Aliou Sall reçoit les clés de la cagnotte
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Le nouveau directeur général de la Caisse des dépôts et consignations, Aliou Sall, a été installé dans ses fonctions, hier. Il trace sa feuille de route.
L’attente a été longue, très longue. Mais, finalement, vers les coups de 17 h, Aliou Sall apparait dans le hall du bâtiment abritant la Caisse des dépôts et consignations (CDC) en compagnie de son prédécesseur Thierno Seydou Niane. Sous l’œil vigilant de l’inspecteur général des Finances Mamadou Djité qui, selon le nouveau directeur, a présidé les travaux ‘’avec brio et rigueur’’. ‘’Vous l’avez d’ailleurs constaté’’, ajoute-t-il, faisant allusion au retard de plus de six tours d’horloge.
Aux griots qui entamaient leurs envolées lyriques, M. Sall dit ceci : ‘’SVP ! Nous sommes dans une cérémonie solennelle. Et je voudrais la marquer avec toute la gravité qui sied.’’ Les troubadours et autres communicateurs traditionnels se la bouclent alors, laissant le nouveau directeur général de la CDC dérouler son discours d’environ dix minutes. M. Sall de revenir sur ses ambitions à la tête de l’institution. Il dit : ‘’Je ne ménagerai aucun effort pour que la CDC trouve sa place auprès de ses illustres sœurs, je veux nommer la Caisse des dépôts et consignations française, celles de l’Italie et du Royaume chérifien. Ces institutions ont une même caractéristique, une même identité, celle d’être des investisseurs stratégiques de longs termes, assurant ainsi le financement de l’économie de leur pays.’’
Fondée sur la base de ce même principe, la Caisse des dépôts et consignations du Sénégal a les mêmes prérogatives, selon Aliou Sall qui précise : ‘’La loi confère à la CDC la mission de financer les logements sociaux et de standing, les travaux d’équipements des collectivités territoriales, les petites et moyennes entreprises, les projets stratégiques et structurants définis par l’Etat...’’
Pour l’accomplissement de cette fonction, le législateur a mis d’importants moyens de financement à la disposition de l’institution. ‘’Il s’agit notamment des dépôts de garantie, des dépôts de consignation des organismes et des particuliers, de certaines valeurs mobilières… C’est pour permettre à la caisse d’accomplir sa mission d’appui aux politiques publiques de l’Etat et des collectivités locales’’.
Pour Aliou Sall, la réussite de la mission de la CDC ne peut être une réalité que si les partenaires lui font confiance. C’est pourquoi il compte déployer tous les moyens pour gagner la confiance de ses partenaires : l’Etat, les organismes publics et privés, les partenaires financiers et les citoyens. Ainsi compte-t-il hisser la boite au rang des établissements financiers de référence.
Par ailleurs, M. Sall a tenu à présenter ses excuses aux ‘’hauts fonctionnaires et aux marabouts venus de Guédiawaye et de Mbour’’. Il a aussi remercié le directeur sortant pour son comportement républicain. ‘’Vous avez été grand. Vous ne faites pas partie de ceux qui grincent les dents parce qu’ils ont changé de position. Vous avez compris que les hommes passent, les institutions demeurent’’, lance-t-il.
CAISSE DES DEPOTS ET CONSIGNATIONS De l’ombre à la lumière Institution très importante dans le dispositif institutionnel et financier de l’Etat, la Caisse des dépôts et consignations a, pendant longtemps, été méconnue du grand public. Depuis quelques jours, elle défraie la chronique. Les spécialistes de la communication ont de quoi apprendre du président Macky Sall. En un laps de temps, il a réussi à projeter une illustre inconnue au-devant de l’actualité nationale. Il s’agit de la Caisse des dépôts et consignations. Etablie sur la VDN, cette caisse était méconnue même de ses plus proches voisins. Pourtant, elle a été créée en 2006, avec l’adoption de la loi 2006-03 du 4 janvier de la même année. Dans l’exposé des motifs, le législateur déclare : ‘’Depuis l’année 2000, le gouvernement du Sénégal a fait du développement des divers secteurs de l’économie une de ses priorités. Toutefois, des difficultés sont notées dans le financement de certaines activités économiques utiles.’’ Parmi ces activités, il est mentionné : ‘’Le logement social, la politique de la ville, les travaux d’équipements des collectivités locales et le financement des petites et moyennes entreprises.’’ Aux termes de l’article 2 de la loi, ‘’la Caisse des dépôts et consignations est chargée, dans les conditions prévues, de gérer les dépôts et de conserver les valeurs appartenant aux organismes et aux fonds qui y sont tenus ou qui le demandent, de recevoir les consignations administratives et judiciaires ainsi que les cautionnements, de gérer les services relatifs aux caisses ou aux fonds dont la gestion lui a été confiée’’. En ce qui concerne l’organisation de la boite, il a été créé une commission de surveillance qui doit être présidée par un député, en plus de l’organe administratif mené par un directeur général. D’après l’article 8 alinéa 1, ‘’la CDC est dirigée et administrée par un directeur général nommé par décret pour un mandat de six ans renouvelable une fois’’. S’appuyant sur ce texte, certains ont estimé que le limogeage de Thierno Seydou Niane ne se justifie pas. D’autant plus que ce dernier n’est pas arrivé au terme de son mandat. ‘’Le président aurait pu le laisser épuiser son mandat’’, estiment des proches de M. Niane. L’un d’eux, du nom de Dora Niane, par contre, reconnait au chef de l’Etat ses prérogatives de choisir qui il veut. Mais, s’empresse-t-il d’ajouter, ‘’ce qui est certain pour lui, c’est qu’il n’a pas été sanctionné pour défaut de résultats. Quand il arrivait ici, les signaux étaient rouges’’. En tout cas, désormais, c’est Aliou Sall qui aura en charge la manne financière importante dont dispose l’institution : ‘’130 milliards de francs CFA et 3,5 milliards de fonds propres’’, d’après son ex-boss. En effet, l’article 9 de la loi dispose : ‘’Le directeur général est responsable de la gestion des fonds et valeurs de la caisse. Il est responsable de la politique d’intervention de la caisse et de la gestion de ses fonds et valeurs. Il présente, avant la fin de l’année, à la Commission de surveillance le plan d’orientation stratégique, le plan d’actions annuel et le projet de budget de l’année suivante’’. Aliou Sall aura également en charge les nombreux projets laissés sur place par son prédécesseur. Il s’agit du programme immobilier de Bambilor, de celui des Mamelles, de l’énergie solaire, ainsi que du projet Sarraba Club Med d’un coût de plus de 40 milliards. Last but not least, le frère du président pourra également peser de tout son poids dans l’administration de la future compagnie Air Sénégal SA. La CDC est, en effet, le seul actionnaire de cette grande entreprise. |
MOR AMAR