Publié le 10 Apr 2025 - 23:53
MARIÉE DE FORCE ET ENCEINTE D’UN AUTRE HOMME

A. Dieng et un de ses amants condamnés à huit mois de prison

 

Mariée de force, influencée selon ses dires par un de ses amants, en l’occurrence El. M. Kane, A. Dieng a reconnu avoir pris des médicaments pour interrompre une grossesse de cinq mois. Le parquet a requis deux ans de prison ferme contre elle et son petit ami, tandis que ses avocats plaident l’erreur de jeunesse et la pression sociale.

 

A. Dieng a comparu en tenue simple, l’attitude posée. À la barre, elle n’a pas tenté de se dérober. Chaque mot, chaque détail, elle les a livrés avec calme, comme si raconter les faits était aussi une manière de se soulager. Née en 2004, domiciliée à Fann Hock, elle est poursuivie pour avoir utilisé des médicaments en vue d’un avortement. ‘’J’étais en couple avec Moustapha Dieng et c’est lui qui m’a enceintée. Mais, entre-temps, j’ai renoué avec El. M. Kane, mon ex. Je lui ai parlé de ma grossesse. Il m’a promis de s’en occuper’’, a-t-elle déclaré d’une voix claire. Un jour, celui-ci lui a rendu visite, lui a remis trois comprimés. Elle a hésité. Il a insisté pour qu’elle les prenne. Elle a fini par céder.

La suite s’est passée dans la douleur. ‘’Vers 3 h du matin, j’ai senti quelque chose sortir de moi ». Transportée à l’hôpital, la sage-femme a compris tout de suite. Face aux questions, A. Dieng a parlé sans détour. Elle a tout expliqué : la relation avec Moustapha, la rupture, le retour d’El. M. Kane, les médicaments et, surtout le fait qu’elle n’ait jamais voulu de ce mariage imposé, jamais consommé.

Sa tante, a-t-elle raconté, était au courant de la grossesse. Mais dans sa tête, la jeune femme n’était pas prête à affronter la clameur populaire. À seulement 20 ans, elle voulait, dit-elle, ‘’se révolter’’ contre une vie qu’elle n’a pas choisie.

El M. Kane, lui, a nié toute pression. Né en 1992, électricien de profession, il a assuré que c’est  sa petite amie qui a voulu avorter, qu’ils sont même allés ensemble à Keur Serigne Bi acheter les comprimés, avec l’argent donné par Moustapha. Ce dernier, cité comme témoin, a soutenu le contraire. Il a déclaré avoir remis de l’argent à A. Dieng pour une simple consultation, ignorant totalement son intention d’interrompre la grossesse.

Le parquet ne doute pas. Pour lui, les faits sont clairs. Les prévenus ont reconnu leur implication, même s’ils tentent aujourd’hui de minimiser leur rôle respectif. ‘’Ils n’avaient pas le droit d’empêcher cet enfant de naître’’, a martelé le représentant du ministère public avant de requérir deux ans d’emprisonnement ferme pour Awa Dieng et Malick Kane.

Les avocats de la défense, eux, appellent à la compréhension

Maitre Baba Diop a rappelé que sa cliente a suivi régulièrement ses consultations prénatales durant cinq mois. ‘’Elle n’a jamais voulu interrompre la grossesse, au départ. Malick est revenu, a insisté. Elle est jeune, influençable. Elle ne mesurait pas les conséquences de son acte’’.  L’avocat a plaidé la clémence. Maitre Djigo, conseil de Malick Kane, a inversé la perspective. ‘’Elle est mariée. Elle ne voulait pas que son mari sache pour la grossesse. Elle a utilisé mon client’’. Il a demandé lui aussi une application bienveillante de la loi. Son confrère  s’en est pris aux vendeurs clandestins de produits pharmaceutiques à Keur Serigne Bi, déplorant leur impunité dans des affaires aussi sensibles.

Le tribunal, après en avoir délibéré, a reconnu les prévenus A. Dieng et El. M. Kane coupables des faits qui leur sont reprochés. Ils sont condamnés à huit mois d’emprisonnement ferme.

MAGUETTE NDAO

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