Publié le 8 Nov 2021 - 19:28
MORT DES TROIS ENFANTS ET SUICIDE DU DR EL HADJ FALLA PAYE

La terrible lettre d’adieu

 

 
Le docteur El Hadj Falla Paye s’est donné la mort dans sa clinique dentaire à Sacré-Cœur.  Avant cela, il a administré une injection mortelle à ses trois enfants. Il en donne les raisons dans sa lettre d’adieu.
 
 
Un drame est survenu, hier, à la clinique dentaire sise à Sacré-Cœur. Docteur El Hadj Falla Paye a tué ses trois enfants avant de se suicider. Selon une source très proche de la famille, la veille, il disait être à Mbour avec sa petite famille, lorsqu’il avait été interpellé, après son post sur Facebook, racontant le calvaire qu’il a vécu avec son ex-femme. Il ne supportait pas d’être privé de ses enfants. Dans ledit post, il disait que son ex-femme voulait refaire sa vie, en prenant ses responsabilités. Lui aussi a pris les siennes. Mais personne ne savait qu’il voulait se donner la mort.
 
Ainsi, en emportant ses enfants avec lui, il dit vouloir éviter qu’une descendance naisse de cette union sans amour. Falla Paye refusait d’être pris pour l’homme impulsif aux humeurs imprévisibles par une femme qui n’a jamais voulu de lui. ‘’Il ne faut pas qu’il ait une descendance de ce mariage sans amour. Trouve-toi un mari qui t’aimera ; peut-être et vous ferez d’autres enfants.  Tu m’as dit avoir réfléchi à tous les cas de figure, mais tu ne t’attendais pas à une telle éventualité. Visiblement, il y a un qui t’a échappé’’.
 
Voilà comment le docteur paye a conclu sa lettre d’adieu.
 
Son effet de surprise a marché, puisque son ex-épouse, Ndèye Awa Diagne, a appris, hier, la nouvelle comme le commun des Sénégalais. Un véritable coup de massue. ‘’Un homme s’est donné la mort avec ses enfants à la clinique El Hadj Abdou Aziz Dabakh à Mermoz’’. Voilà comment l’alerte a été donnée, ce dimanche, invitant à toutes les supputations. Par la suite, ‘’EnQuête’’ a appris qu’il s’agit, en réalité, d’une clinique dentaire. Et que le médecin en question est El Hadj Falla Paye. Le même immeuble abrite aussi la clinique de son grand frère, le docteur Mbaye Paye, très connu pour avoir été le secrétaire général du Syndicat autonome des médecins du Sénégal (Sames). Mais aussi membre de la commission santé du comité de pèlerinage à La Mecque ; il est aussi cardiologue et médecin urgentiste.
 
Son jeune frère a donné une injection mortelle à ses trois enfants (Mohamed, Ndèye Fatou et Thialy) avant de se donner la mort. ‘’Tu t’es bien servi de moi comme un géniteur pour faire des enfants. Tu ne mérites pas ces enfants, je les emmène avec moi, car tu n’as pas fait le dixième de ce que j’ai fait pour eux. Tu ne mérites pas d’avoir des enfants qui portent mon nom. Fais ce que tu veux de ta misérable vie’’, écrit-il en colère.
 
Ces enfants sont issus de son premier mariage avec Ndèye Awa Diagne. Qui lui a fait vivre l’enfer, depuis le début de leur union. Pourtant, selon les confidences du défunt, dans sa lettre d’adieu, elle a tout diligenté, en lui forçant pratiquement la main. La femme, apprend-on, avait auparavant repoussé le défunt, avant de faire volte-face, parce que l’homme avec qui elle était s’était marié. Ensuite, tout est allé très vite, entre eux.
 
Le document raconte la chronique du calvaire qu’il a vécu dans son foyer, avec une grande précision de dates et de faits. Il en ressort que l’amour n’a jamais grandement régné dans ce couple.
 
