La Palestine devient État observateur, lors d'un vote historique...
La Palestine est devenue hier un État observateur aux Nations-unies, lors d'un vote historique à l'Assemblée générale de l'ONU, malgré l'opposition des États-Unis et d'Israël, rapporte l'AFP. Le vote de cette résolution, qui fait de "l'entité" palestinienne un "Etat observateur non membre", a été acquis à une majorité confortable mais pas écrasante de 138 voix pour, 9 contre et 41 abstentions.
Cette nouvelle stature internationale, qui donne aux Palestiniens accès à des agences de l'ONU et des traités internationaux, constitue une victoire diplomatique majeure. Mais elle expose l'Autorité palestinienne à des représailles financières américaines et israéliennes. Avant le vote, le président palestinien Mahmoud Abbas a affirmé que l'Assemblée allait signer l'"acte de naissance" d'un Etat de Palestine. Il a estimé qu'il s'agissait de la "dernière chance de sauver la solution à deux Etats" (Israël et un Etat palestinien) et a promis de "tenter de ranimer les négociations" de paix avec Israël, au point mort depuis plus de deux ans, sans toutefois prendre d'engagements précis.
Pour l'ambassadeur israélien à l'ONU Ron Prosor par contre, cette initiative "ne fait pas avancer la paix, elle la fait reculer". Il a affirmé qu'elle "ne changera pas la situation sur le terrain", notamment parce que l'Autorité palestinienne "ne contrôle pas Gaza", et qu'elle "ne donnera pas un statut d'Etat à l'Autorité palestinienne". L'ambassadrice américaine Susan Rice a affirmé que le vote était "contre-productif" et créerait des "obstacles" à la paix.
A Ramallah (Cisjordanie), le vote à l'ONU a été salué par des tirs en l'air et des acclamations de la foule. Ce vote a coïncidé avec l'anniversaire de l'adoption par l'ONU en 1947 du plan de partage de la Palestine mandataire, qui prévoyait un Etat juif et un Etat arabe. De son côté, l'Union européenne a rappelé hier qu'elle était "prête à reconnaître un Etat palestinien au moment opportun" mais que la priorité était de reprendre les négociations.
Ce qui inquiète le plus Israéliens et Américains, c'est la possibilité qu'auraient désormais les Palestiniens de rejoindre la Cour pénale internationale et d'y porter plainte contre Israël. Israël a brandi la menace de sanctions en cas de vote positif à l'ONU mais a annoncé qu'il n'annulerait aucun accord conclu avec les Palestiniens. Le Congrès américain pourrait de son côté refuser de verser 200 millions de dollars d'aide promis aux Palestiniens. En compensation, la Ligue arabe a promis aux Palestiniens un "filet de sécurité" de 100 millions de dollars par mois.
Mamadou Lamine BADJI
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