Lettre ouverte au Secrétaire General du Parti de l’indépendance et du travail (Pit)
Cher camarade,
Par la présente, je voudrais attirer votre attention sur la situation politique interne à notre parti, le PIT-Sénégal. Si j’ai choisi de m’adresser à vous par une lettre ouverte, c’est d’abord parce que l’avenir de notre parti me préoccupe beaucoup en tant que jeune militant révolutionnaire mais, ensuite, parce que je n’ai pas l’espoir que si je m’adresse en ce moment aux instances appropriées, je serai écouté à la mesure du poids et de la considération que j’accorde personnellement à ma lettre.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, je voudrais vous rappeler que j’ai adhéré au PIT-Sénégal lors du Camp de vacances de la section des pionniers qui s’est tenu à Popenguine en 2009. Je me rappelle que la première fois que je vous ai rencontré et, fier d’avoir en mains ma carte rouge de militant communiste révolutionnaire, vous m’avez fait savoir que le PIT-Sénégal est un parti politique qui se bat exclusivement pour la démocratie, la justice sociale, l’égalité des chances, la paix civile et la redistribution équitable des richesses produites collectivement par les citoyens de notre pays. Vous aviez ajouté que la lutte contre la mainmise du capital transnational et de l’impérialisme français sur nos ressources économiques demeure, en tout point, l’épine dorsale de la lutte politique dans laquelle les militants du parti se sont engagés depuis la création de celui-ci en 1957.
La corruption généralisée érigée en règle de gouvernance publique depuis notre indépendance, le pillage systématique de nos ressources économiques par la bourgeoisie politico bureaucratique et les couches parasitaires qui gravitent autour d’elle, l’émancipation de la classe ouvrière, la libération des paysans pauvres, la lutte contre l’exclusion sociale, le chômage et la pauvreté qui frappent de plein fouet des pans entiers de notre société, vous m’aviez décrit tous ces faits comme étant les raisons fondamentales de la lutte que le PIT-Sénégal poursuit sans relâche, en respect strict de l’engagement de ses pionniers révolutionnaires.
J’ai le regret de constater que, depuis l’élection de Macky Sall à la magistrature suprême de notre pays, ce parti s’éloigne progressivement de ces valeurs fondatrices pour lesquelles, avant et après mon adhésion, des milliers et des milliers de militants ont rejoint nos rangs, chacun à son tour, pour contribuer au changement social véritable dans notre pays.
Cet éloignement de l’épicentre de nos valeurs fondatrices et la résistance acharnée que lui opposent de nombreux camarades militants qui cherchent, en ce moment, à ramener notre parti au centre de ses valeurs, sont à l’origine de problèmes internes sérieux et préoccupants qui démobilisent en ce moment de nombreux camarades étriquent, à terme, de paralyser la dynamique interne de nos instances révolutionnaires.
Le soutien de notre parti à la politique économique néolibérale du Président Macky Sall et de son parti est, pour tout dire, à l’origine de tous ces problèmes. En effet, le Président Macky Sall et son parti applique une politique économique qui n’a pas amélioré le sort des ouvriers ni celui des paysans, encore moins des éleveurs, des femmes et des jeunes de notre pays. À l’instar de celles qui l’ont précédé, cette politique est entrain de détruire les ressorts économiques de notre tissu industrie qui est, lui aussi, entrain d’être saucissonnée et d’être vendue aux plus offrants des aventuriers économiques du capital transnational. Toutes choses qui conduisent au désespoir et à la désolation que ne peuvent, dans nos villes et nos campagnes, cacher les chiffres mirobolants que les parangons du régime ont agité ces derniers temps pour prouver vainement aux sénégalais que leur pays est en pleine «croissance» économique et quel’«Émergence» est à nos portes.
Pour les jeunes filles et garçons de ma génération, cette politique est symbole de désespoir. Et ce désespoir les pousse, chaque année en plus grand nombre, à chercher à fuir le Sénégal au péril de leur vie, au lieu d’y vivre et de faire face à la précarité et à la déconsidération sociale dont ils sont les victimes permanentes.
Dans ce contexte, nombreux sont les camarades frustrés qui n’acceptent pas qu’un groupuscule minoritaire au sommet de notre parti chante, au nom de notre parti, les louanges de Macky Sall et tente - par tous les moyens, y compris la génuflexion, la coterie, l’intimidation et l’argument d’autorité - d’imposer leur vision minoritaire du parti.
Le pays tout entier a en effet été témoin, récemment, d’un événement spectaculaire (notamment le meeting de Thiès en soutien à la candidature de Macky Sall en 2017) qui a indigné beaucoup de camarades et poussé certains à démissionner du parti ou à geler leurs activités militantes en guise de protestation contre cet événement qui n’a fait l’objet de discussion préalable dans aucune instance interne appropriée.
Il s’y ajoute que le fait que le Secrétariat du Comité central, qui est pourtant chargé de régler la vie du parti entre deux congrès souverains, n’ait pas réagi avec la rigueur nécessaire face ces évènements condamnables, a convaincu nombre de camarades que le PIT-Sénégal s’aplatit de toute sa longueur devant les forces du capital et, au contact avec le régime du Président Macky Sall, renie petit à petit ses propres convictions révolutionnaires de gauche au profit des idéaux du libéralisme économique.
Cher camarade, dans quelques mois se tiendra certainement le 6e congre du PIT-Sénégal. En tant que secrétaire général sortant, j’espère que lors de cette activité importante, vous saurez jouer votre rôle de régulateur du parti. Au regard du mécontentement de nombreux camarades à propos de la dynamique du parti et notre politique de soutien au régime présidentiel, j’espère que vous saurez éviter, à la fin de votre mandat, les risques de scission qui planent à l’horizon.
Plus que par le passé, notre parti a en effet besoin d’unité et d’un large rassemblement interne pour faire front, résolument à gauche, contre les politiques néolibérales de droite que le régime du Président Sall applique sans discernement à notre pays, sans concertation aucune avec notre parti ni avec les partis politiques et les coalitions de partis qui l’ont porté au pouvoir.
Puis-je espérer qu’au sortir de ce Congrès tant attendu, le PIT-Sénégal se dote enfin d’une nouvelle direction qui rassemble, à gauche, les militants de tout bord ? Notre parti a effectivement besoin de tous ses militants pour faire face à la difficile tâche de réorganisation politique mais, également, à la massification de ses structures internes en vue d’aider notre peuple à lutter contre les forces du capital et leurs valets locaux qui s’emparent de l’économie de notre pays avec une agressivité sans précédent.
J’ose voir dans ce congrès qui pointe à l’horizon une occasion unique pour renouveler nos instances et insuffler du sang neuf et frais dans la haute direction du parti afin que nous continuions, ensemble et la main dans la main, de bâtir un PIT-Sénégal vivant, dynamique et combatif dont l’action sera exclusivement mise au service de notre peuple.
Dans l’attente d’une suite favorable à mes demandes, je vous prie, Monsieur le secrétaire général, de croire en l’assurance de mes sentiments respectueux.
Ndiasse NDIAYE
Jeunesse révolutionnaire du P.I.T Tel : 77 796 59 02