Publié le 26 Jan 2022 - 20:58
NOUVEAU MAIRE DES PARCELLES-ASSAINIES

Les ambitions de Djamil Sané

 

La tempête Yaw, qui s’est abattue sur la capitale sénégalaise, n’a pas épargné le tout-puissant désormais ex-maire des Parcelles-Assainies. Le nouveau visage de l’Exécutif de la commune est incarné par Aboubacar Djamil Sané, Directeur financier de l’entreprise Khelcom Bâches, qui a mené une campagne inclusive pour faire triompher la coalition. Avec ‘’EnQuête’’, il revient sur son parcours, raconte comment, par deux fois, en 2019 et 2020, il a refusé d’être candidat pour la mairie, avant de finalement accepter sous contrainte. Il se prononce aussi sur les grands axes de son programme et mesure l’immensité de la tâche qui l’attend à la tête de la très populeuse commune des Parcelles-Assainies.

 

Vainqueur surprise des élections locales aux Parcelles-Assainies, Aboubacar Djamil Sané met fin à 14 ans de règne du maire sortant Moussa Sy. Le nouvel édile des Parcelles-Assainies est membre fondateur du parti Pastef/Les patriotes. Né le 6 mars 1974 à Ziguinchor, Aboubacar Djamil Sané a fait ses études dans la capitale régionale du Sud. Après son baccalauréat, il a été orienté à la faculté des Sciences économiques de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, où il a obtenu sa Maitrise en gestion des entreprises en 2002. Très peu connu des Parcellois, il a travaillé dans l’ombre jusqu’à son élection à la mairie de la commune. ‘’Ma personne importe peu.

Quand on travaille, on n’a pas besoin de se montrer. L’essentiel, c’est d’atteindre son objectif. Peut-être que c’est pour cette raison que les gens ne me connaissent pas. Je rends grâce à Dieu pour cela. C’est un atout. Je disais à mon directeur de campagne que je n’ai pas duré en politique, mais je sais ce que je dis et ce que je fais. On doit faire ce pour quoi on a été élu. Ainsi, les gens verront eux-mêmes que nous sommes en train de travailler. On n’a pas besoin de se montrer’’, confie-t-il.

Pourtant, depuis quatre ans maintenant, lui et son camarade de parti nettoient les écoles élémentaires de la commune, avant l’ouverture des classes. A l’Unité 13 des Parcelles-Assainies où il habite, il est peint comme un homme discret, courtois, très calme et très disponible. ‘’Il s’active beaucoup dans les activités de la commune. Mais avec sa discrétion, on ne le remarque pas. Je pense qu’il fera un bon travail à la mairie’’, témoigne un voisin.

Marié et père de trois enfants, Djamil Sané a démarré sa carrière politique avec Pastef, en 2012, date de sa création. Il est adjoint au responsable financier national du parti et coordonnateur du Pastef aux Parcelles-Assainies, depuis 2016. Aboubacar Djamil Sané n’avait jamais voulu être maire. Mais son destin était déjà tracé.  Tout est parti d’une proposition faite en 2018 par les militants de son parti, lui demandant de poser sa candidature pour les Municipales. Dans un premier temps, il a rejeté la demande.  ‘’J’ai refusé, parce que je ne suis pas un homme qui parle facilement devant les gens. J’ai dit aux militants de laisser quelqu’un d’autre se présenter’’, confie le nouveau maire.

En 2020, les militants lui ont refait la même proposition. Il a, une nouvelle fois, décliné l’offre. En 2021, lorsque les militants du Pastef commencèrent à faire du porte-à-porte, pour pousser les Sénégalais à s’inscrire sur les listes électorales, ils sont revenus à la charge.  ‘’Tous les militants se sont réunis pour me dire que si je ne présente pas ma candidature, ils vont arrêter toutes les activités du parti aux Parcelles. J’ai finalement accepté, avec deux conditions.

Que tout le monde mouille le maillot sur le terrain. J’ai demandé également qu’il y ait une élection à la base. Pour que ceux qui veulent être candidats postulent. Cela a été fait. Le jour du vote, ils ont trouvé que personne n’a déposé sa candidature. Il y avait 20 cellules, je n’étais même pas présent, le jour du vote. Toutes les cellules ont validé ma candidature à l’unanimité. Après les élections primaires, les militants ont fait le PV qu’ils ont envoyé au niveau départemental qui a entériné cela. Le département a acheminé la demande au niveau de la commission d’investiture de la coalition. Voilà comment ma candidature est passée’’, informe-t-il.

