«Il faut se demander si un jour les femmes ne vont pas rester au foyer»
Les Sénégalaises doivent-elles s'attendre à gérer leur foyer sans le soutien des travailleuses domestiques ? Pour le sociologue, Moustapha Wone, les prémices de cette tendance commencent à éclore !
Le sociologue Mamadou Moustapha Wone n'y va par quatre chemins. Les travailleuses domestiques finiront d'ici peu par ranger le tablier. En fait, selon le professeur, elles sont en train de suivre «un mouvement d’ensemble, tout le monde fait monter les enchères !» En d'autres termes : «Dans un pays où tout devient de jour en jour toujours plus cher, il faut s’attendre à ce que les bonnes aussi fassent monnayer leurs services en tenant compte de l’environnement global. Cette enchère fait même mentir la loi de l’offre et de la demande.»
Du coup, la tendance a fini par s'inverser au fil des ans. «Avant, on n'était bonne que par intermittence, pour résoudre certains problèmes, ou en attendant d’avoir un bon mari. Mais, maintenant, ce secteur se professionnalise et en tant que tel, il ne faut pas s’attendre, en tout cas à Dakar, à voir des bonnes à 15 000 ou 20 000 F Cfa. Surtout, si c’est une bonne à tout faire.»
Mais là où le bat blesse, selon M Wone, c'est que les Sénégalaises risquent de prendre la place des domestiques aux fourneaux et dans les tâches ménagères. «Il faudrait même se demander si un jour, on ne demandera pas aux femmes de rester au foyer. Avec cela, pense-t-on, on résoudra beaucoup de problèmes. Voyez-vous, quand la femme sera au foyer, le mari ne cherchera plus une bonne pour le linge, pour le manger ou pour l’entretien des enfants. Les épouses et leurs enfants filles s’en occuperont !»
D'ailleurs, note-t-il, «il y a beaucoup de maisons où cela commence à être le cas. Il faut dire que ce n’est pas facile de payer une baby-sitter, une technicienne de surface, un gardien, etc. Où va-t-on trouver cet argent ? Et à ce rythme, avec le développement des courants religieux, on risque de voir les gens appeler à un retour de la femme au foyer''.
Pire ou mieux, le sociologue pense que cette situation sera à l'avantage de la famille sénégalaise. «Il y aura moins de chômage, une famille plus stable, et une santé maternelle et infantile plus assurée. Même dans les pays occidentaux, l’on commence à faire retourner les femmes au foyer, avec des congés de maternité de deux ans ! On peut alors à juste titre se demander si les religions n’avaient pas raison de vouloir confiner les femmes dans les tâches domestiques. Les religions sont, elles aussi, de véritables sciences humaines !»
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