Publié le 10 Jul 2023 - 20:55
KOLDA - SANTÉ ET HYGIÈNE MENSTRUELLE

Les conséquences d’un sujet tabou

 

Au Fouladou, la menstruation continue d’être un sujet tabou à l’école. Certaines adolescentes en ont honte. Elles manquent en moyenne cinq jours de classe par mois, à cause de leurs menstruations. Fort de ce constat, le centre-conseil adolescent (CCA) appuie des familles à soutenir leurs filles en période de menstrues.

 

À Kolda, certaines adolescentes peuvent s’adonner à des relations sexuelles transactionnelles pour acheter des produits hygiéniques, ce qui est susceptible de mettre en péril leur vie et leur santé en augmentant le risque de grossesse, d’infection et de violence.  L’absence de gestion de l’hygiène menstruelle (GHM), notamment l’indisponibilité de points d’eau et d’installations sanitaires sûres dans les écoles, associée à la stigmatisation entourant la menstruation, pousse les filles à rester à la maison et à manquer l’école. 

Lorsqu’elles doivent choisir entre s’occuper de leur santé menstruelle et subir la honte et l’humiliation à l’école, les filles préfèrent sacrifier leur éducation. En outre, lorsque les jeunes filles ont leurs règles, il arrive qu’elles soient empêchées de participer à de grands événements, de se baigner ou de cuisiner, parce qu’elles sont considérées comme impures.

Isolées des autres et privées de leur dignité humaine fondamentale, les jeunes filles sont souvent mises à l’écart de la société, et ce à plus d’un titre. Faire face au problème de la santé et des droits menstruels est une question de Droits de l’homme. Ainsi, le coordonnateur du centre de conseils pour adolescents (es) de Kolda plaide pour un meilleur accompagnement des parents afin qu’ils puissent à leur tour aider leurs filles à améliorer leur hygiène menstruelle.

‘’Chaque famille doit soutenir sa fille pendant ses menstrues’’

‘’Appuyons les familles à soutenir leurs filles pendant leurs menstrues, c’est mettre à disposition des serviettes hygiéniques réutilisables avec un renforcement de capacité sur le cycle et l’hygiène menstruels’’, insiste Babacar Sy.

À Kolda, une fille leader et collaboratrice du CCA, du nom de Hawa Diassy,  en a fait son cheval de bataille. Elle multiplie les causeries et les sensibilisations couplées à la distribution de serviettes hygiéniques dans la périphérie, pour une meilleure prise en charge de cette problématique.

Les enseignants, les entraîneurs sportifs et les autres membres de la communauté sont invités à parler de la menstruation comme étant un processus normal et à aider tout le monde à comprendre comment gérer les règles. Ceci permettra d’aider les jeunes filles à se sentir fortes, informées et à ne pas avoir honte de cette fonction physiologique tout à fait normale. ‘’Plus elles seront informées et préparées, et plus nous déstigmatiserons la menstruation, plus elles pourront se défendre et protéger leur santé’’, expliquent les acteurs.

Protéger la santé menstruelle

Selon les organisateurs, la santé menstruelle doit être abordée de manière holistique ; les décideurs politiques, les prestataires de soins de santé, les éducateurs, les responsables communautaires et les individus peuvent entreprendre des actions pour protéger la santé menstruelle. 

À noter qu’au plan politique et gouvernemental, quelques pays accordent un congé menstruel qui consiste à permettre un arrêt de travail pour des raisons de dysménorrhée (règles douloureuses). D’autres pays ont cessé de taxer les produits de gestion des menstruations, reconnaissant le caractère discriminatoire de ces taxes à l’égard des femmes et des jeunes filles.

NFALY MANSALY

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