Le taximan acquitté, après 5 ans de détention préventive
C’était le soulagement chez les proches du taximan Abdou Boye, hier à l’énoncé du verdict de la Cour d’assises de Thiès. Ils se sont réjouis du dénouement heureux de cette affaire qui a commencé le 14 janvier 2009, au cours d’une simple opération de contrôle. Alors qu’il revenait de Kaolack, en compagnie d’un client, les gendarmes de la brigade de Popenguine l’ont intercepté à hauteur de Sindian, vers 3h du matin.
A la grande surprise des limiers, le passager a aussitôt pris la poudre d’escampette, sans demander son reste. Après une fouille, les enquêteurs, attirés par l’odeur de la drogue, ont découvert 52,5 kg de chanvre indien dans la malle arrière du véhicule d’Abdou Boye. Soumis à un interrogatoire, le taximan déclare qu’un ami l’a mis en rapport avec le fugitif, à Guédiawaye.
Moyennant la somme de 50 000 F Cfa, il a accepté de convoyer de la marchandise de Dakar à Kaolack. Il ajoute que le client lui avait remis un acompte de 20 000 F Cfa. ‘’Celui qui m’a mis en rapport avec le fugitif est mon ami et j’ai confiance en lui. Je ne savais pas que je transportais de la drogue. Je n’ai pas vérifié la nature de la marchandise durant son embarcation à Kaolack’’, se défend Abdou Boye.
Le Saint-Louisien soutient qu’au moment de l’embarcation de la marchandise à Kaolack, il est allé soulager sa vessie. ‘’A mon retour, il avait déjà fini. J’ai aussitôt pris le volant, pour faire cap sur Dakar. J’avoue que j’ai été trop naïf. Je venais juste de recevoir mon permis de conduire quand j’ai été arrêté’’. Ces précisions réitérées à la barre n’ont guère touché l’avocat général qui a requis une peine de 10 ans de travaux forcés. Pour Ibrahima Ndoye, les constatations des gendarmes battent en brèche les déclarations de l’accusé.
‘’La forte odeur du chanvre indien, qui se dégageait dans la voiture, exaltait de telle manière que cela ne pouvait laisser indifférent personne’’. Il a demandé à la Cour de le déclarer coupable de détention de chanvre indien. Le ministère public a estimé qu’Abdou Boye a fait un itinéraire criminel. ‘’On ne peut se baser sur l’odorat pour condamner l’accusé à 10 ans de travaux forcés’’, s’est étranglée Me Fatimata Fall.
La défense estime que c’est l’heure qui a attiré l’attention des gendarmes et non l’odeur. ‘’Il faut de l’expérience, pour pouvoir discerner l’odeur d’une drogue’’, a souligné l’avocate avant de plaider l’acquittement au bénéfice du doute, car au-delà du doute, Me Fall a déclaré qu’il n’y aucun élément qui montre que son client est coupable. La Cour dans son délibéré a suivi la défense.
NDEYE FATOU NIANG THIES