Publié le 31 Mar 2024 - 21:55
LAÏCITE & RITUELS POLITIQUES

La République à l’épreuve des réalités sociologiques

 

Si des rituels peuvent passer par des fêtes, des cérémonies, ils peuvent aussi être transmis par des opérations électorales. D’aucuns parlent même de théâtralisation du politique, de « pouvoir sur scène » en évoquant les tournées des hommes politiques. Il ne faut pas cependant voir dans le Pouvoir qu’une sorte de paraître. On a davantage affaire à des symboliques politiques qui produisent des effets. Dans ce lot, la prestation de serment présidentiel.

 

Au Sénégal, les évènements de 1962 ne sont pas étrangers à l’introduction du serment dans la Constitution. Le 1er Président de la République du Sénégal, feu Léopold Sédar Senghor, a semblé vouloir apporter une réponse définitive au débat qui a vu jour en décembre 1962 et relatif à la primauté du droit partisan sur le droit constitutionnel (primauté des institutions partisanes sur les institutions constitutionnelles) ». Le président-poète a prêté serment pour la première fois en décembre 1963, à l’Assemblée nationale, devant la Cour suprême. Le président Abdou Diouf a sacrifié à la tradition à la Cour constitutionnelle en 1988 et en 1993. Le président Abdoulaye Wade a prêté serment en l’An 2000 et en 2007 au stade de l’Amitié rebaptisé Léopold Sédar Senghor, devant le Conseil des sages. Le président Macky Sall a prêté serment à l’hôtel King Fahd Palace en 2012 et au Centre des expositions de Diamniadio en 2019. Le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye compte sacrifier à cette tradition de prestation de serment, le mardi 2 avril 2024 au Centre international de conférences Abdou Diouf (Cicad) de Diamniadio. Le serment présidentiel est régi par l’Article 37 alinéa 1 de la constitution qui dispose que « le Président de la République est installé dans ses fonctions après avoir prêté serment devant le Conseil Constitutionnel en séance publique ». L’alinéa 2 en fixe le libellé en ces termes : « Devant la nation Sénégalaise, je jure de remplir fidèlement la charge de Président de la République du Sénégal, d’observer comme de faire observer scrupuleusement les dispositions de la Constitution et des lois, de consacrer toutes mes forces à défendre les institutions constitutionnelles, l’intégrité du territoire et l’indépendance nationale, de ne ménager enfin aucun effort pour la réalisation de l’unité africaine ».

Rituels répubicains

Le Droit constitutionnel définit la République ou « res publica » comme étant un régime politique non héréditaire, une organisation politique qui fixe les modalité d’exercice du pouvoir qui est chose publique (intérêt général) et où les détenteurs du pouvoir l'exercent non en vertu d'un droit propre, tel le droit divin, mais en vertu d'un mandat conféré par le corps social. Au Sénégal, il y’a une sorte de rapport de verticalité, d’entrelacement, de communion voire de relation ambivalente du motif religieux et de l’intentionnalité profane. En effet, si l’Islam (95% de musulmans à majorité confrérique) et le christianisme (4% de la population), en tant que religions dominantes sont désinvestis, elles restent toutefois le terreau des racines socio-culturelles sénégalaises. Ce qui traduit le paradoxe d’une république du Sénégal, culturellement enracinée dans une religiosité désinvestie et qui, pourtant est consacrée « laïque, démocratique et sociale », telle que stipulée à l’article 2 de la Constitution. Sous ce rapport, la laïcité, héritée de l’ancienne puissance coloniale, n’a pas effacé, en décrétant la séparation de l’Eglise et de l’Etat, une dimension religieuse qui est consubstantielle au projet républicain. Il n’y a donc pas de différence de nature entre les rites politiques des sociétés traditionnelles incarnéespar Thierno Souleymane Baal et l’Université de Pire et ceux qui nous sont contemporains, comme le serment du président nouvellement élu Bassirou Diomaye Diakhaar Faye, dont la cérémonie est prévue ce mardi 2 avril 2024.

Malamine CISSE

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