Azoura Fall placé en garde à vue

Entendu hier sur les injures qu'il a proférées à l'endroit de l'ancien président de la République Macky Sall, Azoura a été placé en garde à vue pour diffusion de discours contraire aux bonnes mœurs. Face à ce premier verdict, l'un de ses avocats, Bamba Cissé, reste dans l'incompréhension. “Cette décision nous surprend à plus d'un titre. Parce qu’Azoura a été victime d'un système corrosif et violent. Azoura a fait l'objet d'une détention qui a duré un peu plus d'un an. Les traitements subis en prison ont forcément laissé des séquelles psychiques. C'est presque ironique de constater qu'Assane Guèye est toujours victime de ses bourreaux d'hier’’.
Contrairement à l'opinion qui voulait faire peser la thèse de la maladie, la robe noire n'a pas voulu “épiloguer sur son état de santé”, estimant que ce n'est pas utile. Rappelons que parallèlement, selon Me Cissé, son client a déposé une plainte contre Me Moussa Diop, identifié comme le diffuseur de la vidéo injurieuse.
Hormis, Me Cissé, Ciré Clédor Ly, de façon non officielle, certes, prend la défense du nommé Assane Guèye. Selon lui, c'est une victime qui a voulu prendre sa revanche sur ses bourreaux. “Il a vécu l'enfer des humiliations, de la torture et de l'isolement au point que lorsque la liberté lui fut rendue, il était complètement métamorphosé et présentait manifestement un traumatisme”. Dans son propos, l'avocat s'en prend aussi à la procédure en cours. “Sur le plan procédural, seule la victime directe d'une injure ou d'une diffamation peut porter l'action en justice et doit être entendue sur sa plainte. De mon humble avis, le procureur de la République ne peut s'autosaisir d'injures ou de diffamations lorsqu'ils ne sont pas de nature à causer un trouble à l'ordre public ou de porter atteinte aux institutions, à fortiori une personne agissant par procuration”.
Toutefois, Clédor ne cautionne pas l'attitude du mis en cause, mais ne réfute pas le caractère sélectif de la justice qui, dans son entendement, semble favoriser les anciens du régime sortant. “Certes, la loi doit être appliquée sans discrimination et dans le respect de la séparation des pouvoirs et les atteintes à la vie privée les injures par tous moyens de diffusions publics, les diffamations devront être sévèrement réprimées si l'on veut construire le pays et les poursuites ne devraient pas être sélectives, alors que l'on constate que les plus en vue dans la lutte de libération, semblent être toujours traqués par les infiltrés du système déchu”.
Enfin, l'avocat expérimenté émet un commentaire qui va sans doute susciter pas mal de commentaires. Il estime que le “système” fait de la résistance et menace le “projet”. Il l'exprime ainsi : “Par ailleurs, la réalité objective est que le système combattu est encore au cœur et à tous les échelons du nouveau système qu'il gangrène, freine et commence à pourrir. Or, ce qui est pestilentiel dans une nation doit être purgé, faute de quoi tout progrès est illusoire.”