En juin 2022, l’encours de la dette estimé à 11 326 milliards F CFA
Pour l’exercice 2023, le projet de loi des finances est arrêté à la somme historique de 6 411,5 milliards F CFA. Bâti sur une prévision de croissance de 10,1 %, contre 4,8 % en 2022. Toutefois, il faut rappeler qu'au mois de juin 2022, l’encours de la dette totale de l’Administration centrale du Sénégal, constituant le référentiel en la matière, était estimé à 11 326 milliards F CFA.
Au Sénégal, l'encours de la dette est projeté à 11 447,2 milliards F CFA à fin décembre, soit 67,9 % du PIB. Ce qui est inférieur à la norme communautaire (70 % du PIB). Il représente également ce que le Sénégal a décaissé et qu’il n’a pas encore remboursé à la fin des mois de juin et décembre de l’année.
Ainsi, au 30 juin 2022, l’encours de la dette du Sénégal, dette totale de l’Administration centrale, qui constitue le référentiel en la matière, était estimé à 11 326 milliards F CFA. Le ministre des Finances et du Budget, Mamadou Moustapha Ba a, en effet, rappelé aux parlementaires que la dette transcende les régimes politiques. Elle est intergénérationnelle. Actuellement, dit-il, il y a au moins plus de 150 milliards inclus dans l’encours, alors que la dette a été contractée avant la première alternance survenue en 2000. Selon lui, aujourd’hui et jusqu’en 2026, le Sénégal va continuer de payer la dette de la construction des barrages de Diama et de Manantali.
Ainsi, le service de la dette, à la différence de l’encours, représente le montant payé chaque année pour le remboursement de celle-ci. Et au titre de l’exercice 2022, il s’élève à 1 693,9 milliards F CFA. Ce qui n’a donc rien à voir avec les montants avancés par certains parlementaires, déclare le ministre des Finances et du Budget dans un communiqué parvenu à notre rédaction.
La viabilité de la dette
La viabilité de la dette étant la capacité du pays à faire face à ses échéances à court, moyen et long terme. Ainsi, explique M. Ba, il y a deux indicateurs, à savoir la valeur actuelle nette de la dette extérieure rapportée à la richesse nationale d'où le taux prévu est de 55 %, alors que le Sénégal, avec 49,7 %, est en dessous du seuil et de la valeur actuelle nette de la dette extérieure rapportée aux exportations des biens et services qui doit être à 240 %. Le Sénégal est à 212,98 %.
En outre, le service de la dette extérieure, rapporté aux exportations de biens et services, qui doit être de 21 % et le Sénégal est à 17,96 % ; de même que le service de la dette extérieure, rapporté aux revenus budgétaires, doit être de l’ordre de 23 % et le Sénégal est à 16,72 %. Ces indicateurs, dit-il, illustrent à suffisance que le Sénégal est confortable. Ce que le ministre des Finances et du Budget traduit en ces termes : ‘’La politique de l’endettement du Sénégal est saluée par les meilleurs juges, les prêteurs eux-mêmes.’’
Selon le ministre, "il faut préciser que, depuis 2012, le Sénégal a drastiquement baissé son niveau d’endettement. La hausse annuelle de l’encours a été de 21,8 % en moyenne, durant la période 2007-2011, alors qu’elle est de 14,1 % sur la décennie 2012-2022".
Une stratégie d’endettement devenue beaucoup plus modérée
In fine, poursuit-il, la stratégie d’endettement est beaucoup plus modérée, beaucoup plus prudente que par le passé. "Notre pays poursuivra une politique prudente d’endettement privilégiant le recours accentué à des emprunts concessionnels, les emprunts non concessionnels n’étant retenus que pour les investissements à un niveau de rendement très élevé. L’amélioration significative des recettes résultant de la mise œuvre de la SRMT devra permettre de limiter, à terme, le recours à l’endettement", soutient le ministre des Finances et du Budget.
À la question de savoir à quoi a servi la dette du Sénégal, la réponse coule de source. Grâce à la dette, “notre pays a pu rattraper son retard en termes d’infrastructures. Si le régime du président Macky Sall a réussi à construire 2 526 km de routes, c’est en partie grâce à la dette. Il en est de même pour ce qui est des 189 km d’autoroutes. Grâce à la dette, notre pays s’est offert le premier Train express régional d’Afrique de l’Ouest. Une infrastructure de référence, qui a totalement révolutionné la mobilité urbaine dans la capitale sénégalaise et sa banlieue. Grâce à la dette, le Sénégal disposera, à partir du deuxième semestre de l’année 2023, de Bus Rapid Transit, qui fonctionnent à l’électricité et qui ne polluent pas. C’est également avec la dette que le président Macky Sall a réussi à réaliser 6 673 km de pistes pour désenclaver les zones de production. Et en plus de la réalisation de 667 km de pistes par an, un programme spécial de désenclavement de plus de 2 000 km est en cours, avec différentes boucles et dorsales en chantier", rappelle Mamadou Moustapha Ba.
Sur l’énergie, indique-t-il, il a été noté une nette amélioration, avec la puissance électrique installée de la Senelec qui a atteint le niveau record de 1 689 mégawatts en 2021. "Il fallait, pour le Sénégal, s’endetter pour réaliser des forages partout dans le monde rural. Ce qui a fait passer le taux de l’hydraulique rurale de 80 à 96,5 % actuellement. La dette a par ailleurs été utile pour bâtir des écoles, construire 35 897 salles de classe. Il fallait aussi cet endettement pour construire des instituts supérieurs d’enseignement professionnel afin d’améliorer la carte universitaire avec une offre de formation de qualité à travers le pays. Enfin, comme l’a résumé M. Bâ, ‘’nous nous endettons parce que les besoins sont immenses et la prise en charge ne peut pas attendre’’, dit-il.
BUDGET 2023 Les chiffres clés Pour l’exercice 2023, les dépenses sont établies à 5 141,9 milliards F CFA, contre 4 702,9 milliards pour l’année 2022, soit une augmentation de 439 milliards F CFA (+9,3 %). Elles sont réparties comme suit : dépenses sur ressources internes estimées à 297,1 milliards F CFA, représentant 84 % des dépenses totales. Cette prédominance des ressources internes témoigne de l’avancée significative vers une véritable souveraineté budgétaire. De même, les dépenses sur ressources extérieures sont à 667,9 milliards F CFA. Ainsi que 176,9 milliards F CFA des comptes spéciaux du Trésor. L'amortissement de la dette est de 1 269,6 milliards F CFA. De plus, les recettes du projet de loi de finances pour 2023 sont arrêtées à 4 096,4 milliards F CFA, contre 3 647,8 milliards pour l’année 2022, soit une augmentation de 448,6 milliards F CFA (+12,3 %) ; 3 640,5 milliards F CFA contre 3231,1 milliards de recettes internes en 2022 ; les dons budgétaires et en capital sont à 279 milliards F CFA contre 266 milliards F CFA en 2022. Le déficit budgétaire est projeté à 5,5 % contre 6,2 % en 2022. L’objectif, selon le ministre des Finances et du Budget, est aussi de le ramener et de le contenir, à terme, en dessous de 3 %, à la faveur des réformes engagées sur la fiscalité et la gestion budgétaire. Les bonnes perspectives en matière de recettes internes en 2023 sont expliquées par l’accélération de la mise en œuvre de la stratégie des recettes à moyen terme (SRMT), qui fédère et coordonne l’action des services de l’État pour une mobilisation efficiente des ressources publiques. |
FATIMA ZAHRA DIALLO (STAGIAIRE)