Publié le 2 Jun 2013 - 08:13
FUMER EN PUBLIC AU SÉNÉGAL

Les établissements de Dakar s'en accommodent

 

 

Depuis plusieurs semaines, une campagne médiatique contre la consommation du tabac bat son plein dans le pays. Des affiches géantes bordent les grandes artères de Dakar pour alerter les populations sur les dangers de la cigarette. Ce message semble tomber dans l'oreille de sourds, car la fumée de cigarette continue de polluer bien des espaces publics où des non-fumeurs sont les plus exposés. Devant ce fléau, faut-il interdire de fumer en public sous nos cieux?

L'industrie du tabac génère annuellement plusieurs milliards de francs Cfa dans l'économie d'un pays en voie de développement comme le Sénégal. Et la flambée du prix du bâtonnet de cigarette n'a jamais constitué un frein à sa consommation. Toutefois, tant que la vente et la consommation de tabac ne seront pas prohibées, la liberté de fumer ne pourra être aliénée. Il y a des fois où, au delà de cette liberté, l'individu expose son voisin en fumant en public. Dans certains pays comme la France, il est formellement interdit de fumer dans les endroits publics, depuis quelques années.  L'application d'une telle mesure s'est révélée salutaire, avec un changement de comportement au sein de la population. Mais ce qui est accepté en France peut prendre un siècle pour l'être chez nous.

Sur la route des Almadies

Ils sont nombreux les citadins qui prennent d'assaut les restaurants, bars, boîtes de nuits, et autres  glaciers établis sur la route des Almadies, le temps d'un week-end. Dans ces espaces fermés, pour la plupart, des clients se retrouvent autour d'un pot. D'autres envahissent les pistes de danse. Il n'est pas rare de rencontrer un grand nombre de fumeurs parmi la clientèle qui allument une cigarette en public pour assouvir leur envie. «Ici, les gens ont l'habitude de fumer. Maintenant, il revient à celui qui fume de se mettre à l'écart pour ne pas déranger les autres. Les fumeurs savent où aller», avance un tenancier de bar. En roi exigeant, le client peut se permettre de fumer à sa guise, partout, tant qu'il n'est pas inquiété par une quelconque sanction. Plus loin, toujours sur cette route des Almadies dont raffolent les adeptes du Dakar by-nigth, c'est encore le calme plat au restaurant Indochine, avant l'arrivée tardive des clients. A. T, l'un des responsables, dévoile la règle de la maison concernant la consommation du tabac. «On a quatre salles dans le restaurant dont trois pour les fumeurs et une pour les non-fumeurs. Certains préfèrent sortir pour fumer», dit-il. A quelques encablures de là, au Torino, qui est un complexe avec restaurant, salle de billard et dancing, un barman avance: «Les clients peuvent fumer partout où ils se trouvent.» Même son de cloche au Casino du Cap Vert, un milieu très prisé par la Jet-set dakaroise. Mme F. S, à l'accueil, va droit au but: «Au casino du Cap Vert, les clients peuvent fumer partout, excepté dans la salle des jeux.»

Aux heures de pause

Tendance ou phénomène de société, ils sont nombreux ces Sénégalais qui ont adopté cette propension à fumer dans des endroits publics, pour mieux prendre, dit-on, la température du bon chic-bon genre. Aux heures de pause, dans plusieurs restaurants de la capitale, des clients accrocs au tabac fument à leur aise, sans se préoccuper du voisin de la table d'à-côté. Ce n'est pas pour rien que des cendriers sont disposés sur chaque table.

En attendant que les mentalités changent pour accepter l'idée de ne plus fumer en public, comme c'est le cas en France, le Sénégal, à l'instar de la communauté internationale, continue de fêter chaque année la Journée mondiale sans tabac.

 

 

Almami Camara