Des ''manœuvres et manipulations'' autour de l'affaire
Les défenseurs des droits de l’Homme, en conférence de presse hier, au siège de la Rencontre de la défense des droits de l’Homme (RADDHO), ont déploré la recrudescence des actes de torture au Sénégal. Ils exigent toute la lumière dans la mort de Cheikh Mawlany Sané.
Les défenseurs des droits de l’Homme et les familles des victimes bandent les muscles. Contre les atrocités, les bavures policières, les tortures et traitements cruels, inhumains ou dégradants, ces différentes entités ont décidé de partir en croisade. ‘’Nous lutterons pour éviter ces actes jugés choquants et établir la vérité des faits liée aux délits et crimes et de torture'', a asséné Me Assane Dioma Ndiaye, hier lors d’une conférence de presse tenue au siège de la RADDHO. L'avocat a dénoncé ''les interpellations psycho-traumatiques’’ des citoyens par les forces de l’ordre et ‘’les tentatives d’obstruction à la manifestation de la vérité’’ orchestrées par les médecins.
Organismes de défense des droits de l’Homme et familles de victimes souhaitent aujourd'hui une enquête impartiale pour faire la lumière sur la mort de Cheikh Mawlany Sané. Selon Aboubacry Mbodji, secrétaire général de la Rencontre de la défense des droits de l’Homme (RADDHO), ‘’la commission déjà mise en place est douteuse''.
Car poursuit-il, ''elle est composée du corps qui est impliqué dans cette affaire de Cheikh Mawlany Sané. Nous exigeons, dit-il, l’implication de la justice et des organisations des défenseurs des droits de l’Homme pour diligenter l’enquête. Ceci pour éviter les tentatives de manœuvres et de manipulations qui font obstruction à la manifestation de la vérité''.
Lors de la rencontre, le frère du défunt, Assane Sané, a pris la parole pour annoncer une plainte contre X déposée auprès du procureur de la République. À ce propos, dit-il, un CD a été remis à Me Assane Dioma Ndiaye qui retrace le film de l’arrestation de Cheikh Mawlany Sané.
La recrudescence des actes de torture
En effet, en l’espace de deux mois, les défenseurs de droits de l’Homme ont été saisis pour 4 cas de torture dans des conditions qui frisent l’inimaginable, selon Me Assane Dioma Ndiaye, coordonnateur de la ligue sénégalaise des droits humaines.
Il s’agit de Cheikh Mawlany Sané retrouvé mort, le samedi 30 novembre 2013 à la prison de Rebeuss, de Chérif Ndao, âgé de 36 ans, décédé le 06 décembre dernier, des suites de sévices corporels infligés lors de manœuvres militaires dans un centre de formation à Thiès, de Antoine Robert Sambou dit Koulagné, décédé le 1er juillet dernier à Pointe Saint-Georges (Sud), des suites de ''mauvais traitements'' imputés à des militaires cantonnés dans cette localité située sur le fleuve Casamance, et de Ibrahima Samb, âgé de 18 ans, mort des suites des coups et blessures par objet contondant.
La responsabilité de l’État
Si on en est là, explique Me Assane Dioma Ndiaye, membre du barreau pénal international Québec et agréé à la Cour internationale à la Haye, c'est parce que ''certains médecins établissent de faux certificats de genre de mort. Ils avancent des thèses tendant à écarter toutes enquêtes judiciaires''. Aujourd'hui, dit-il : ‘’Il y a des tentatives de diversion, d’orientation de l’enquête. Car, certains médecins n’ont pas manqué, dans l’affaire Cheikh Mawlany Sané et Chérif Ndao, d’avancer des thèses de mort naturelle.
Ces organismes invitent la justice à prendre ses responsabilités et à poursuivre ''certains médecins, pour faux et usage de faux et tentative d’obstruction à la manifestation de la vérité''. De même, ils accusent l’Etat d’être responsable de la férocité des forces de l’ordre ou des agents pénitenciers, faute d’application de la convention ratifiée en 1984 contre la torture. ‘’On note une recrudescence des actes de torture. Nous exigeons une enquête impartiale et indépendante pour dénicher les coupables et les traduire en justice’’, a conclu Me Assane Dioma Ndiaye.
EMMANUEL BOUBA YANGA (STAGIAIRE)