Publié le 5 Dec 2016 - 17:46
MACKY SALL A LA 5ème ÉDITION UNIVERSITÉ RÉPUBLICAINE DE LA COJER

‘’Je n’aimerais pas que ma victoire soit entachée’’

 

C’est un président de la République confiant et offensif qui s’est adressé ce samedi à la jeunesse de son parti, lors de la 5e édition de l’Université républicaine de la Convergence des Jeunesses Républicaines (Cojer) sur le thème : « An 2 du Pse : bilan et perspectives ». Tantôt pédagogue ou sévère, en s’adressant à ses jeunes militants qui s’écharpent pour le contrôle de la Cojer ; tantôt sérieux ou railleur, il a fait, à sa manière, le compte rendu de sa rencontre avec l’opposition regroupée au sein de Mankoo wàttu Senegaal. Il se dit extrêmement sûr de sa victoire en 2019 et enjoint tous les responsables à descendre sur le terrain pour piloter l’inscription des militants sur les listes  électorales.

 

Après deux ans de mise en œuvre, le Plan Sénégal Emergent (Pse) a été porté à l’école, ce week-end à Saly, lors de l’Université Républicaine de la Convergence des Jeunesses Républicaines (Cojer). Ceci, pour faire le bilan et dégager des perspectives concernant les grandes réalisations du Pse, de 2014 à 2016. Sous une tente archicomble, militants et griots ont fait le show, avant que le président de la République ne prenne le relais. Auparavant, il a appelé au calme. ‘’J’aimerais solliciter votre silence. Vous êtes à l’Université Républicaine. Quand on est à l’université, on est un étudiant. On doit étudier et pour étudier il faut écouter les communications qui sont faites et arrêter le brouhaha et le désordre qui ne sont pas dignes de notre de notre assemblée.’’ Cette première saillie allait donner le ton de discours.

Mais avant, le calme revenu, un hommage a été rendu aux disparus, notamment Fatoumata Mactar Ndiaye, 5ème vice- président du Cese, disparue récemment dans des conditions tragiques. Une minute de silence a été observée. Puis, le président a fait cette annonce. ‘’En cette occasion solennelle, je voudrais proposer au Parti de baptiser le nom de notre permanence nationale, en lui donnant le nom de feu Fatoumata Mactar Ndiaye. Notre permanence sise à Sacré-Cœur désormais devra être appelée Permanence feu Fatoumata Mactar Ndiaye, en hommage à son action et surtout en hommage à l’action de tous nos disparus. Dieu les accueille en son Paradis éternel.’’

Cela dit, le Chef de l’Etat a abordé de nombreux sujets dont le Dialogue National. Faisant le compte-rendu de sa rencontre avec Oumar Sarr et Cie, Macky Sall a souligné qu’il est important de travailler ensemble avec tout le monde pour l’atteinte des objectifs politiques. Raison pour laquelle, dit-il : ‘’le dialogue national institué, le 28 mai 2016, se poursuit à travers le dialogue politique qui a abouti à ma rencontre avec l’opposition, il y a deux jours, pour lui donner satisfaction sur presque toutes ses doléances’’. ‘’La transparence du processus électoral ne pourra pas nous opposer. Je n’aimerais pas que ma victoire et celle de notre camp soient entachées par quelque prétexte que ce soit’’, a-t-il ensuite raillé. Toujours faisant l’économie de sa rencontre avec Mankoo wàttu Senegaal, il a révélé : ‘’L’opposition a indiqué qu’il ne faut pas demander à l’électeur de confirmer son élection. Je suis d’accord et des instructions ont été données pour que, désormais, dans les commissions, le citoyen qui vient s’inscrit. A la fin du processus, nous verrons ce que donnera le nouveau fichier.’’

