Publié le 2 Jun 2023 - 13:20
INTERDICTION DE CIRCULATION DES MOTOS À DAKAR

Le commerce en ligne et les services de livraison à moto en panne sèche 

 

Les interdictions de circulation des motocyclettes et cyclomoteurs décrétées par le gouverneur de Dakar à la veille de chaque rassemblement et manifestation de l’opposition a fini par exaspérer les livreurs et coursiers à moto (Tiak Tiak). Ces derniers dénoncent une stigmatisation qui nuit fortement à leur gagne-pain.   
 
 
Les arrêtés répétitifs du Gouverneur de Dakar interdisant la circulation des cyclomoteurs et motocyclettes dans la capitale, à chaque rassemblement et appel à manifestation de l’opposition, ont un énorme impact sur le commerce en ligne dans la capitale. En effet, en temps normal, des centaines de motos et autres cyclomoteurs assurent le transport de milliers de colliers à travers toute la ville. Certains citadins ont aussi pris pour habitude de faire appel aux cyclomoteurs « Tiak-Tiak » pour assurer leur déplacement.
 
 Les motocyclettes et cyclomoteurs des personnels des forces de défense et de sécurité, ainsi que ceux mobilisés par les autorités sanitaires ne sont pas concernés par cette mesure. Une dérogation peut être accordée par le Préfet du Département de Dakar aux personnes dont les activités professionnelles le justifient. Cette mesure est motivée, selon les autorités, par des raisons de sécurité. 
 
Selon certaines sources, des éléments subversifs et autres casseurs utiliseraient ce moyen de transport pour se déplacer rapidement, afin de commettre leurs méfaits.  Une mesure qui a du mal à passer du côté de l’association des coursiers et livreurs de Dakar qui, lors d’une conférence de presse ce 31 mai 2023, a lancé un appel de détresse à l’Etat, avant de manifester son ras-le-bol par rapport aux arrêtés incessants qui portent préjudice à leur activité. 
 
« Nous ne travaillons pas depuis trois jours, à cause des arrêtés répétés du gouverneur interdisant la circulation des cyclomoteurs (Tiak Tiak). Ça entrave notre travail, dans la mesure où, si vous refusez d’obtempérer, on vous arrache votre moto. Et il vous faut remuer ciel et terre pour la récupérer », a déclaré Abdou Khaly Mbaye, conducteur de moto Tiak Tiak ». Avant d’ajouter : « Ce travail est une source de revenus indéniable pour beaucoup de jeunes qui aident beaucoup leurs familles. On peut finir la journée avec 10 000 Frs de bénéfices et quand il y a moins de courses, on peut finir avec 5000 frs de bénéfice. Donc, je vois mal les livreurs à moto participer à des manifestations au risque de perdre leur outil de travail et leur gagne-pain », dit-il. 
 
Dans la même dynamique Alioune Fall, président de l’Association des livreurs « Tiak Tiak » du Sénégal, indique que sa structure qui compte près de 563 livreurs dénonce une stigmatisation des conducteurs de motos. « Cet arrêt a gravement affecté notre activité et celui de plusieurs entreprises de ventes en ligne, des traiteurs et des services de repas pour les entreprises. Je pense qu’il est inadmissible de vouloir indexer les (Tiak Tiak) qui utilisent leurs motos pour gagner leur vie.  Je pense que l’Etat dispose de tous les moyens nécessaires pour sécuriser les populations et les biens publics, au lieu d’indexer les livreurs à moto », a-t-il soutenu. 
 
Joint au téléphone Babacar Ndiaye, propriétaire d’une entreprise de vente en ligne spécialisé dans les articles informatiques, nous indique que cette interdiction de circulation des motos « Tiak Tiak » nuit fortement au business. « Depuis ces interdictions, on est obligé de rallonger les délais de livraison de nos produits, car on ne peut plus faire appel aux livreurs. Et comme les commandes n’attendent pas forcément, ça impacte négativement notre commerce », affirme-t-il. 
 
Dans certains cas, on est même obligé de demander aux clients de venir chercher le produit, ce qui n’est pas souvent facile, précise-t-il. « Il faut que les autorités prennent conscience qu’il y a un tout un système économique qui s’est greffé autour de cette activité de vente en ligne. Donc, il est de la responsabilité de l’Etat de veiller à son bon fonctionnement », conclut-il.
 
AMADOU FALL

 

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