Deux enseignants dépouillent 22 personnes de 7 millions F Cfa
Une vingtaine de personnes voulant se rendre en Amérique du Sud ont été escroquées d’une valeur de 7 millions Cfa par Saloum Fall, directeur d’une école de la banlieue et son collègue A. L. Camara. Le premier est en fuite, le second a été déféré au Parquet.
Il y a une dizaine de jours, six personnes dont un marabout et un conseiller municipal ont été déférés pour les délits d’escroquerie de visas. Le lundi dernier, les éléments du commissariat de Pikine ont mis la main sur une autre bande d'experts en escroquerie au visa. Au moment où l'enseignant A. L. Camara attend en prison d'être édifié sur son sort, Saloum Fall, présenté comme le cerveau de la bande, a pris la clef des champs depuis qu’il a appris l'arrestation de son associé.
Au début du mois de février, M. Diaw, un entraîneur de football qui veut faire voyager son fils, apprend par un de ses joueurs qu'un certain A. L. Gadiaga est un agent recruteur pour des clubs étrangers. Au cours d'un rendez vous, A. Gadiaga demande la somme de 1,1 million, tous frais compris, pour le voyage. Séance tenante M. Diaw remet 80 000F. Quelques jours plus tard, l'agent recruteur appelle l'entraîneur pour lui apprendre que le visa pour le Brésil, la destination qu’il a choisie pour son fils, est effectif et qu’il doit à nouveau verser 500 000 francs, pour l’achat du billet d’avion. Il lui déclare que l’embarquement est fixé pour la semaine suivante.
Après cet épisode, malgré de nombreux rendez-vous, l'agent ne put respecter son engagement, jusqu'au 19 avril où A. Gadiaga envoya un message à l'entraîneur pour lui dire que l’embarquement de son fils était prévu dans la nuit du 22 avril. Pour en être sûr, l'entraîneur se rend chez l'agent qui lui confirme le contenu du message. Le jour de l'embarquement, M. Diaw et son fils se rendent très top à l’aéroport, ils y restent jusque très tard dans la nuit, sans voir l’ombre d'un A. Gadiaga. Le lendemain, le père furieux se rend au domicile de l'agent absent.
22 ''pigeons'' pour 7 millions F Cfa
‘’Il ne m’a jamais montré le visa, encore moins les documents de voyage. Je lui ai remis la somme de 580 000 F. Je sais qu’il est en contact permanent avec un certain Saloum Fall’’, a déclaré le sieur Diaw devant les enquêteurs de la police. À son tour, A. L. Gadiaga a reconnu les faits et avoué qu'il travaillait avec Saloum Fall. ‘’Je suis rabatteur depuis un an. Je suis en contact avec Saloum Fall, un ancien collègue qui m’a fait savoir qu’il était en partenariat avec une société qui se trouve en Argentine et qui cherche de la main d’œuvre. Il est chargé de recruter les candidats désirant s’expatrier en Amérique du Sud’’, a-t-il déclaré face aux hommes du commissaire Waly Camara.
Selon l’enseignant, Saloum Fall, directeur d’une école privée nommée ‘’Compétence’’, lui a dit que ses partenaires réclament la somme d’un million par dossier dans lequel il peut gagner une commission de 200 000F. Dans ce sens, poursuit-il, il a eu à contacter 22 personnes et a encaissé la somme totale de 7 millions. ’’Au fur et à mesure que j’encaissais les fonds, dit-il, je récupérais ma commission et je reversais le reste au nommé Saloum Fall. Je dois préciser que le voyage vers l’Amérique existait bel et bien, car je connais deux personnes qui en ont bénéficié. C’est ce qui m'a d’ailleurs motivé à chercher des candidats. Souvent, il me disait qu’il se rendait chez son partenaire qui se trouve à Thiès’’ a-t-il poursuivi.
Le directeur est un récidiviste
I. Tall, présenté comme un collaborateur du directeur d'école Saloum Fall, a nié être de concert avec lui, même s'ils se connaissent, partageant le même établissement scolaire. Lorsque le directeur a été séquestré en mi-avril par ses clients, il a révélé que c'est lui qui l'a aidé à sortir de ce pétrin.
Ainsi, à défaut de mettre la main sur le cerveau de cette escroquerie, la police a mis la main sur sa femme, une certaine Kh. Cissé qui a déclaré n’être pas au courant des activités délictuelles de son époux. ‘’Mon mari s’est converti dans le courtage de visas, il y a de cela 3 ans. Il a été interpellé pour des faits d’escroquerie au visa et incitation à l’immigration clandestine. Après son élargissement de prison, je pensais qu’il allait cesser cette activité délictuelle. Des jeunes viennent à la maison pour lui réclamer de l’argent et leurs passeports. Je dois vous dire qu’il m'arrive de recevoir de ces jeunes des enveloppes, sans que j'en connaisse le contenu. Je les remets à mon tour, à mon mari’’.
A l’en croire, c’est après que son époux a été informé de l’arrestation de A. L. Gadiaga qu’il a quitté tôt la maison pour se rendre à Thiès et il est injoignable. Enseignant en Éducation physique, A. L. Gadiaga, âgé de 30 ans, a été déféré au parquet pour les délits d’escroquerie, incitation à l’immigration clandestine, faux et usage de faux, complicité d’escroquerie et de faux et usage de faux.
CHEIKH THIAM
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