Publié le 25 Nov 2017 - 16:50
ME MADICKÉ NIANG (PDT DU GROUPE PARLEMENTAIRE LIBERTÉ ET DÉMOCRATIE)

‘’Nous ne voterons pas la loi des finances’’

 

La Coalition gagnante Wattu Senegaal ne baisse pas les armes. Chaque jour, elle se radicalise davantage. Elle a convoqué la presse, hier, pour annoncer qu’elle ne va pas voter la loi des finances 2018.

 

‘’Le groupe Liberté et démocratie, après avoir organisé deux séminaires, recueilli les observations de tous ses membres et écouté les directives de nos leaders, a décidé de ne pas voter la loi des finances portant budget 2018’’, peste maitre Madické Niang d’emblée. Dans une République, cet acte est loin d’être anodin. C’est une position extrême. Avant de la rendre publique, les démocrates ont bien pesé le pour et le contre. C’est du moins ce qu’affirme le bras droit de Me Abdoulaye Wade, dans son allocution.

Serein, posé et très sérieux, il insiste : ‘’Nous ne la votons pas, non parce que nous sommes de l’opposition, encore moins pour faire dans la politique politicienne. C’est parce que nous avons étudié minutieusement les différents volets de ce projet de budget. Après avoir bien analysé les chiffres, nous avons considéré que ça ne reflète pas les intérêts du peuple.’’

Fins politiciens, ayant été aux affaires pendant plusieurs années, les contestataires sont loin d’être dupes. Ils voient dans le budget non pas une volonté de résoudre les souffrances des Sénégalais, mais une détermination sans faille ‘’de réélire le président Macky Sall en 2019’’. Le chiffre de 400 milliards consacrés aux bourses de sécurité familiales semble leur donner le tournis. Madické Niang, dans la peau du bon mathématicien, développe : ‘’La meilleure illustration réside dans leurs propres déclarations. Ils disent partout que 2018 est l’année du social. Pourquoi diantre ont-ils attendu de 2012 à 2018 pour parler de social ? C’est la preuve que ces gens ne se sont jamais souciés de la demande sociale.’’

Très en verve, l’avocat poursuit sa plaidoirie contre le gouvernement qu’il met au banc des accusés. Les bourses familiales, selon lui, c’est un leurre. ‘’En fait, fulmine-t-il, ces bourses sont surtout destinées à satisfaire une clientèle politique’’. Pour étayer ses propos, il en appelle à son talent de mathématicien. ‘’Dans le programme Yonu Yokute ainsi que dans toutes leurs déclarations, ils misaient sur 250 mille familles qui sont dans l’extrême pauvreté. Mais malgré ces familles qu’ils ciblent, identifient et fidélisent, ils n’ont pas eu la majorité absolue lors des législatives. C’est pourquoi ils ont décidé de passer à 400 mille familles à raison de 40 milliards de francs Cfa’’.

Mieux, Madické Niang, allant au-delà de ces chiffres faramineux, décline ici l’objectif visé par le régime du président Sall à travers les bourses. Il explique : ‘’D’après l’Agence nationale des statistiques et de la démographie, une famille, au Sénégal, compte en moyenne 10 personnes. On peut supposer que la moitié est en âge de voter. Cinq électeurs multipliés par 400 mille, cela donne 2 millions d’électeurs. L’objectif électoraliste est ainsi très clair.’’

Le président du groupe parlementaire des démocrates ne s’est pas limité en si bon chemin. Pour lui, le devoir d’un gouvernement est de mettre en avant les intérêts supérieurs de la nation, et non celui d’un clan. Les bourses familiales, ajoute-t-il, convaincu, ne peuvent permettre à aucune famille de sortir de la misère. Au contraire, ‘’elles les y enfoncent’’, informe-t-il, non sans s’interroger sur la légalité d’une telle pratique.

Au-delà de ces aspects, il y a un problème de légalité qui se pose, selon l’avocat. ‘’Est-ce qu’on a le droit de donner des privilèges à un citoyen et d’en priver un autre qui se trouve dans la même situation ? C’est une question qui nous interpelle’’, lâche-t-il.

‘’Nous sommes dépendants, pour plus de 46 %, de l’étranger’’

Par ailleurs, les poulains d’Abdoulaye Wade se sont attaqués à la croissance tant vantée par le régime actuel. ‘’Ce n’est pas une croissance de qualité, car elle ne permet pas aux Sénégalais de trouver du travail. Les chômeurs sont encore plus nombreux. Nous sommes loin des 500 mille qu’ils avaient promis’’. Selon eux, le privé national est sacrifié par le gouvernement au détriment des étrangers. ‘’La dette s’amplifie de jour en jour. Nous en sommes à 6 400 milliards, alors qu’elle était de l’ordre de 2 700 milliards. C’est une situation particulièrement déplorable. Nous sommes dépendants, pour plus de 46 %, de l’étranger. Sous Wade, elle n’a jamais dépassé 27 %. L’économie est très fragile. Raison pour laquelle nous ne pouvons donc pas voter ce budget’’, a soutenu Me Madické Niang.

En outre, les partisans de Me Abdoulaye Wade dénoncent ‘’la non transparence dans certaines rubriques comme les comptes courants. Treize milliards pour l’Assemblée nationale, 7 milliards pour le Haut conseil…’’ Par ailleurs, estime l’avocat et parlementaire, ‘’de 2012 à nos jours, le budget de fonctionnement de la présidence a été multiplié par deux. Les charges du personnel par trois’’. Autant de raisons qui les poussent à ne pas voter le projet de loi des finances.

Mor Amar

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