Publié le 3 Oct 2023 - 17:48
MIGRATION IRRÉGULIÈRE

148 migrants interpellés lundi par la gendarmerie

 

La saignée continue pour les jeunes Sénégalais. Rien ne semble pouvoir détourner les candidats à l’émigration irrégulière  de leur ambition de rejoindre l’Europe.

 

Aux 600 candidats à l’émigration irrégulière interceptés la semaine dernière par la marine nationale dans les eaux sénégalaises, se sont ajoutés, ce lundi, 148 migrants en quête d’un avenir meilleur en Europe.  C’est, en premier lieu, la section de recherches de Saint-Louis qui a procédé à l’interpellation de 117 candidats à la traversée de l’Atlantique, dont 89 Sénégalais, 26 Gambiens et deux Guinéens le 1er octobre 2023. Les 31 autres migrants sont tombés dans les mailles de la brigade de proximité de Nianing.

Malgré les naufrages, les refoulements, les arraisonnements, les conditions de vie déplorables dans certains centres de détention des migrants, rien ne semble pouvoir décourager les jeunes Sénégalais du mirage de meilleures conditions de vie en Europe.

Rien qu’en établissant un décompte à partir des statistiques publiées par la gendarmerie nationale, près de 2 000 personnes ont été interpellées, alors qu’elles tentaient de rejoindre les îles espagnoles à partir des eaux sénégalaises, depuis juillet 2023. Sans compter ceux qui ont réussi à atteindre les côtes espagnoles et ceux qui ont péri en tentant la traversée.  

D’après l'ONG espagnole Caminando Fronteras qui s'appuie sur des appels d'urgence avec les migrants en mer ou leurs proches, 778 morts ou disparus ont été comptabilisés au premier semestre de l’année.

Les départs se multiplient

Au cours de la semaine passée, la marine sénégalaise a annoncé l’interpellation, samedi, par un de ses patrouilleurs, de deux canots avec 262 passagers, dont 26 femmes et 13 mineurs. Un jour après, deux pirogues, avec 272 candidats à l'émigration irrégulière, ont été interceptées avec 16 femmes et sept enfants décomptés parmi les passagers. Jeudi, c’est le patrouilleur ‘’Kédougou’’ qui a arraisonné […] une pirogue avec 71 candidats à l'émigration irrégulière par voie maritime, dont 13 mineurs et deux femmes. Ces chiffres ne prennent pas en compte la tentative de départ d’un bateau de migrants qui s’est finalement échoué au large de Saint-Louis.

En juillet, le gouvernement a présenté une Stratégie nationale de lutte contre la migration irrégulière (SNLMI) qui se décline en cinq axes : la prévention, la gestion des frontières, des mesures de répression (contre les convoyeurs), des mesures d'aide et un volet destiné à faciliter le retour et la réinsertion des migrants. Si elle ambitionne, en 10 ans, de réduire drastiquement le phénomène des départs en mer à l'horizon 2033, le phénomène n’a pas décliné depuis l’annonce de ce programme.

Selon l'Agence européenne de garde-côtes et de garde-frontières (Frontex), les Sénégalais sont, derrière les Marocains, l'une des deux principales nationalités des migrants qui ont traversé l'Atlantique au cours du premier semestre de 2023. Les Canaries ont connu, entre le 1er janvier et le 31 août, 11 439 arrivées de migrants, soit 7,5 % de plus que sur la même période en 2022, d’après des données du ministère espagnol de l'Intérieur.

Les Sénégalais deuxième plus  gros contingent derrière les Marocains

En Méditerranée, la situation n’est pas meilleure. Plus de 300 personnes ont été secourues par des  navires humanitaires au cours de la semaine écoulée. Et l’arrivée massive de migrants sur le sol européen continue d’alimenter les tensions au sein de l’Union européenne qui discute actuellement d’un pacte asile et immigration. Dans d’autres contrées, l’orientation sexuelle et les difficultés économiques ne seront bientôt plus considérés comme des motifs donnant accès à l’asile.

Après avoir consacré "700 millions d'euros à la Libye au cours de la période 2014-2020", selon la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, l’UE compte renforcer son partenariat avec les pays pouvant aider à stopper l’arrivée de migrants. Ce sera le cas avec la Libye et la Tunisie. Bruxelles veut accélérer la fourniture d’équipements et renforcer la formation des garde-côtes  de ces pays côtiers de la mer Méditerranée.

Pourtant, en mars 2023, le rapport de la mission d'enquête des Nations Unies en Libye a épinglé le soutien financier de l'Union européenne à Tripoli comme ayant "aidé et encouragé la commission de crimes" contre l'humanité sur des migrants. Le document estime que des migrants sont "appréhendés, détenus et débarqués en Libye dans le seul but d'empêcher leur entrée en Europe, en corollaire de la politique européenne d'immigration".

L’Europe cherche tous les moyens de stopper les arrivées

L’Italie qui, comme l’Espagne, est en première ligne sur cette partie de la Méditerranée, cherche par tous les moyens à renforcer ses politiques anti-migratoires. La cheffe du gouvernement, Giorgia Meloni, a menacé de ne plus autoriser ses ports aux navires humanitaires ne battant pas pavillon italien, via le dépôt d’un amendement qui voudrait que les ONG en mer puissent déposer les migrants uniquement dans le pays dont le bateau bat pavillon. Une manière d’obliger les pays n’ayant pas d’ouverture directe sur la Méditerranée d’empêcher leurs ONG de secourir des migrants en difficulté.

Toutefois, selon des informations rapportées par des médias italiens, l'amendement italien a été rejeté par les ministres de l'Intérieur réunis jeudi à huis clos à Bruxelles, informe Info Migrants.

Lamine Diouf

 

Section: