Des initiatives pour venir en aide aux étudiants coincés au sein de leur université
Bloqués au sein de leur université, suite aux récentes manifestations sanglantes, bon nombre d’étudiants ont eu toutes les peines du monde pour rentrer chez eux, alors que les campus sont fermés. Ainsi, des cagnottes ont été lancées pour affréter des bus. Comme pour casser les bonnes initiatives, les fake news se sont multipliées.
Beaucoup d’étudiants se sont retrouvés bloqués dans leur université, lors des manifestations qui ont suivi le verdict du procès Ousmane Sonko-Adji Sarr. L’accès dans les campus sociaux désormais interdit jusqu’à nouvel ordre, pour des raisons sécuritaires, ils sont nombreux à éprouver de la peine pour rallier leur région d’origine.
‘’A l’Ucad, les étudiants sont priés d’évacuer le campus ce vendredi (2 juin) dès 8 h par le Centre des œuvres universitaires de Dakar. Bagages en main, désemparés et surpris par la décision, ils partent chez eux un peu partout au Sénégal. Certains n’ont nulle part où aller’’, avait alerté un étudiant, dès que la décision a été prise.
Étudiante en première année à la faculté de Droit de l’université Gaston Berger de Saint-Louis, Mamy Diawara est confrontée à cette situation pénible. Originaire de la Casamance, elle a décidé de rester à Saint-Louis. Pour le moment, elle s’est fait héberger par son grand frère pour se tirer d’affaire. ‘’Les étudiants ont eu de gros problèmes pour rentrer chez eux, parce qu’il y a eu du retard sur le paiement des bourses’’, a-t-elle expliqué à ‘’EnQuête’’. Pis, à l’UGB, depuis un certain temps, les étudiants déplorent un manque d’eau criant. Ils ont aussi des difficultés pour se nourrir, avec la fermeture des restaurants dans les différentes universités publiques du pays. Sur Twitter, la page ‘’Joueurs sénégalais’’ a témoigné : ‘’Nos frères et sœurs de l’Ucad n’ont rien à manger depuis ce matin et sont enfermés dans l’université.’’
Face à cette situation, pour venir en aide aux étudiants, des campagnes de collecte ont été lancées sur Internet. Mamadou Diakhaté dit ‘’Niintche’’ et Sophia Guèye (présidente de l’association Les racines de l’espoir) se sont particulièrement distingués. Chacun de son côté, avec son équipe, a offert des solutions de transport gratuit pour que les étudiants puissent rentrer chez eux. Ainsi, des bus ont été affrétés. Pour chaque voyage, le point de départ a été annoncé sur les réseaux sociaux. Ensuite, les initiateurs ont fait le point, par souci de transparence. ‘’Journée d’hier : Ziguinchor (2 personnes) ; Kaolack (5 personnes) ; Kolda (5 (personnes) ; Matam (60 personnes) ; Kédougou (11 personnes) ; Kaffrine (2 personnes) ; Ngaye (1 personne). Trois bus de 65 places… 3 bus de 65 places : Kaolack, Fatick, Dakar ; 3 bus de 65 places Ziguinchor, Dakar, Ziguinchor’’, a indiqué Niintche sur son compte Twitter, les premiers jours de l’opération.
Rien que mercredi, l’initiateur du Clean Up Challenge et fondateur de l’association Simple Action informait de la disponibilité de bus (Ziguinchor, Dakar, Saint-Louis / Dakar, Louga, Thiès) et d’un minibus (Ziguinchor, Matam, Podor). Il a aussi indiqué que 16 personnes ont reçu le billet de retour après sollicitation.
Au total, renseigne M. Diakhaté, 131 étudiants ont été évacués et que le travail continue.
Les étudiants n’ont pas manqué de témoigner leur gratitude, pour montrer à Niintche et Cie que leurs actions sont importantes et reconnues. Ainsi, des influenceurs connus et d’autres personnes venues de nulle part ont aussi lancé des cagnottes.
À cet effet, certains ont réclamé la paternité de cette volonté d’apporter du secours aux étudiants en détresse. Ce qui a fait naître la jalousie. ‘’Il y a des influenceurs qui disent que c’est eux. Amna gnou gnemé nak (il y a des gens qui sont audacieux)…’’, s’est indignée Sophie Guèye en taguant Niintche. Se sentant visée, l'influenceuse Faaynara a apporté des précisions. ‘’Depuis le début de l'événement, je me suis engagée parce que je me considère comme une Sénégalaise, une fille du peuple. C’était primordial pour moi d’apporter ma pierre à l’édifice’’, dit-elle.
‘’J’ai rejoint les organisations pour aider les étudiants, notamment pour leur transport. Donc, je rejoins Sophie Guèye et Niintche qui ont pris les devants pour organiser les bus pour les ramener chez eux’’, a-t-elle poursuivi non sans inviter tout un chacun, surtout les membres de sa communauté, à agir pour rétablir la justice et la paix dans ce pays.
Des fake news
D’ailleurs, face à la multiplication des lancements de cagnottes, Niintche et Sophie Guèye ont décidé d’unir leurs forces. ‘’À un moment donné, il faut s'unir pour être plus fort. Nous faisons la même chose, nous avons les mêmes objectifs. Nous avons travaillé ensemble et on continue à le faire pour le bien-être de la communauté, comme d'habitude’’, a expliqué M. Ndiaye.
Comme pour casser cette dynamique, les fake news se sont multipliées. D’abord, il a été annoncé que le gouvernement a pris en charge tous les étudiants qui ont eu des difficultés pour rejoindre leurs domiciles respectifs. Cette infirmation, qui n’a en réalité jamais été annoncée à la télé, comme on a tenté de le faire croire, a été démentie. Il a aussi été indiqué qu’une personne s’est enfuie avec une cagnotte qui devait servir à aider des étudiants de l’UGB. ‘’Si vous connaissez un certain Papy Sylla à l’université Gaston berger, nous lui avons donné 700 000 F CFA pour louer des bus et depuis lors, il est injoignable’’, avait-on soutenu.
Une fake news très répandue, alors que jusque-là, personne ne s’est enfui avec une quelconque cagnotte.
BABACAR SY SEYE