Publié le 25 Sep 2012 - 16:02
NOMINATION DU FUTUR CHEF D’ÉTAT-MAJOR (Suite et fin)

Macky face à l’équation des Généraux

 

 

 

«Je nomme qui je veux», a furieusement déclaré Macky Sall. Exact. Constitutionnellement, le chef de l’État a raison : il nomme aux emplois civils et militaires les plus élevés. Toutefois, un processus décisionnel est infiniment plus complexe et grandement plus délicat qu’un discours (agacé) sur la décision ; notamment au sein de l’appareil militaire. Un domaine névralgique devant l’Éternel, où le président de la République (chef des armées) sera très prochainement confronté au remplacement du Général Abdoulaye Fall, dès la première quinzaine de novembre 2012.

 

 

Au-delà des profils, affleurent les atouts des uns et les handicaps des autres, nonobstant la compétence qui est largement partagée dans l’armée sénégalaise. Moult raisons et / ou considérations pour lesquelles la décision (vecteur du choix) du Président Macky Sall doit être fignolée en amont, avec l’aide, non pas de courtisans et d’excités techniques, mais de conseillers avisés ; puisque toute erreur sera impossible à rattraper. En effet, si le mauvais choix est opéré, il sera contre-productif au double plan opérationnel et psychologique ; s’il est corrigé peu de temps après, il sera illustratif d’un cafouillage et d’un tâtonnement de la gouvernance au sommet de l’État, c’est-à-dire dévastateur pour l’image du Président.

 

Au cœur des supputations, se trouve le Général d’aviation Ousmane Kane fraîchement promu et remplacé à Washington par le Colonel Kébé de la Dirpa. Ses états de service le propulsent légitimement et valablement. Le seul hic demeure le parfum ethnique que sa nomination pourrait, à tort, dégager dans un contexte où de tels effluves sont suspectés ici et là. Certes les dosages sociologiques (régions et confessions) inhérents à la composition d’un gouvernement ne sont heureusement pas en vigueur dans l’univers militaire sénégalais, mais les précautions d’ordre psychologique ne sont guère inutiles. Bien au contraire.

 

A contrario, son collègue aviateur Charlemagne Pereira a le double avantage d’appartenir à une double minorité : mandjaco-cap-verdienne et chrétienne. A ce double titre, il est un élément tampon, stabilisateur et rassurant. Par ailleurs, il affiche un patriotisme ardent, puisque des offres de carrières financièrement alléchantes n’ont pas manqué dans l’aéronautique civile pour ce brillant pilote. Toutefois, le poids écrasant de l’armée de terre (volume des effectifs et présence hégémonique sur le théâtre des opérations ; notamment en Casamance) rognent les chances de l’aviation qui n’a donné qu’un seul chef d’État-major à l’armée, le Général Mansour Seck, à la fin des années 80.

 

Du côté de l’armée de terre (infanterie, artillerie, cavalerie et génie confondus) Macky Sall aura l’embarras du choix face au wagon de Généraux légués par Wade. Les parcours étant globalement remarquables pour tous ces képis constellés d’étoiles, le second «C», autrement dit le critère de confiance, sera alors déterminant. Le déroulement des opérations en Casamance est aussi un paramètre qui joue davantage en faveur de l’infanterie que de l’artillerie ou de la cavalerie. Dans le sud du Sénégal, l’infanterie (épaulée par le renseignement) est la reine voire l’impératrice des batailles. Pour boucler la panoplie des paramètres, citons subsidiairement la cote des Généraux (mélange de crédibilité et de popularité) à la bourse des garnisons, des popotes et autres cercle-mess. Évidemment, il s’agit là d’une considération très secondaire dans une armée sénégalaise qui n’a rien à voir avec l’Armée Rouge où le soviet des soldats intervenait dans la promotion des officiers supérieurs.

 

Quant à la Marine, en tant qu’arme des Pachas, elle est un creuset de cadres à la formation techniquement pointue. Si pointue que son commandement n’a été «sénégalisé» qu’en 1975. La Marine est également le bras armé de l’État en mer. Sa grande implication dans les opérations Fodé Kaba 2 et Gabou, respectivement en Gambie et en Guinée-Bissau, fut décisive. Au cours de cette dernière opération effectuée à 500 km de Dakar, toute la projection (logistique et troupes) a été entièrement navale. Donc l’apanage de la Marine.

 

En Casamance, les commandos-marins se battent au sol, dans les secteurs très aquatiques d’Elinkine et du Cap Skirring. Avec un tel palmarès, les Amiraux sont de valables postulants. Du reste, l’armée de mer est la seule composante des Forces armées n’ayant pas encore produit un chef d’État-major général. Son premier commandant, après le départ des Français, le défunt Amiral Gassama Faye, a été le numéro 2 des armées et adjoint du Général Mansour au camp Dial Diop.

 

Un mot sur le patron de l’Intendance, le Général Sanghé Ndao. Ses chances sont historiquement réduites par un autre Général (Charles De Gaulle) qui aimait dire : «L’intendance suivra». Donc, elle ne précédera pas. Par conséquent, ne présidera pas, de sitôt, aux destinées des armées.

L’après Abdoulaye Fall offre au président de la République l’occasion d’élaguer une hiérarchie trop touffue, par une cure d’amaigrissement de nature à rendre plus flexible l’outil militaire. La leçon malienne est à méditer : l’armée du Mali n’est-elle pas, en partie, morte de l’obésité de son commandement ? Nous reviendrons prochainement sur ce volet.

 

Babacar Justin NDIAYE

L'intégralité du papier dans la rubrique vérité ce soir

 

 

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