Le président de l’Apr d’ajouter que ‘’le dialogue n’est pas que politique. Il y a beaucoup de choses qui ont été dites et ce serait long de revenir sur cette importante rencontre que j’ai eue avec l’opposition’’. Toutefois, il a tenu à renseigner qu’ils se sont entendus ‘’sur l’essentiel’’. ‘’C’est le plus important, parce que nous travaillons tous pour consolider la démocratie sénégalaise. Le dialogue national, c’est aussi le dialogue économique entre l’État et les acteurs économiques, en particulier le secteur privé créateur de richesses et d’emplois. Le dialogue, c’est aussi le dialogue social entre l’État, les partenaires sociaux, syndicats et patronats. A ce niveau, nous avons, non seulement mis en place des structures essentielles comme le Haut conseil du dialogue social (HCDS), mais nous avons également engagé des concertations pour apaiser le climat social, arriver à la Charte de stabilité économique et de convergence sociale pour pouvoir créer les conditions de mettre le pays au travail dans la sérénité.’’

‘’La violence, l’insolence, l’insouciance seront combattues férocement’’

Ensuite, abordant d’autres questions politiques, cette fois-ci internes, le président Sall a insisté pour que la jeunesse de son parti soit ‘’une jeunesse modèle’’. ‘’Ce n’est pas dans l’invective et dans les quolibets que vous répondrez à ces objectifs’’, a-t-il lancé. D’ailleurs, dans ce même registre, le président du Conseil Départemental de Mbour, Saliou Samb, a prévenu ses camarades : ‘’Nous devons apprendre à vivre comme des frères, sinon nous allons mourir comme des idiots.’’ A travers ces propos empruntés à Martin Luther King, il a enjoint les responsables apéristes à se retrouver et à travailler pour la concrétisation des projets du parti. Car dans la salle, certains jeunes n’ont cessé de conspuer la coordonnatrice nationale Thérèse Faye Diouf. Ce qui a outré Macky Sall qui est d’avis que la désunion est un ‘’péril’’ qui ‘’risque de guetter’’ son parti, si ‘’des mesures fortes’’ ne sont pas prises pour ‘’mettre un terme à cela’’.

Là, le Chef de l’Etat n’y est pas allé du dos de la cuillère pour mettre en garde ses partisans. Car, convaincu que pour bâtir un Sénégal émergent, il faut se soumettre au culte du travail. Après avoir rappelé les conditions douloureuses dans lesquelles l’Apr a été créée, Macky Sall a martelé : ‘’Je souhaite qu’on arrête ces comportements. On ne saurait accepter des comportements qui vont nous ramener en arrière. La violence, l’insolence, l’insouciance seront combattues férocement et je mettrais les dispositions qu’il faut pour que tout responsable, jeune ou adulte, qui travaille à faire perdre le parti, soit sévèrement puni et sanctionné.’’

‘’Si Thérèse doit quitter la Cojer, ce sera ma décision, pas la vôtre’’

Selon lui, le salut et la particularité de son parti résident dans le fait qu’aucune élection n’a été faite pour désigner un responsable, à l’exception du président du parti. ‘’C’est par la confiance en vos leaders, par le choix du président du parti, par l’acceptation des responsables et des militants, que les responsabilités ont été distribuées. Donc demain, si Thérèse doit quitter la Cojer, ce sera ma décision pas la vôtre’’, a-t-il prévenu. Ovationné par la salle, le président Sall a poursuivi, en précisant que ‘’c’est extrêmement important. Elle a été choisie, comme Mame Mbaye Niang a été choisi responsable national des jeunes du parti ; comme tous les responsables ont été désignés. Vous comprenez que le moment n’est pas de dire qu’on va renouveler telle ou telle structure. Il faut que cela soit très clair. Aucune structure du parti ne sera renouvelée jusqu’en 2019’’, a-t-il ajouté, tout en précisant que ‘’cela ne veut pas dire que, lorsque arrivera le moment pour certains de quitter la structure de jeunes, ils ne la quitteront pas. Nous l’avons déjà fait avec Abdou Mbow. Mais ce n’est pas à vous d’organiser des rencontres qui finissent dans la violence. Ce n’est pas à vous donc de changer votre responsable nationale que vous n’avez pas désigné. Il faut que les gens sachent raison garder.’’

