Publié le 28 Feb 2022 - 19:19
MALICK NGING (SUPERVISEUR PASA LOUGA)

‘’Notre objectif était de faire du maraichage dans la zone continentale’’

 

Arriver à faire de la région de Louga une zone semi-aride, un endroit où le maraichage reste rentable, c’est l’objectif visé par le Projet d’appui à la sécurité alimentaire. C’est ce qu’a indiqué le superviseur régional du volet Eaux souterraines du Pasa Loumakaf à Louga, Malick Nging dans un entretien avec ‘’EnQuête’’.

 

Actuellement à Louga, beaucoup de personnes ont commencé à faire du maraichage dans la zone continentale. D’habitude, signale le superviseur régional du volet Eaux souterraines du Pasa Loumakaf dans la région, les gens faisaient du maraichage sur la face maritime à Potou et à Lompoul. ‘’C’était notre objectif de faire du maraichage dans la zone continentale et je pense qu’on a réussi. Ces fermes apportent beaucoup, concernant la couverture végétale durant toute l’année.

Il y a 21 fermes qui sont installées à Louga. Nous avons des conseillers agricoles qui sont chargés de l’encadrement de ces fermes. Nous travaillons également avec des services techniques comme les eaux et forêts, l’Ancar, la DRDR, l’IMP, pour appuyer les producteurs. Face au changement climatique, nous avons essayé avec nos conseillers agricoles, d’appuyer ces producteurs et c’est dans ce cadre que nous avons diminué l’utilisation du gasoil dans les fermes, en mettant en place un système solaire’’, explique Malick Nging.

Selon le superviseur régional du volet Eaux souterraines du Pasa, ils sont en train de travailler avec des partenaires pour l’installation de fosses pour le compost pour enrichir le sol. Au-delà, il y a des parcs arboricoles avec des citronniers. Et M. Nging assure qu’avec ces arbres, l’érosion éolienne est ‘’un peu maitrisée’’.

‘’Pour la couverture végétale, ce n’est pas encore intégral, mais durant l’année, nous arriverons à couvrir toute la parcelle et à avoir des intensités culturales de 1,2 et cela veut dire que presque toute la surface sera emblavée’’, dit-il.

Mais des défis restent encore à relever dans la mise en œuvre du projet, reconnait-il. Il s’agit notamment, selon M. Nging, de la disponibilité de l’eau. ‘’Nous avons la possibilité de faire des forages. Ce qui va nous aider à gagner le premier challenge de l’installation des fermes dans ces zones. Le Sénégal a un grand potentiel d’eau souterraine qui est inexploité et on ne peut le faire qu’avec des forages. Avec des fermes maraichères dans la zone de Linguère, notamment dans le ‘triangle de la soif’, nous avons mis en place plusieurs fermes. Ce qui permet aux populations d’avoir accès à l’eau. C’est ce qui était leur principale contrainte. Avec la sécheresse, il y a peu d’eau pendant l’hivernage et après l’hivernage, elles n’arrivaient même pas à avoir assez d’eau, même avec les rares mares qui se formaient pendant l’hivernage’’, notifie-t-il.

Le Pasa est, en fait, un bras technique de l’Agence nationale d'insertion et de développement agricole (Anida). D’après le chargé de l’Organisation des producteurs en sociétés coopératives à la Direction régionale du développement rural (DRDR) de Louga, il y a, par endroits, des fermes où les agropasteurs font des cultures hivernales à côté du maraichage pour booster la production, mais aussi les revenus des bénéficiaires. Ces derniers sont choisis au préalable selon certains critères. ‘’Les cibles sont des ménages les plus pauvres.

Nous sommes dans une zone menacée par le changement climatique. Mais les agropasteurs s’adaptent en plantant des arbres qui permettent de protéger le maraichage, et cela ne donne que de bons résultats. Il y a aussi, avec ce projet, une politique de renforcement de la fertilité du sol, surtout en utilisant davantage les engrais organiques à la place du chimique. Ce sont là des actes qui vont vers la résilience face au changement climatique, en mettant l’accent sur le bio. Grâce à ces pratiques, des produits de certaines fermes sont amenés dans des foires internationales pour exposer leurs manières de faire par rapport à l’agriculture traditionnelle’’, relate Lamine Dabo.

Avant l’arrivée du projet, ce dernier précise que les zones dans lesquelles les fermes sont installées étaient ‘’très hostiles’’ à l’agriculture à cause du climat, de l’environnement, de l’écosystème. Les sols étaient complètement nus, ensoleillés. ‘’Mais depuis l’implantation de ces fermes, il y a un changement, grâce aux activités de changement d’écosystème, en faisant d’abord de sorte que les endroits qui doivent abriter les fermes soient propices à l’agriculture et au maraichage.

Les variétés les plus adaptées dans cette zone sont la tomate, le gombo, les aubergines de mer, les aubergines, la salade. A Vélingara Tall, les femmes ont bénéficié d’une formation en transformation de produits locaux et elles arrivent maintenant à transformer leurs produits. Ce qui rend les choses plus rentables. Avant l’arrivée du Pasa, les femmes avaient un désir ardent de faire du maraichage. Mais il leur manquait quelque chose. Il s’agit de la formation sur les bonnes pratiques agricoles.  Mais également, par rapport aux pratiques agroécologiques’’, poursuit M. Dabo.   

Aujourd’hui, grâce aux meilleures pratiques agricoles et une bonne politique, le chargé de l’Organisation des producteurs en sociétés coopératives à la DRDR trouve qu’il est possible au Sénégal, d’atteindre l’autosuffisance alimentaire, notamment avec l’agriculture écologique. ‘’Il suffit que cela soit une option politique. On doit pouvoir dépasser l’agriculture familiale pour aller vers l’agriculture industrielle, en tenant compte des différentes chaines du maillot, des semences jusqu’à la commercialisation, en passant par la transformation. Il faut qu’on change aussi la mentalité des Sénégalais, afin qu’ils comprennent que l’agriculture est le creuset de richesses inépuisables pour tous ceux qui veulent se développer, surtout les pays comme le Sénégal’’, défend-il.

 

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