Publié le 14 Apr 2025 - 15:06
NGUENIENE - SPOLIATION FONCIÈRE

Les habitants de Foua 1 se dressent contre un projet de lotissement

 

Le maire de Nguéniène, Alpha Samb, ainsi qu’une partie du conseil municipal sont accusés d’avoir délibéré sur un terrain de 44 ha situé dans le village de Foua Ngalkoki, également appelé Foua 1. Cette zone, à 6 km de l’autoroute à péage, en pleine brousse et éloignée des concessions, est traditionnellement réservée à l’agriculture pendant l’hivernage et au pâturage durant la saison sèche. Ces deux activités demeurent les principales sources de subsistance des autochtones.

 

La polémique autour du projet de lotissement des 44 ha dans les villages de Foua 1 et Foua Ngalkoki prend une tournure contestataire. Après la délibération surprise de la municipalité, tenue à l’insu des villageois, un sit-in a été organisé pour exiger son annulation. Le chef du village, Ndiogou Ngom, et les manifestants n’ont pas mâché leurs mots à l’encontre du maire, qu’ils accusent d’être indigne de confiance.

‘’Alors que nous espérions l’électrification du village, la municipalité n’a rien trouvé de mieux que de vouloir nous arracher nos terres’’, fustige Joseph Lamine Kama, membre du Front pour la libération des terres paysannes. Mais le plus choquant reste la ‘’démagogie’’ du maire, dénoncée avec vigueur par le chef du village Ndiogou Ngom. Ce dernier, âgé de 83 ans, affirme n’avoir pas été informé du projet. ‘’Je n’ai jamais été mis au courant du projet de lotissement. Un jour, Diodj Niane (adjoint au maire) est venu avec une équipe de géomètres pour délimiter une zone. À leur retour, des propriétaires de champs sont venus chez moi, choqués de voir leurs terres mesurées sans leur consentement. Je leur ai dit que j’étais tout aussi surpris. Ils m’ont alors affirmé qu’ils ne se laisseraient pas spolier. Je leur ai promis que ce combat serait aussi le mien, car ici, nous n’avons que l’agriculture et l’élevage pour vivre’’, révèle le chef du village.

Suite à cela, une rencontre a été organisée avec le maire. ‘’Peu après, Alpha Samb m’a convoqué à la mairie. Je lui ai exprimé ma surprise de voir des géomètres sur nos terres sans concertation préalable. Le maire a reconnu les faits et a même dénoncé le comportement de certains de ses collègues. Il a promis qu’il n’était pas question de déposséder les paysans. Et c’est là que j’ai appris, de sa bouche, qu’une délibération avait déjà été prise. J’en étais totalement ignorant’’, s’est indigné le patriarche, peinant à se lever de sa chaise.

Mais femmes, enfants et jeunes ne comptent pas se laisser faire devant ‘’cette forfaiture’’. Ainsi, abondant dans le même sens, Aliou Ndao, la soixantaine révolue, s’insurge en ces termes : ‘’Nous n’avons que la terre ; c’est notre héritage. De génération en génération, nous cultivons ces champs sans problème. Aujourd’hui, le maire veut nous imposer un projet qu’il a préparé seul. Nous n’avons jamais rien demandé. Le bradage du foncier est devenu une habitude, ici. Qu’ils nous laissent nos terres.’’

L’Administration en sapeur-pompier !

Dans ces terres, se cache toute une histoire, un mode de vie basé sur la subsistance. C’est pourquoi les villageois s’opposent unanimement à ce projet. Les femmes n’ont pas été en reste. Ce qu’elles attendent de la municipalité n’est rien d’autre que des investissements pour alléger leur souffrance quotidienne et non qu’on leur arrache leur moyen de subsistance. ‘’Nous y cultivons du mil, de l’oseille et de l’arachide. Après l’hivernage, c’est le pâturage. Ces ressources permettent de nourrir nos familles et de payer la scolarité des enfants. Il est hors de question qu'on nous dépossède. Le maire nous avait d’abord dit qu’il ne s’agissait que de rumeurs. On était rassuré. Malheureusement, il est passé à l’acte’’, a confié la dame Hélène Ndour.

Aujourd’hui, l’unique revendication reste la restitution des terres par l’annulation de la délibération du 5 janvier dernier concernant le morcellement. Pour Paul Gaïky Diouf et Émile Ndiaye, après la visite du maire à la délégation villageoise le 2 avril, il n’est plus question de dialogue.

Face à la montée des tensions, le sous-préfet de Sessène est entré en jeu. Une rencontre est prévue le 14 avril entre la mairie, les représentants du village concerné, la gendarmerie et le chef du village, dans l’espoir de trouver un terrain d’entente.

À ce rythme, le département de Mbour pourrait être le théâtre d’un conflit majeur aux racines foncières.

Pape Mbar Faye (Mbour)

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