L’urgence, selon le Chef de l’Etat, est à la mobilisation collective et individuelle des militants et des responsables pour inscrire les citoyens sur les listes électorales. ‘’Enrôler les citoyens ! Voilà ce qui est attendu de vous. Ce qui est attendu de chaque responsable, c’est de descendre dans sa base, dans sa commune. D’ailleurs, pour le moment, je ne veux même pas de caravane qui sillonne dans le vide et dans le vent. Les responsables sont invités de rester chacun dans sa collectivité et d’organiser l’inscription massive des militants et des citoyens sur les listes électorales. Voilà le mot d’ordre qui est donné aux responsables du parti, qu’ils soient ministres, députés, conseillers économiques ou hauts conseillers, qu’ils soient étudiants, élèves.’’

Les chiffres du PSE pour la Jeunesse

‘’De la première à la présente édition, le temps ne s’est point arrêté. Les universités républicaines restent, à la fois pertinentes, vivaces et très utiles pour notre jeunesse. C’est en effet, une école du savoir, une école de l’expérience partagée. C’est par le brassage des jeunes de toutes les régions du pays et des jeunes de la diaspora, une école de l’unité et de la solidarité, une école de la fraternité’’, a dit Macky Sall devant les jeunes de son parti. Avant de donner des chiffres sur les acquis du Pse concernant la jeunesse.

‘’Depuis 2012, des réformes hardies ont été opérées dans tous les secteurs de l’éducation et de la formation, désormais, hautement imprégnés de nos besoins de développement. En 2012, lorsque nous arrivions, il n’y avait que 12 000 places dans la formation professionnelle. Aujourd’hui, nous sommes à 42 000 places. L’objectif est d’atteindre au plus vite les 100 000 dans la formation professionnelle. Nous avons construit deux universités spécialisées dans le domaine de l’agriculture et des technologies de l’information et de la communication, 17 lycées techniques, et 7 lycées professionnels en cours de construction. Nous avons créé aujourd’hui 32 nouveaux brevets de techniciens supérieurs (Bts) pour la formation professionnelle’’, dit-il.

Mieux, continue le leader de l’Apr, ‘’nous venons de mettre à la disposition du ministre de la Jeunesse et de la Construction citoyenne 3 milliards de francs CFA destinés aux financements de jeunes, suite à une demande du Conseil national de la jeunesse (Cnj). D’ici la mi-décembre, le ministre pourra financer l’ensemble des projets agréés pour donner un coup de pouce à la jeunesse de notre pays’’. Il nous faut, au-delà de la formation professionnelle, favoriser les filières scientifiques et techniques, sans aucunement négliger les autres filières, littéraires notamment. Nous devons nous donner les moyens de construire notre développement. Là aussi, des réformes sont en cours pour que l’enseignement des sciences et de la technique soit privilégié, dès le collège, pour pouvoir avoir une masse critique de compétences techniques et scientifiques’’, explique-t-il.

Entre autres axes stratégiques du Pse, le président de l’Apr cite : ‘’l’accès au service de santé, d’eau potable, d’assainissement, de protection sociale des travailleurs, la protection de l’environnement et l’amélioration constante du cadre de vie’’. Pour dire qu’il compte sur la jeunesse. ‘’Toutes les expériences en matière d’émergence et de développement ont clairement indiqué, partout à travers le monde, que le capital humain n’est pas seulement un facteur entre autres facteurs’’, a-t-il ajouté.  A la suite du Chef de l’Etat, la coordonnatrice nationale, Thérèse Faye Diouf, a souligné que, dans l’histoire du Sénégal, jamais de tels mesures et programmes n’ont été réalisés. ‘’Les signaux de l’émergence sont tous aux verts’’, a-t-elle affirmé. 

 

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