Le CEDS veut impliquer les leaders religieux du Sénégal
Pour le Centre d’études diplomatiques et stratégiques de Dakar, les ramifications de cette organisation appelée «Etat islamique» pourraient ne pas épargner le Sénégal. D’où l’urgence de sensibiliser les chefs et leaders de la communauté musulmane contre la «menace djihadiste.
Les experts en géopolitique n’en doutent pas : la nouvelle menace contre le monde s’appelle «L’Etat islamique». Syrie, Irak, Mali, Nigéria et dans l’espace sahélien, le ‘’Daesh’’, nom arabe de cette organisation, à travers des organisations dérivées comme Boko Haram, tente d’instaurer une idéologie «contraire aux préceptes du Coran».
Organisation armée ultra-radicale proche d'Al-Qaeda, le «Daesh» est une menace pour tous les pays, selon Abdou Latif Aïdara, expert en analyse géopolitique à l’antenne régionale de Dakar du Centre d’études diplomatiques et stratégiques (CEDS). Il a ainsi souhaité que les communicateurs religieux au Sénégal s’imprègnent de la réalité du fonctionnement de «l’Etat islamique» à travers une formation pour servir de relais auprès des populations, afin de mettre le pays à l’abri de ce qui se passe au Nord-Mali. Il s’exprimait hier au cours d’une conférence qui avait pour thème ‘’la communauté internationale face au terrorisme mondialisé des Jihadistes autoproclamés du Daesh. Quelle doit être la contribution des musulmans d’Afrique ?’’.
Cette rencontre vise à soutenir la mobilisation de la communauté internationale contre les atrocités de ces «jihadistes autoproclamés». Il s’agit également de démontrer que l’universalité du message islamique, articulé à la spécificité culturelle et cultuelle de ses fidèles, notamment en Afrique, peut constituer «un bouclier contre l’extrémisme» et prévenir les «velléités expansionnistes» de Daesh.
«Au CEDS, nous avons pensé qu’il faut d’abord dispenser une formation aux vecteurs de la communication religieuse que sont les imams, les prédicateurs traditionnels, les prêcheurs, les marabouts pour que, dans leurs discours, ils puissent s’imprégner de la réalité et puissent partager cette réalité de l’Etat islamique avec les musulmans du Sénégal», a soutenu Abdou Latif Aïdara.
«Hybridation criminelle»
L’expert a d’ailleurs souligné que nombre de jeunes sénégalais, ayant émigré en Europe, sont employés par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Avisant qu’il est impératif de «redoubler de vigilance», il a affirmé que ces «recrues «sont dans (une) dynamique d’hybridation criminelle qui mêle islamisme, trafic de drogues et de cigarettes. Ils sont dans la grande criminalité.» C’est pourquoi il a prôné de grands efforts sur le plan du renseignement opérationnel afin de lutter efficacement contre ce phénomène. «Le renseignement aujourd’hui n’est plus une affaire de police, de gendarmes, de militaires, prévient le chercheur. C’est une affaire des spécialistes, des universitaires pour permettre au décideur de prendre de bonnes décisions», a-t-il soutenu.
L’urgence d’agir contre tout ce qui ressemble à Daesh s’impose car «l’islam tolérant du Sénégal est menacé de même que les confréries et l’Etat», a-t-il dit. «Nous avons le même combat, l’Etat doit contribuer à renforcer l’autorité des chefs religieux sur leurs disciples», a-t-il exhorté.
ANTOINE DE PADO