200 milliards F CFA investis par l’USAID au Sénégal, en 16 ans
La directrice Nora Madrigal renseigne que l'USAID a investi au Sénégal 365 millions d'euros, soit 200 milliards F CFA, dans la lutte contre le paludisme, en 16 années. Le défi, pour une élimination complète de la maladie, reste l’atteinte des populations des coins les plus reculés et difficiles d’accès.
La Journée mondiale de lutte contre le paludisme, célébrée hier dans le monde, le sera le 6 mai prochain au Sénégal. La cérémonie est prévue à Diourbel. En prélude à cette journée, le ministère de la Santé et de l'Action sociale (MSAS) a offert, hier, des vélos, des outils de gestion, de communication, des habits de pluie aux dispensateurs de soins à domicile (DSDOM) des régions de Diourbel, Sédhiou, Kolda, Tambacounda et Kédougou, qui effectuent un travail essentiel de prévention et de contrôle des maladies de l’enfance et plus particulièrement du paludisme, dans le cadre de l’Initiative du président des États-Unis contre le paludisme (PMI) et du Programme national de lutte contre le paludisme du Sénégal.
Depuis son lancement au Sénégal en 2007, le PMI a, selon Nora Madrigal, investi plus de 365 millions de dollars américains, soit plus de 200 milliards de francs CFA dans la lutte contre le paludisme. ‘’Nous sommes très fiers des réalisations remarquables du PNLP qui a amené près de la moitié du pays à un statut de pré-élimination du paludisme. La lutte contre le paludisme et la couverture sanitaire universelle ne peuvent être achevées sans atteindre les populations inaccessibles aux services de santé de base. Ainsi, les agents communautaires deviennent des acteurs clés dans la lutte contre la maladie et du paludisme en particulier. En effet, près de 20 % de ces cas de paludisme sont détectés au niveau communautaire par les dispensateurs de soins à domicile, à travers la prise en charge à domicile. Cette dotation de vélos arrive à son heure et permettra à ces acteurs communautaires incontournables de travailler dans de meilleures conditions, notamment pour les ratissages en vue de la détection des cas de paludisme et leur réapprovisionnement en médicaments et autres intrants. Ces vélos constituent une solution importante et écologique pour fournir des services de santé essentiels aux populations rurales’’, a indiqué la directrice.
Elle invite les acteurs communautaires à travers le (PNLP) et les districts concernés à faire bon usage de ce matériel pour mieux répondre aux attentes des populations couvertes. ‘’Ensemble, nous pouvons réduire le fardeau du paludisme au Sénégal et faire progresser le pays du statut de préélimination dans lequel il se trouve actuellement vers le statut d'élimination. Je réaffirme l’engagement de l’USAID, à travers le financement du PMI, à accompagner l’État du Sénégal dans son objectif d'élimination du paludisme à l'horizon 2030’’ a-t-elle promis.
‘’56 285 cas de paludisme ont été enregistrés et pris en charge’’ en 2021
Pour sa part, le ministre de la Santé et de l’Action sociale a souligné l’importance de la rencontre : un moment fort pour évaluer les progrès et les réussites réalisés par notre pays pour combattre le paludisme. Dans ce sens, Dr Marie Khémesse Ngom Ndiaye a rappelé les efforts soutenus et croissants que l’État du Sénégal consacre pour réduire les charges de morbidité et de mortalité liées au paludisme. ‘’Plus spécifiquement, le chef de l’État, en demandant au MSAS de renforcer les interventions dans la lutte contre le paludisme auprès des communautés et des personnes vulnérables, a inscrit l’élimination de cette maladie dans les objectifs de développement à la portée du Sénégal. Au-delà, vaincre le paludisme relève de l’ambition de notre pays à faire de la couverture sanitaire universelle une réalité nationale’’, dit-elle.
Ainsi, compte tenu des rôles et des responsabilités attribuées à la communauté dans la lutte contre le paludisme, le ministère, souligne la ministre, a entrepris de sensibiliser les partenaires au développement sur l’importance capitale des interventions à base communautaire. Car, conformément aux dispositions de son Plan national de développement sanitaire et social (PNDSS) 2019-2018, les populations sont organisées autour des structures sanitaires de base, notamment les cases, postes et centres de santé, pour initier et mettre en œuvre des activités de prévention et de prise en charge précoce des cas de paludisme.
Cette approche, indique Marie Khémesse Ngom Ndiaye, justifie l’identification et la désignation des dispensateurs de soins à domicile. ‘’Quoi de plus exaltant donc qu’en cette Journée mondiale de lutte contre le paludisme, les dispensateurs de soins à domicile bénéficient d’une facilitation concrète pour leurs déplacements dans les concessions et les ménages, à travers une dotation en vélos ! C’est le message que PMI/USAID a traduit en acte et je m’en réjouis, par l’achat et la mise à la disposition du MSAS de 2 000 vélos destinés aux dispensateurs de soins à domicile des régions de Kédougou, Kolda, Sédhiou et Tambacounda, pour un coût estimé à 200 millions de francs CFA’’.
En effet, selon le ministre, ‘’dans ces quatre régions, un total de 191 886 patients toutes affections confondues ont été vus par les dispensateurs de soins à domicile en 2021. Parmi ces cas, 56 285 cas de paludisme ont été enregistrés et pris en charge correctement selon les directives du PNLP. Le taux de guérison était de 99,9 % (56 265/56 285). Ces résultats fort intéressants dénotent que les DSDOM représentent un levier important dans la lutte contre le paludisme en impactant sur la mortalité et la morbidité’’.
Au quotidien, souligne Marie Khémesse Ndiaye, les DSDOM assurent la prise en charge active du paludisme dans les zones enclavées, d’accès difficile et dépourvues de structures sanitaires à travers des visites à domicile et des ratissages. ‘’Ces vélos vont donc, non seulement faciliter les déplacements lors des activités de la PECADOM, mais également constituer une source de motivation pour ces acteurs communautaires’’.
La ministre demande, ainsi, aux médecins-chefs de région et de district ainsi qu’aux infirmiers-chefs de poste d’accompagner les DSDOM pour une bonne utilisation de ces vélos.
‘’Au demeurant, le défi majeur de notre pays reste l’élimination du paludisme à l’horizon 2030, suivant la volonté du président Macky Sall et avec le soutien de l’OMS et de tous les partenaires techniques et financiers du MSAS. C’est pourquoi la combinaison des efforts de toutes les forces vives de notre pays, avec l’accompagnement efficace des donateurs bilatéraux et multilatéraux, nous permettra, j’en suis persuadée, d’impulser une dynamique nationale qui nous confortera dans l’élimination du paludisme à l’horizon 2030’’, déclare la ministre.
Elle ajoute : ‘’Pour atteindre cet objectif d’élimination du paludisme, nous avons besoin de la participation de l’ensemble des acteurs (autorités administratives, élus locaux, professionnels de santé, organisations communautaires de base, autorités religieuses et coutumières, secteur privé). Nous pouvons bien relever cet énorme défi si nous restons tous, toujours mobilisés.’’
CHEIKH THIAM