Souffrance conjugale, depuis la lune de miel
 
 Un jour de l’année 2004, le Dr Paye rencontre la dame Diagne et lui fait des avances. Cette dernière le repousse gentiment. Il insiste, pendant un mois, avant de couper court, parce que cette dernière lui dit avoir un engagement ailleurs. Trois mois plus tard, elle appelle pour savoir si la demande en mariage était toujours valable. Le docteur retourne la voir, mais veut prendre le temps de bien la connaitre. Awa ne voulait pas attendre. Elle en parle à sa mère ; son père demande à rencontrer son futur gendre. Très déterminée, Ndèye Awa prend les choses en main et ne donne même pas le temps au docteur de rassembler la dot. Elle donne, à cet effet, l’exemple du couple Bécaye et Ramatoulaye (sa sœur) citée dans la lettre dont la dote avait été versée des mois après le mariage. Elle insiste encore et encore, jusqu’à ce que tout se fasse en moins de deux semaines. Parce que, ‘’à chaque fois que Ndèye Awa prenait le temps de connaitre son prétendant, les choses ne marchaient pas et, cette fois, les choses se sont faites autrement’’, explique le défunt dans la lettre.
 
Le mariage fut scellé. La veille, le docteur demanda si la dame était amoureuse de lui. La femme lui répondit : ‘’Djiguen dou nop, dafaay mine (NDLR : la femme ne tombe pas amoureuse, elle s’habitue)’’.  Pendant la lune de miel, le lendemain du mariage, le cabinet d’un certain Dr Kane demande à la femme de remplacer le titulaire pendant 15 jours, de 8 h à 18 h. Cette dernière demande au mari, si elle peut y aller. Sa réponse fut : ‘’c’est à toi de voir’’. Après que cette dernière eut décidé d’y aller, le mari prit le soin de la déposer, le matin, et de la prendre, le soir, pour ne pas être ‘’un frein à sa carrière’’.
 
Dans sa lettre d’adieu, le docteur souligne qu’il voulait éviter d’être indexé à chaque fois. Cela au point de laisser, un jour, sa femme aller prendre sa sœur Ramatoulaye Diagne, mariée à un émigré, pour la déposer au marché. Cette dernière l’avait appelée, alors que le couple était en pleine intimité. Ndèye Awa avait abandonné son mari dans le lit conjugal. ‘’C’était pendant un rapport sexuel et ce n’était pas la seule fois’’, écrit-il en gras. Sans doute, pour insister sur sa souffrance.
 
Le retour de l’ex, la revanche sur la société
 
Cinq jours seulement après leur mariage, la femme avait raconté à son mari que son ex-copain l’avait appelée pour lui chercher un appartement, parce qu’il disait être prêt à la prendre comme seconde épouse. Mais, poursuit le Dr Paye dans sa lettre d’adieu, la femme lui avait répondu être déjà mariée. Il décrit son ex-épouse comme une ‘’walakana’’ (misérable) qui a voulu prendre sa revanche sur la société. Venue dans la maison conjugale avec un complexe qui avait comme trame de fond la vie modeste qu’elle avait chez un père vendeur de poulet et une mère vendeuse au marché, elle pleurait même, parce qu’ayant peur de ne jamais se hisser au niveau de l’homme qu’elle a épousé.
 
Cependant, elle disait apprendre vite pour arriver à un tel niveau. Son homme lui payait tout, la lingerie, la garde-robe et tout ce qui faisait d’elle une femme civilisée.  Ce niveau atteint, la femme avait, note-t-on dans la lettre, complètement changé, allant jusqu’à minimiser la somme de 30 000 F pour le ‘’soukarou kor’’ de ses parents. ‘’Je t’ai choisie comme épouse, je t’ai aimée de tout mon cœur, malgré tes défauts. J’ai fondé une famille avec toi, on a construit beaucoup de choses ensemble et je t’ai épaulée jusqu’à ce que tu sois là où tu es maintenant. Depuis, ton contrat à la clinique du Cap, tu avais commencé à vouloir me montrer ton autonomie financière et ton indépendance’’, écrit Dr Paye.
 
A la naissance du premier enfant, madame refusait de se soumettre à tous les ordres, parce que n’étant plus une femme soumise et menaçait de retourner chez ses parents pour un tout ou un rien. Plus tard, elle refusera même les ‘’rapports sexuels avec son mari et acceptait seulement quand elle avait besoin de quelque chose’’.
 
Les problèmes se sont accumulés ; les autres enfants étaient nés, la fille portait d’ailleurs le nom de la mère de l’épouse. Las d’être privé de relations sexuelles, le docteur avait pris le soin de prendre une seconde épouse. Cette dernière, dit-on, est tombée sur la scène du drame. Sous le choc, elle a fait un malaise et a fini à l’hôpital. Des voisins racontent qu’elle était inconsolable. 
 
Le Dr Paye s’en va, sa descendance avec lui ; son ex-épouse porte le poids d’une lettre qui l’accuse à jamais. Dramatique manière de dire adieu.
 
VIVIANE DIATTA 

 

 

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