La SIDH demande à l’Etat de sauver le droit à une éducation pour tous
Préoccupée par les grèves répétées dans l’enseignement public, la Société internationale pour les droits de l’Homme (SIDH) demande à l’Etat de sauver le droit à une éducation de qualité pour tous, dans un système public performant.
Des élèves, sacs au dos, bourlinguant à travers les rues de Dakar à des heures de classe. Le spectacle est devenu banal ; le constat fait état d’un échec. Le public va mal au Sénégal, il urge d’agir. Pour la section sénégalaise de la SIDH, c’est à l’Etat du Sénégal que revient le droit régalien de veiller à la sauvegarde du droit à une éducation de qualité pour tous, dans un système public performant. Se disant très préoccupée par la situation de ‘’l’enseignement public sénégalais malade des grèves cycliques’’, la SIDH a décrit un tableau de bord sombre de la situation de l’école depuis plus d’une décennie.
Une école minée par des problèmes liés au non-respect par le gouvernement des accords signés avec les syndicats d’enseignants, au non-paiement des bourses des étudiants ou au manque de professeurs pour les élèves, également aux désaccords par rapport à des réformes devant être mises en œuvre. Pire encore, la centrale syndicale Grand cadre, après avoir procédé à des débrayages et grèves, menace d’effectuer la rétention des notes et éventuellement de boycotter des examens.
Au même moment, souligne Me Ousseynou Faye, président de la SIDH : ‘’Le Syndicat autonome des enseignants du supérieur (SAES) avait décrété 72 heures de grève et menacé d’observer une grève illimitée dans les cinq (5) universités du Sénégal, avant de se raviser et de suspendre sa grève jusqu’au vendredi 13 mars 2015, pour dit-il, donner une chance aux négociations et obtenir la satisfaction de ses revendications.’’ Joignant sa voix au concert de casseroles, le Cadre unitaire syndicale des enseignants du moyen secondaire (CUSEMS) dénonce les lenteurs dans les actes de reclassement, exige l’alignement des indemnités de logements et menace d’observer une grève totale. Selon Me Faye : ‘’On constate un rapport de forces constant, entre gouvernement et syndicats de l’enseignement, qui se multiplie avec une accumulation des problèmes, de solutions éphémères, sans avancées significatives, et tout ceci au détriment du droit à une éducation de qualité pour surtout les couches sociales modestes’’.
De la responsabilité des enseignants
C’est ainsi que l’organe de défense des droits humains a rappelé que le ‘’droit à l'éducation oblige l’Etat à faire bénéficier aux populations d’une éducation, dans les conditions où il peut être réellement et pleinement accompli, afin que l’école publique reste le creuset de réalisation des rêves des communautés modestes et un outil pour asseoir l’égalité des chances’’. Ainsi, la Section sénégalaise de la SIDH demande aux ‘’autorités étatiques de faire les efforts nécessaires pour satisfaire les revendications légitimes des enseignants, des étudiants et élèves par le respect de ses engagements’’. Dans la foulée, elle a invité les enseignants ‘’quelle que soit la légitimité ou la légalité de leurs revendications, à prendre en compte l’intérêt national et ne pas perdre de vue le caractère éthique qui doit guider leurs actions’’.
La SIDH n’a pas manqué non plus de formuler des recommandations pour une sortie de crise. Sur ce, elle suggère ‘’la responsabilisation et la moralisation du secteur en combattant les pratiques illicites relatives, parfois, aux recrutements subjectifs d’enseignants, ou encore au boycott des cours publics pour lesquels des enseignants ont été recrutés et payés au profit des établissements privés’’. Ou encore, souligne Me Faye, ‘’l’ouverture d’écoles privées à côté d’établissements publics dont le but est de paralyser l’enseignement public’’. Tous les acteurs ont été appelés par cette organisation de défense des droits humains qui se veut plus proche des populations, à faire face aux nombreux défis à relever tels que les effectifs pléthoriques à réduire, la déperdition scolaire à éradiquer et la qualité de l’enseignement à relever pour se rapprocher des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD).
AMADOU NDIAYE