Publié le 22 Sep 2025 - 18:26
DEUX CRIMES EN L’ESPACE DE 48 HEURES

Ngaparou sous les feux de la rampe !

 

C’est une atmosphère macabre qui a marqué la commune de Ngaparou, cette fin de semaine. D’abord, le corps mutilé d’une dame de 43 ans dans une maison voisine a été retrouvé le vendredi matin par des membres de sa famille. Le lendemain soir, le Septembre mandingue a été endeuillé par un crime perpétré sur un Kankourang qui se serait isolé de ses accompagnants.  

 

Deux morts défraient la chronique à Ngaparou, une commune littorale du département de Mbour. D’abord, dans la nuit du jeudi au vendredi, un crime d’une rare violence a ôté la vie à Adji Marième Balla Fall, couturière établie à Somone. Selon des sources concordantes, la victime avait partagé le dîner avec sa famille avant de prendre congé pour regagner sa chambre à l’étage. Mais ce fut sa dernière soirée en vie.

Au petit matin, alors que ses proches s’inquiétaient de ne pas la voir réveillée, ils ont décidé d’aller vérifier. Le choc fut indescriptible : le corps sans vie d’Adji Marième Balla Fall a été retrouvé dans une maison voisine, avec les deux bras fracturés et deux couteaux enfoncés dans la poitrine. Une mise en scène macabre qui en dit long sur la brutalité des faits.

Adji Marième Balla Fall était connue de tous comme une dame brave, travailleuse et dévouée à son métier de couturière. Célibataire et sans enfant, elle s’était toujours battue pour s’imposer par son travail, sa dignité et son sens de l’effort. Son décès tragique laisse un vide immense au sein de sa famille et de sa communauté, où elle incarnait un modèle de courage et de persévérance.

Meurtris, proches, parents, voisins et connaissances ont accompagné la victime à sa dernière demeure dans une atmosphère lourde, entre douleur, incompréhension et colère.

Un deuxième acte tragique a eu lieu dans cette petite commune littorale à vocation touristique. Il s’agit du meurtre d’un homme nommé Seyni Mané, âgé de 27 ans. Le drame s’est produit à hauteur d’un restaurant sis au quartier Gambourouk, où le Kankourang a trouvé la mort après une violente altercation.

Il ressort de nos informations que la victime a été prise à partie par une foule déchaînée, recevant notamment des coups de briques sur la tête. Très mal en point, le Kankourang a succombé à ses blessures lors de son évacuation vers la clinique Urgence 24 de Saly-Portudal.

Après cet incident, le nommé M. Ndione, âgé de 26 ans, a été arrêté. Lui-même aurait déclaré avoir reçu plusieurs coups de machette du défunt Kankourang sous l’oreille gauche. Seyni Mané, âgé de 27 ans, faisait office de Kankourang pour le compte de l’association Woulaba Kafo. Originaire de la région de Ziguinchor, il était marié et père de deux enfants.

Les éléments de la Brigade de gendarmerie de proximité de Ngaparou, intervenus rapidement pour soustraire le suspect de son domicile familial, ont évité un bain de sang : une foule en colère menaçait de se faire justice en vengeant le Kankourang.

La survie du Kankourang menacée ?

Une enquête est ouverte pour déterminer les circonstances exactes de ce drame qui suscite de vives réactions dans la commune. Quoi qu’il en soit, la sortie du Kankourang est émaillée d’incidents depuis quelques années dans le département de Mbour, où la tension est montée d’un cran – d’abord entre entités organisatrices rivales, et souvent entre l’organisation du Kankourang et des populations civiles.

Rien qu’au premier dimanche du Septembre mandingue, un enseignant du nom d’Ibrahima Fall avait subi la furie du Kankourang au quartier Diamaguéne 2, pour la seule raison de n’avoir pas quitté la rue au moment de son passage. Pourtant, les sages de la collectivité mandingue n’ont de cesse de rappeler aux accompagnants de ménager tout « réfractaire », en formant chaque fois que de besoin une haie autour du Kankourang pour lui permettre de poursuivre son itinéraire sans être épié ou dévisagé.

En 2017, un jeune du quartier Santessou avait perdu la vie dans des circonstances troubles après avoir essayé de s’introduire par force dans le leul (foyer d’initiation du quartier), sous le prétexte qu’il se considérait comme un Selbé (initié) après avoir versé une somme exigée en la matière.

Mais de mémoire de Mbourois, jamais un Kankourang n’avait perdu la vie dans des circonstances telles que celles qui se sont produites samedi dernier à Ngaparou, un village lébou par essence.

Ngaparou, voisine de Somone – une autre commune où le Kankourang a fait aussi son apparition à la faveur de l’implantation d’une colonie mandingue –, voit ses habitants, sous le choc après ces deux événements du weekend écoulé, appeler solennellement l’État et les forces de défense et de sécurité à renforcer la protection des populations.

Ces deux communes, pourtant symboliques pour le tourisme sénégalais, semblent aujourd’hui livrées à une insécurité rampante, où des crimes aux allures sauvages se multiplient. Pour les populations, l’heure n’est plus aux discours, mais aux actes concrets afin d’éviter que de tels drames ne se répètent.

Pape Mbar Faye

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