Publié le 4 May 2023 - 22:23
LIBERTÉ DE LA PRESSE

Le colonel Wardini invite les journalistes à beaucoup plus de responsabilité

 

À l'occasion de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, la Cap a organisé, hier, un panel sous le thème "Les restrictions à la liberté d'expression : quel équilibre entre sécurité nationale et droit à  l'information". Une occasion pour l'un des panélistes, ancien directeur général de la Dirpa, colonel Wardini, d'inviter les jeunes journalistes de savoir ce qu'ils disent et avoir des preuves de ce qu'ils affirment.

 

Hier, la Journée mondiale de la liberté de la presse a été célébrée un peu partout dans le monde. Au Sénégal, la Coordination des associations de presse (Cap) a célébré la journée en organisant un panel sous le thème "Les restrictions à la liberté d'expression : quel équilibre entre sécurité nationale et droit à  l'information". Une thématique largement débattue par les différents panélistes. Lors des discussions, l’ancien directeur général de la Direction de l'information et des relations publiques (Dirpa), colonel Wardini, a invité les journalistes de savoir ce qu'ils disent, avoir des preuves de ce qu'ils affirment, pour ne pas tomber sous les coups de la diffamation.

Parce que, dit-il, ça ne les valorise  pas et ne les fait pas grandir. "Vous voulez informer le peuple. C'est votre devoir, nous avons besoin d’être informés, mais informez-nous juste. Ce que je vous demande, c’est juste de prendre votre temps et d'aller à la bonne source, pour donner une information que vous pourrez défendre demain", recommande-t-il. 

À son avis, la liberté de la presse ne signifie pas que l'on peut tout dire au détriment de l'intérêt national. Pour mieux exercer leur métier, M. Wardini demande aux journalistes de savoir comment fonctionnent certaines institutions comme l’armée. "Par exemple, on ne peut pas permettre à un journaliste, quel qu'il soit, d'être parmi les rangs de l'armée en temps de crise, de filmer et de révéler par exemple les couloirs logistiques de nos forces. Ce n’est pas possible. Ce n’est pas parce qu’on veut entraver votre travail, mais parce que c’est la vie des gens qui est en jeu",  informe-t-il. Avant d'ajouter : ‘’J’encourage tout le monde, si vous pouvez voir avec les forces de défense et de sécurité un modèle de collaboration, ne serait-ce que pour la formation ou bien l'imprégnation des journalistes dans le milieu pour qu'on discute. Je pense que c’est de bonnes pratiques".

Selon  le colonel Wardini, il serait bien que les hommes de médias et les FDS puissent s'asseoir sur une table, discuter pour leur montrer comment l'armée travaille.

"La Cap exige l'application des nouveaux textes" 

Par ailleurs, à l'heure où, partout dans le monde, on célèbre la Journée internationale de la liberté de la presse, un journaliste sénégalais est encore dans les liens de la détention, déplore la Cap. Selon l’organisation, la presse sénégalaise vit des heures difficiles. Ainsi, compte tenu de cet environnement tendu et menaçant pour tous les journalistes, la Coordination des associations de la presse (Cap), réclame la libération de notre confrère Pape Ndiaye et l'arrêt des poursuites contre Babacar Touré et Pape Allé Niang.

Dans le même ordre d'idées, la Cap invite les autorités à protéger l'intégrité physique des professionnels des médias. "Nous exigeons l'application des nouveaux textes qui régissent notre profession, notamment la nouvelle convention collective. Nous estimons également qu'il est temps de finaliser les travaux sur l'élaboration de la loi sur l'accès à l'information avec une implication des acteurs des médias, afin qu'elle puisse être votée et mise en œuvre dans les plus brefs délais", soutient  la Cap.

L’organisation a profité de la journée pour lancer un appel à tous les professionnels des médias à s'impliquer activement dans les travaux des assises de la presse qui vont bientôt démarrer. Dans la même  foulée, la Cap invite tous les confrères et consœurs à se mobiliser pour continuer à lutter pour la préservation des acquis et l'ensemble des droits des journalistes et techniciens des médias.

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Abdou Karim FOFANA, Ministre du Commerce, de la Consommation et des PME, Porte-parole du Gouvernement

Le Sénégal respecte la liberté de presse par principe et non par souci d’un quelconque classement

 « Attraire un journaliste devant la justice pour obtenir réparation est un droit inaliénable. S’adresser au CORED est une garantie que l’auteur de l’agression par voie de presse ne pourra même pas invoquer une atteinte à la liberté d’informer. Jugé par ses pairs et dénoncé publiquement par ses confrères et consœurs, jusque dans l’organe diffuseur des éléments constitutifs du délit, le fautif n’aura pas d’autre choix que de s’amender ou risquer de devoir, en cas de sanction extrême, s’éloigner du travail des journalistes ».

Cette citation de Mame Less Camara lors de l’installation du premier tribunal des pairs en 2014 et que rappelle le Secrétaire général du Synpics, lors de son allocution du 1er mai devant le Président de la République, est la meilleure réponse à Reporters Sans Frontière qui confond volontairement délit de presse et délit commis par voie de presse. Quand le CORED capitule devant les excès de la liberté de presse, l’Etat et les citoyens ne peuvent que recourir à la justice. Dans aucune démocratie, la presse n’est une zone de non droit. Aux Etats-Unis et en France, comme dans toutes les démocraties, les journalistes répondent de leurs actes devant la justice.

Aux Etats Unis, une journaliste du New York Times avait été envoyée en prison pour avoir refusé de dévoiler sa source, sans que personne ne parle de recul de la liberté de presse. En France récemment des journalistes du Monde ont été inculpés pour avoir violé le « secret-défense ». En matière de liberté de presse, le Sénégal n’a de leçons à recevoir d’un pays ni d’aucune organisation.

Le gouvernement du Sénégal est attaché à l’Etat de Droit, au respect des droits de l’homme à la liberté d’opinion et à la liberté de presse par principe et pour la vitalité de sa démocratie et non par préoccupation d’un quelconque classement. Le gouvernement du Sénégal encourage vivement la tenue des assises de presse qui, selon le SG du Synpics, « ne règleront pas tout, tout de suite. Mais leur tenue est d’une nécessité pour marquer la volonté de notre pays, de retrouver sa Presse d’Antan.

Une presse sans connivence avec aucun des segments de notre société, une Presse sans complexe et sans peur, une Presse qui, en toute responsabilité, assure un pluralisme de l’information et assume sa mission de n’être qu’au service exclusif du Public dans son acception la plus diverse qui soit ». Il est crucial que tous les acteurs de la presse retrouvent les vertus et l’éthique de la presse d’antan et les prochaines assisses de la presse sont une excellente occasion pour repartir sur de nouvelles bases. Un dernier constat s’impose : si les médias internationaux choisissent d’installer leur bureau régional à Dakar ou d’y trouver refuge, ce n’est pas seulement pour la douceur du climat de notre capitale, mais aussi et surtout pour un autre climat : celui de la liberté’’.

FATIMA ZAHRA DIALLO (STAGIAIRE)

 

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