Publié le 12 Aug 2015 - 03:20
FILLES VICTIMES DE VIOL ET D’INCESTE

Le comité des Nations unies exhorte le Sénégal à dépénaliser l’avortement

 

L’Association des femmes juristes du Sénégal vient de recevoir un soutien de taille, dans sa lutte pour la dépénalisation de l’avortement. Le comité de l’ONU exhorte le Sénégal à dépénaliser l’avortement pour les filles victimes de grossesse non désirée suite à un viol ou un inceste.

 

Depuis longtemps, l’Association des femmes juristes du Sénégal a fait de la lutte pour la dépénalisation de l’avortement chez les filles victimes de grossesses précoces ou non désirées, suite à un viol ou un inceste, son cheval  de bataille. Puisque le dossier peinait à avoir une suite favorable au niveau de l’Hémicycle, des organismes des droits de l’Homme ont décidé de porter l’affaire devant le comité de l’ONU. Ils ont obtenu gain de cause, car l’organe des Nations unies exhorte le Sénégal à dépénaliser l’avortement. Selon un communiqué de la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH), les experts du Comité des Nations unies ont exprimé leurs préoccupations au sujet de la criminalisation de l’avortement et des conditions restrictives dans lesquelles il est autorisé au Sénégal.

La note soutient que ledit comité a exhorté le pays à réviser sa législation afin de dépénaliser l’avortement et de l’autoriser légalement, en cas de danger pour la vie ou la santé de la femme enceinte de viol, d’inceste ou de déficience fœtale grave. « Ces recommandations font suite à l’examen de la mise en œuvre par le pays de la Convention des Nations unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) à Genève, le 7 juillet, et se font l’écho des préoccupations exprimées par nos organisations. Le caractère répressif de la législation sénégalaise relative à l’avortement constitue une violation des droits des femmes et met en péril la santé et la vie des femmes et des filles », indique la note. Selon Khadija Chérif, Secrétaire générale adjointe de la FIDH, ‘’il est temps que le pays se conforme à ses obligations régionales et internationales’’.  

Au moment de plaider devant l’Onu, la délégation sénégalaise a confié que 51 500 femmes ont eu à pratiquer un avortement clandestin, en 2012, et qu’au 10 février 2015, 19% des femmes incarcérées avaient été condamnées pour infanticide et 3% pour avortement clandestin. L’absence de programmes complets pour l’éducation à la santé et aux droits sexuels et reproductifs, et du manque d’accès à la contraception, ainsi que le nombre élevé de cas de viols ont été aussi abordés au cours des discussions. ‘’Les femmes ne peuvent pas mettre fin à leur grossesse, même lorsqu’elle résulte d’un viol, ce qui les conduit à avorter clandestinement, mettant en danger leur vie et leur santé. Les jeunes filles enceintes ont un risque de mortalité maternelle plus élevé, et sont contraintes d’abandonner leur scolarité. La soumission détaille également les difficultés d’accès à la contraception auxquelles sont confrontées les femmes, en particulier en milieu rural et dans les régions les plus pauvres’’, regrette la FIDH.

CHEIKH THIAM

 

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