Le coup de gueule des magistrats
Les magistrats sénégalais ne sont pas contents et ils l'ont fait savoir dans leur dernier communiqué...qui n'est pas tendre
''Des magistrats qui, pour avoir rendu des décisions de justice selon leur conscience, ont fait l’objet d’attaques répétées dans la presse, émanant de justiciables, de journalistes, d’hommes politiques, et même d’un député du groupe parlementaire majoritaire, en violation flagrante de la séparation des pouvoirs, sans que le Ministère de la Justice et les chefs de cour n’aient daigné s’en offusquer''.
C'est le constat fait dans un communiqué du Bureau exécutif de l'Union des magistrats du Sénégal (UMS) qui menace, par le même canal, de riposter aux attaques dont les magistrats sont victimes. Le manque de respect à l'autorité judiciaire qu'ils incarnent est en fait le fil d'Ariane de la sortie des ''robes rouges''.
Qui regrettent que le manque de concertation soit devenue une pratique ''récurrente dans la prise de décisions concernant les magistrats''. Ainsi, si les magistrats ne déchirent pas le projet de la Commission nationale de réformes des institutions, ils estiment qu'on aurait plutôt dû prendre en compte les réflexions déjà entamées sur le sujet, depuis une dizaine d'années.
Pour eux, des documents, fruits de réflexions, dorment depuis belle lurette dans les tiroirs de la justice. Il suffit, selon l’Ums, de les dépoussiérer pour enclencher une véritable ''réforme du système judiciaire'', qui intégrerait ''la suppression des liens de subordination avec le pouvoir exécutif et une gestion transparente de la carrière des magistrats fondée sur le mérite, la compétence et la probité''.
L'Ums s'est aussi offusquée de la récurrence de la libération conditionnelle alors que les personnes concernées ont été condamnées dans le cadre ''d'affaires d’une extrême gravité''. ''Depuis quelques mois, le bureau exécutif de l’Union des magistrats sénégalais (Ums) a noté avec l’opinion publique que le ministère de la Justice a procédé à la libération conditionnelle de plusieurs détenus, parmi lesquels des individus bénéficiant d’une certaine notoriété'' impliqués dans ''des affaires d’une extrême gravité», rappelle le bureau exécutif de l’Ums.
Or, souligne la même source, ''les règles applicables pour la mise en liberté conditionnelle n’ont pas toujours été respectées''. L’Ums qui parle d'empressement de la Chancellerie, qui ''ne recueille pas toujours l’avis de la commission pénitentiaire de l’aménagement des peines'', charge ainsi le Ministère de la Justice qui libère ainsi ''en toute illégalité'' des personnes ''ne remplissant pas les conditions légales ou d’autres jugées dangereuses par les organes compétents''.