‘’Cette responsabilité est très lourde, raison pour laquelle j’avais décliné la proposition’’

Directeur financier de l’entreprise Khelcom Bâches depuis fin 2010. Il soutient qu’être maire est une grande responsabilité. Que les gens ne doivent pas penser que c’est un privilège. C’est une responsabilité communale et des centaines des milliers de personnes à gérer, soutient-il. ‘’Chaque franc de ces contribuables, Dieu te le demandera. Cette responsabilité est très lourde, raison pour laquelle j’avais décliné la proposition. Aujourd’hui, c’est des objectifs que la coalition doit atteindre. Si je suis à ce niveau, c’est parce que les militants m’ont fait confiance. On doit travailler pour la population, on ne doit pas travailler pour soi-même.  Si on veut apporter un changement, comme nous le voulons aux Parcelles-Assainies, il faudra qu’on se sacrifie’’.

Néanmoins, il dit avoir confiance en son équipe composée de personnes expérimentées. Avec cette grande équipe, il pourra sortir sa commune de ses difficultés qui durent depuis 14 ans. Cela se fera avec une démarche inclusive. C’est-à-dire la concertation avec la population, avant de prendre une quelconque mesure.

Aboubacar Djamil Sané est convaincu de pouvoir sortir la commune des Parcelles de sa souffrance, surtout d’améliorer le cadre de vie. Car il y a un grand problème d’assainissement. Même si c’est une compétence non transférée, il veut trouver une solution. D’ailleurs, il confie avoir discuté avec le maire de la ville de Dakar, Barthélemy Dias, de ce projet. ‘’Entre les Unités 15 et 19 à l’Unité 9, à l’école de l’Unité 7 ; entre les Unités 13 et 14 ; au niveau du terrain de l’Unité 11, entre les Unités 24 et 25, on a l’impression d’être tout le temps en hivernage’’. Il a fait le tour de tous ces endroits avec l’actuel maire de la ville. Un plan a été élaboré par les deux édiles.

Il est prévu de faire appel à l’Onas pour faire des études sur le coût et la mairie de Dakar va apporter son soutien pour la réalisation de ce travail. ‘’Je sais que ce n’est pas mon domaine. Mais il n’est pas question que je regarde ma population souffrir. Si l’Etat ne le fait pas, je le fais. Nous n’allons pas attendre l’Etat’’, indique le maire.

L’autre projet, c’est le pavage des ruelles. Le nouveau maire compte implanter une usine de pavage aux Parcelles-Assainies. ‘’Je ne sais pas ce que je vais trouver au niveau de la mairie comme moyens,  mais je ferai le maximum possible pour que cela puisse se réaliser rapidement. A partir de cette usine, chaque Unité des Parcelles va choisir des jeunes qui seront formés en matière de pavage. Chaque Unité sera pavée par ces jeunes qui seront payés’’, révèle-t-il.

 Le taux de chômage des jeunes grandissant, il envisage la création d’un centre des métiers. Dans cette école, il y aura la menuiserie, l’électrique, la mécanique, entre autres. Une partie sera réservée à l’art et à la restauration. ‘’Quand je rentre du travail, je vois souvent des jeunes autour du thé jusqu’à des heures tardives. Après enquête, il s’est trouvé que certains d’entre eux n’ont pas fait de formation. Pour d’autres, leurs parents n’ont pas les moyens pour leur faire poursuivre les études. Mon équipe a réfléchi sur la création d’une école de métiers aux Parcelles-Assainies’’.

Ces jeunes seront formés pour un ou deux ans. ‘’A la sortie, il y aura à l’intérieur un centre d’incubation pour faire la pratique durant six mois. Ensuite, ils seront accompagnés sous forme de GIE et ils vont créer leur propre entreprise. Cela pourra résorber le chômage. Si demain la mairie doit construire quelque chose, elle va faire appel à eux. La même chose sera faite pour les tailleurs’’.

Le défi du nouveau maire, c’est le travail accompli.

VIVIANE DIATTA

 

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