dans des pays voisins jusque-là épargnés. Cette variante, connue sous le nom de clade 1b, est considérée comme plus virulente que celle qui a incité l'OMS à déclarer une urgence internationale entre 2022 et mai 2023.
La situation en RDC est particulièrement préoccupante, avec 15 000 cas et 461 décès enregistrés en 2024, représentant une augmentation de 160 % des diagnostics et de 19 % des décès par rapport à la même période de l'année précédente. La majorité des cas sont concentrés en RDC, bien que le virus ait également été détecté dans des pays voisins tels que le Burundi, l'Ouganda, le Kenya et le Rwanda.
L'OMS a également alerté sur la possibilité de voir d'autres cas importés apparaître prochainement en Europe, après la détection d'un premier cas de ce variant à Stockholm, en Suède.
Les efforts du Sénégal en matière de gestion des urgences sanitaires
Le Sénégal, avec son expérience passée dans la gestion des épidémies, a démontré sa capacité à réagir efficacement aux crises sanitaires. En 2014, le pays avait réussi à contenir la propagation du virus Ebola après qu'un cas ait été importé depuis la Guinée. Cette réussite avait été rendue possible grâce à une large riposte coordonnée avec l'OMS et ses partenaires.
Le pays a également montré son engagement en matière de préparation et de gestion des urgences sanitaires lors de l'exercice de simulation sur la gestion transfrontalière d’une épidémie de fièvre hémorragique virale, tenu du 6 au 9 août 2024 à Toubab Dialao. À cette occasion, des recommandations pertinentes ont été formulées pour améliorer la gestion des urgences dans les différents pays concernés. Le Sénégal prévoit de structurer ces recommandations en un plan de travail opérationnel, avec l'objectif de renforcer la coopération transfrontalière en matière de santé publique.
Les autorités sanitaires sénégalaises, en partenariat avec l'OMS, continuent d'améliorer leur stratégie de préparation aux épidémies. Un des exemples les plus marquants de cet engagement est l'envoi de 4 millions de messages SMS pour sensibiliser la population aux dangers d'Ebola en 2014, une initiative qui pourrait être répliquée en cas de propagation de la variole du singe. Le pays envisage également d'utiliser des technologies similaires pour informer le public sur les mesures de prévention contre le Mpox.
Premier cas en Suède
Dans le cadre des efforts internationaux pour contrôler la propagation du Mpox, un nouveau développement préoccupant a été signalé en Europe. L’Agence suédoise de santé publique a annoncé ce jeudi 15 août avoir découvert un nouveau variant du Mpox chez un voyageur de retour d’Afrique, où le virus sévit en Afrique centrale ces derniers mois. Ce cas marque la première détection de ce variant en Europe, et les autorités sanitaires anticipent une possible propagation rapide sur le continent.
Face à cette situation alarmante, le laboratoire pharmaceutique danois Bavarian Nordic a déclaré être prêt à produire jusqu'à 10 millions de doses de son vaccin d'ici 2025 pour contrer l'explosion des cas. Le vaccin, homologué depuis 2019 pour prévenir la maladie, a déjà provoqué une hausse significative de la valeur des actions de l'entreprise en bourse plus tôt dans la journée.
AMADOU CAMARA GUEYE