’’La peur doit être dans le camp de la démocratie’’
Pour faire face à la menace terroriste, le Premier ministre Mahammed Dionne invite l’Afrique à mutualiser ses efforts.
C’est parce que le continent africain a trop souffert des conflits de toute nature que les Etats ont décidé d’y remédier. Le Forum international de Dakar sur la Paix et la sécurité, qui s’est ouvert hier, a donc servi de cadre aux 300 experts du monde pour ‘’mieux appréhender les aspects sécuritaires’’ dont les contours ont été esquissés lors du sommet de l’Elysée tenu le 7 décembre 2013. Venu présider la cérémonie d’ouverture, le Premier ministre, Mahammed Dionne pense que la prise en compte des défis sécuritaires est une condition préalable à tout processus de développement socio-économique.
‘’La situation en Afrique devient préoccupante à la lumière des nombreuses crises qui constituent le quotidien des Etats en proie au terrorisme et à ses phénomènes annexes favorisés par la porosité des frontières, la circulation des armes, la faiblesse des institutions, et parfois le déficit démocratique’’, a déclaré le chef du gouvernement sénégalais. De l’avis de ce dernier, c’est la mutualisation des efforts qui a permis d’arrêter la montée des islamistes au Mali. Et à ce propos, M. Dionne déclare: ’’La peur doit être dans le camp des promoteurs du terrorisme (…) et non dans le camp de la démocratie’’.
‘’Langage de vérité’’
Mais cela nécessite une coopération internationale, de l’avis du ministre français de la Défense. Pour Jean-Yves Le Drian,’’une gestion strictement nationale des enjeux de sécurité est une illusion’’. Car, dit-il, ‘’le terrorisme n’a pas de frontière ; elle se nourrit de la porosité des frontières’’. Dès lors, deux défis restent à relever par la France. ‘’Le premier défi, indique le ministre français, est d’amplifier nos efforts en faveur de l’Afrique (…). Le second défi, c’est de faire de la coopération la règle et non une exception’’. Mais, poursuit-il, pour réussir de tels paris, ‘’les Etats doivent sortir des sentiers battus et se tenir un langage de vérité’’.
L’ambassadeur chinois Zhong Jinanhua, envoyé spécial pour l’Afrique, n’a pas fait lui dans la langue de bois lors de son intervention. A l’en croire, on ne peut pas régler la question de l’insécurité avec des ‘’solutions simplistes’’. Ainsi, aux yeux du diplomate chinois, il faut tenir compte de la spécificité de chaque pays. ‘’Il faut faire très attention. Nous avons eu des histoires douloureuses. Chaque culture peut avoir sa propre caractéristique pour trouver ses solutions. La communauté internationale doit respecter le leadership africain’’, conseille M. Jinanhua.
Pour sa part, le commissaire à la Paix et à la sécurité de l’Union africaine, Smaïl Chergui, a insisté sur la nécessité de mettre à la disposition de la CARIC (Capacité de réponse immédiate aux crises) des ressources financières pour la rendre opérationnelle. A ce propos, l’ancien président nigérian, Olusegun Obassanjo, a renvoyé la balle aux chefs d’Etats africains à qui il dit avoir proposé un modèle de financement (Taxe sur les billets d’avion, dons…).
En tout cas, pour le Premier ministre Mahammed Dionne, ‘’le meilleur remède aux crises en Afrique consiste sans nul doute à les prévenir’’. Pour ce faire, il faut agir sur leur cause profonde qui ont pour noms : ‘’la pauvreté, la faim, les inégalités sociales, la gouvernance, les violations des droits de l’Homme, les difficultés liées à la dévolution du pouvoir’’.
DAOUDA GBAYA