Publié le 16 Nov 2020 - 20:48
NOUVELLES EXPLICATIONS D’IDRISSA SECK SUR SON RETOUR DANS L’APPAREIL GOUVERNEMENTAL

Et si Macky cherchait à rassembler la famille libérale ?

 

Après beaucoup d’ex cadres du PDS, le leader de Rewmi a rejoint son ancien compagnon au sein du Parti démocratique sénégalais (Pds). Et Abdoulaye Baldé, maire de Ziguinchor, annonce d’autres arrivées dans le giron républicain…

 

Par bribes. A chaque sortie, le nouveau président du Conseil économique social et environnemental (Cese) donne un nouvel élément des raisons qui l’ont poussé à rejoindre à la surprise générale la majorité présidentielle, à l’issue du dernier remaniement présidentiel. Après sa conférence de presse d’après nomination, Idrissa Seck était cette fois-ci chez une cadre de son parti. Venu présenter ses condoléances, lors du week-end, à Me Nafissatou Diop qui perdu sa mère, le président de Rewmi a fait fi des critiques acerbes dont il fait l’objet.

Il a surtout révélé de nouveaux contenus dans ses entretiens en catimini avec le président de la République Macky Sall : « Dans nos discussions, entre éclairage et envie de renouveler nos ambitions premières, il m’a dit : la pandémie de coronavirus a bouleversé le monde. Avec qui ce passe en Afrique, on devrait arrêter ce débat sur le statut du chef de l’opposition. Nous devons nous retrouver comme avant, réunir nos forces pour développer le Sénégal. Nous avons une grande responsabilité envers les Sénégalais ».

Pourtant, quelques heures après sa nomination au début du mois (1er novembre), l’ancien maire de Thiès avait donné une autre explication. Sa logique était qu’« après plusieurs mois d’échanges dans le cadre du dialogue national comme au cours de plusieurs rencontres en tête à tête avec le président, après une analyse lucide et sereine du contexte international africain et sous régional et national, la nécessité nous est clairement apparue de répondre positivement à l’appel du président de la République pour une union de l’ensemble des forces vives de la nation pour mieux faire face aux défis du moment ».

Une lecture des deux déclarations Idrissa Seck laisse apparaitre un point commun : le rassemblement, les retrouvailles de forces vives politiques. Et cette position se traduit, au-delà de sa personne, par les derniers actes politiques posés par le président de la République. De sorte à se demander : Et si Macky Sall chercherait à réunir la grande famille libérale ?

Il fallait être convainquant et avoir une grande vision politique pour retourner la veste du deuxième  premier ministre sous l’ancien président Abdoulaye Wade. Car, après sa défaite à la présidentielle de 2019, Idrissa Seck, arrivé deuxième, avait refusé de reconnaitre la victoire de Macky Sall. Enfoui dans ses silences « légendaires », il n’avait rien laissé paraître d’un rapprochement de positions avec son ancien camarade au sein du parti démocratique sénégalais (PDS). Si le président de l’APR a réussi à lui faire faire un tel volte-face, c’est que ses arguments ont dû aller au-delà d’une promesse de nomination à la présidence du Cese.    

Dans les deux gouvernements dirigés par Idrissa Seck, Macky Sall a été ministre d’Etat en charge des Mines, de l’Energie et de l’Hydraulique, puis ministre de l’Intérieur et des collectivités locales, avant de le remplacer à la tête du gouvernement. Un passage durant lequel, l’ancien homme fort de Thiès et l’actuel chef de l’Etat ont partagé les idéaux libéraux enseignés par leur mentor Abdoulaye Wade. Des positions communes qu’Idrissa Seck a expliqué, chez Me  Nafissatou Diop, vouloir retrouver avec  le chef de l’Etat.

Avant cet épisode, le président Macky Sall avait déjà pris sous son aile d’autres compagnons libéraux. Le dernier premier ministre sous Abdoulaye Wade, Souleymane Ndéné Ndiaye, Pape Samba Mboup ou encore Serigne Mbacké Ndiaye, Abdoulaye Baldé ont « transhumé », depuis un petit bout temps. Seulement, le nouveau coup politique a aussi attiré Oumar Sarr, nommé ministre des Mines et de la Géologie. Longtemps numéro 2 du PDS, avant de rompre, en mai 2019, avec la formation politique, il a fondé en septembre son propre parti avec plusieurs autres frondeurs issus du PDS.

Abdoulaye Baldé révèle d’autres venues

Et la pêche du président n’a peut-être pas encore dévoilée toutes ses prises. Car à Ziguinchor, le maire Abdoulaye Baldé a révélé, durant le weekend, qu’il faut s’attendre à d’autres venues. « Le président m'a annoncé que d'autres vont rallier pour agrandir cette majorité présidentielle, pour que nous puissions avoir notre bloc qui conduira les destinées du Sénégal, pour les années à venir. Il faut que nous soyons dans ce bloc. Ne restons pas en dehors. Il faut agrandir les bases de l'Ucs, surtout dans cette partie sud considérée comme notre bastion. Ne pensez pas que nous avons perdu, bien au contraire », a déclaré le leader de l'Union des centristes du Sénégal (UCS).

Cette dernière référence pourrait expliquer la volonté du leader de l’APR de rassembler toutes ces valeurs sures politiques. En effet, lors de la dernière présidentielle, le président réélu a quand même perdu à Ziguinchor face à Ousmane Sonko, le candidat « anti-système ». Et cette logique de rassemblement pourrait bien être un moyen d’isoler celui qui, parmi les ténors de scène politique actuelle, n’a jamais participé à un gouvernement. Et même si pour cela, il a fallu écarter des alliés aux poids politiques douteux en dehors du giron de l’appareil étatique. Surtout dans le contexte d’un Parti Socialiste (PS) écartelé et du marasme d’une opposition historique qui rend particulièrement dangereux le leader de Pastef Les-Patriotes. 

Toutefois, si le président souhaite rassembler la famille libérale éparpillée, jusqu’où est-t-il prêt à aller ? Son ambition remontera-t-elle au mentor Abdoulaye Wade ? Si leur différend a été quelque peu résolu par leur « réconciliation » aux côtés du khalife Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, à l’inauguration de la mosquée Massalikoul Djinane en septembre 2019, l’exil de Karim Wade pose encore problème dans le rapprochement entre les deux derniers présidents de la République.    

Lamine Diouf

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